Géopolitique, constantes et changements dans l’histoire. Aymeric CHAUPRADE – éditions ellipses 2009.
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ANALYSE DE L’OUVRAGE
Proposant une étude sans complaisance ni jugement de valeur sur les enjeux et les intérêts des Etats et des acteurs internationaux, et abordant des données de l’histoire, de la géographie, de la science politique et des relations internationales, cet ouvrage permet d’acquérir une vue d’ensemble sur ces domaines. Facilement compréhensible bien que volumineux, la lecture de cet ouvrage devrait être profitable aux personnes préparant les grands concours et particulièrement l’épreuve de culture générale.
2. L’AUTEUR
Docteur en science politique, A. CHAUPRADE est conférencier en géopolitique au Collège royal de l’enseignement militaire supérieur du Royaume du Maroc, directeur de la Revue française de géopolitique (annuelle, Ellipses, Paris) et directeur de plusieurs collections aux éditions Ellipses à Paris (Grands enjeux, Taupe-Niveau, Référence géopolitique…).
De 2003 à 2009, il est chargé de cours à l’université de Neuchâtel en Suisse (histoire des idées politiques). Il enseigne au Collège interarmées de Défense (CID) depuis 1999 où il est directeur du cours de géopolitique de 2002 à 2009.
À la suite de la parution de son ouvrage Chronique du choc des civilisations, Aymeric Chauprade est accusé par le journaliste Jean Guisnel de complaisance envers les théories conspirationnistes sur les attentats du 11 septembre. Cela lui vaut d’être, début février 2009, privé de sa chaire au Collège interarmées de défense, sur une décision expresse du ministre de tutelle Hervé Morin. Aymeric Chauprade porte alors plainte contre le ministre Hervé Morin et contre le journal Le Point, et reçoit le soutien d’élèves du CID, de l’universitaire Edmond Jouve dont il fut l’élève, tandis que le directeur du CID Vincent Desportes, tout en exprimant ses réserves sur les écrits en question, admet qu’« il n’a jamais fait de prosélytisme dans ces cours, n’a jamais exprimé sa vision du monde ». Le 24 mars 2009, le tribunal administratif de Paris donne raison à Aymeric Chauprade et suspend la décision d’Hervé Morin, estimant que le ministre avait porté atteinte à une « liberté fondamentale », celle des droits de la défense.
Le 1er juin 2011, le tribunal administratif de Paris confirme l’annulation de la décision prise par le ministre en soulignant qu’elle résultait « d’une procédure irrégulière », selon les termes du jugement mais refuse en revanche sa réintégration comme enseignant vacataire à l’École de guerre, au CESA (Centre d’études stratégiques aérospatiales) et à l’EMSOME (École militaire de spécialisation de l’outre-mer et de l’étranger).
Aymeric Chauprade a collaboré à la revue à compte d’auteur L’Afrique réelle de l’africaniste Bernard Lugan, collabore toujours à La Nouvelle Revue d’histoire fondée par Dominique Venner, et intervient régulièrement sur Radio Courtoisie.
Il a dédié son ouvrage Géopolitique, constantes et changements dans l’histoire aux élèves stagiaires du CID. Il est également officier supérieur de réserve dans la Marine nationale.
Aymeric Chauprade co-organise, en février 2013, avec Jacques Frémeaux et Philippe Evanno, un colloque à la Sorbonne (université Paris-IV) intitulé « Menaces en Afrique du Nord et au Sahel et sécurité globale de l’Europe », dont les actes ont été publiés en avril 2013 aux éditions Ellipses.
3. SYNTHESE DE L’OUVRAGE
Après une première partie consacrée à l’histoire des idées politiques, l’ouvrage s’attache à éclairer les grandes permanences de l’histoire. Il étudie ensuite ce qui arrache l’histoire à la pesanteur des déterminismes et modifie les données de la puissance.
I° PARTIE : HISTOIRE DES IDEES GEOPOLITIQUES.
Consacrée aux travaux historiques des premiers géopoliticiens allemands, français, anglais et américains.
II° PARTIE : PERMANENCE DE LA CARTE.
Traite des situations de la géographie physique. La dualité centre-périphérie tient une place importante dans le raisonnement géopolitique. L’enclavement et l’insularité comme la permanence de l’opposition terre-mer ont des incidences importantes dans l’histoire.
III° PARTIE : PERMANENCE DES IDENTITES.
Traite de l’influence des facteurs identitaires : le clan, l’ethnie, la nation et le territoire, la langue, la religion, le panisme, la minorité, la catégorie socio-économique, l’identité et l’étude du facteur démographique.
IV° PARTIE : QUETE DES RESSOURCES.
Souligne l’importance de la ressource comme facteur de la puissance, aborde l’étude de la « thalassopolitique », du caractère permanent de la recherche de nouvelles routes maritimes ou terrestres et insiste en particulier sur l’importance de l’eau et du pétrole dans le monde contemporain.
V° PARTIE : REVOLUTIONS GEOGRAPHIQUES.
Etude des bouleversements géographiques qui changent les données de la puissance : cataclysmes, transformations géographiques par la main de l’homme, conquêtes de nouveaux espaces.
VI° PARTIE : REVOLUTIONS TECHNIQUES.
Etude des conséquences géopolitiques de la révolution de la navigation maritime, de la Révolution industrielle, du chemin de fer, de l’aviation, du nucléaire, de l’espace.
VII° PARTIE : L’ETAT EST CONCURRENCE.
Etude du facteur transnational sous ses formes légales et illégales, poids du système international du crime, géopolitique de la drogue, de la piraterie, des sectes, de la cybercriminalité comme concurrençant la puissance de l’Etat traditionnel.
4. CONCLUSION
Tous ces facteurs agissent à l’échelle du temps et sont interdépendants entre eux. L’équilibre soumis à de multiples aléas reste incertain et il est difficile de dégager des constantes l’origine d’une permanence historique qui ferait loi. Pour y parvenir, il faudrait enfin réaliser le rêve de F BRAUDEL : l’union de toutes les sciences humaines réunissant leur immense savoir dans un « multilogue » visant à trouver l’explication du monde.