La définition de ce terme en concordance avec celui de « radicalités » sera importante pour le préparer thème du concours commun de sciences Po 2018…voici donc une définition de LA RADICALISATION mais aussi ses usages détournés…

de radicaliser, dérivé de radical, issu du latin radicalis, qui se rattache à la racine, dérivé de radix, racine.

La radicalisation est l’action de radicaliser ou de se radicaliser, c’est-à-dire de rendre plus radical, plus dur, plus sévère, plus intransigeant, plus extrême, un comportement ou un mouvement, de donner un caractère radical à quelque chose. C’est le cas, en particulier, en matière de politique, de social, de religion voire d’économie.

durcissement, renforcement.

la radicalisation d’un conflit social.

En matière de religion, la radicalisation est le retour aux racines, aux origines de cette religion.

Définition donnée par le CAPRI (Centre d’action et de prévention contre la radicalisation des individus) :

« La radicalisation est […] le fait de soutenir ou d’envisager des actions violentes en soutien à une idéologie, qu’elle soit religieuse, politique, ou séparatiste. Outre la radicalisation religieuse, il existe une radicalisation d’extrême droite (Breivik en Norvège, ou Aube Dorée en Grèce), une autre d’extrême-gauche (Les brigades rouges en Italie ou Action directe en France), ainsi qu’une radicalisation séparatiste (ETA, IRA…). »

Farhad Khosrokhavar, sociologue franco-iranien, directeur d’études à l’EHESS (Ecole des hautes études en sciences sociales) la définit ainsi dans son ouvrage Radicalisation, Editions de la Maison des Sciences de l’Homme, 2014 :

« Par radicalisation, on désigne le processus par lequel un individu ou un groupe adopte une forme violente d’action, directement liée à une idéologie extrémiste à contenu politique, social ou religieux qui conteste l’ordre établi sur le plan politique, social ou culturel. »

Erreurs ou amalgames…

En 2017, parmi les appellations piégées qui ruinent le langage et rongent la pensée, celle de « radicalisation » occupe une bonne place.

C’est d’abord, depuis le 11 septembre 2001 jusqu’à la vague actuelle d’attentats djihadistes qui endeuille la planète, l’expression d’une capitulation intellectuelle. Celle de chercheurs et de journalistes qui se résignent à ne plus expliquer « pourquoi » afin de ne pas paraître excuser.

Par temps de confusion prospèrent les notions confuses. La radicalisation décrit tantôt l’adhésion à des idées radicales, tantôt la marginalisation sociale, tantôt la perpétration d’actes violents. C’est flou.

L’équivoque est commode. Entre la menace bien réelle d’attentats, la panique morale et l’état d’urgence, l’imputation de radicalisation offre aux dirigeants un outil de disqualification à large spectre. Pendant le mouvement social contre la loi travail du printemps 2016, des centaines d’articles et de reportages (journal télévisé de France 2, 23 mai) ont dénoncé « une radicalisation tous azimuts » de la Confédération générale du travail (CGT), dont les militants exerçaient le droit de grève. La France est serait donc soumise aujourd’hui à deux menaces qui, pour être différentes, n’en mettent pas moins en péril son intégrité : Daech et la CGT », et ce, « Pour une réforme radicale du travail »…

Deux ans avant les attentats de Charlie Hebdo, le directeur du Centre international pour l’étude de la radicalisation (Londres) concédait qu’aux yeux d’une partie du public « le concept de radicalisation n’était guère qu’un cheval de Troie permettant aux gouvernements de réprimer la contestation et de dépeindre les opinions progressistes et non conventionnelles comme dangereuses ».

A brandir ce mot pour tout, on jette dans un même sac les processionnaires de La Manif pour tous et les manifestants des cortèges de tête, les djihadistes et les syndicalistes et c’est surtout oublier les leçons de l’histoire. Lorsqu’ils assimilent la radicalisation à la violence religieuse bigote, les dirigeants entachent les fondements mêmes de ce qu’ils croient défendre : les démocraties libérales doivent le jour à la radicalité des idées et des peuples qui les accouchèrent. « Ce qui constitue une république, observait Saint-Just, c’est la destruction totale de ce qui lui est opposé. On se plaint des mesures révolutionnaires ! Mais nous sommes des modérés, en comparaison de tous les autres gouvernements. »