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L’impasse national-libérale de Jean-François Bayart

  • Focus Economie
  • Livre

L’impasse national-libérale ou Globalisation et repli identitaire, est édité chez La Découverte, coll. « Cahiers libres », et date de 2017. Cet ouvrage se veut un essai sur l’actualité politique et tente d’expliquer la coexistence de deux logiques qui semblent contradictoires : celle d’une mondialisation croissante et celle du maintien de l’idée l’identité nationale… voici les différentes parties qui constituent ce livre se demandant pourquoi la mondialisation progresse-t-elle sans estomper les mouvances nationales-identitaires ?

L’ethnonationalisme dissocie les deux phénomènes comme des entités qui s’excluent mutuellement : l’absence de l’un garantirait la prospérité de l’autre. L’auteur s’engage dès lors à démontrer le lien entre la globalisation comme processus d’expansion mondiale du capitalisme, et l’universalisation de l’État-nation comme mode d’organisation et de conscience politiques.
  • La première partie passe au crible les politiques étrangères de la France et de l’Europe dès les années 1970. Les discours et les actions de plusieurs générations d’hommes politiques sont pris au piège du national-libéralisme. Les responsables politiques dosent chacun à leur manière ce cocktail : certains misent sur le national, d’autres sur le libéral, d’autres encore sur la définition ethnoconfessionnelle de la citoyenneté. Jean-François Bayart définit alors le terme du national-libéralisme, fil rouge de l’essai, comme idéaltype (Weber) : catégorie d’analyse, il nous permet d’identifier la combinaison « étrange » d’adhésion au capitalisme mondial et de reproduction du périmètre national, combinaison dont l’expression est l’exacerbation des particularismes identitaires (p. 19). Pour « démystifier » les rets de cette gouvernementalité dans lesquels sont prises les sociétés contemporaines, la proposition de l’auteur est catégorique : prendre en compte la « longue durée » (Braudel). Nous sommes aujourd’hui confrontés au djihadisme islamique qui paraît être un phénomène récent ; il est pourtant possible de le replacer dans une histoire. L’establishment gaulliste ou socialiste, le processus d’osmose entre les classes dominantes des pays du Golfe et du monde occidental, le soutien apporté à des régimes autoritaires se revendiquant laïques – rien n’est omis par le regard critique que l’analyste jette sur le passé récent. Sans tirer des conclusions de leurs propres politiques, et cherchant à contrer les actions de l’Union soviétique, les pays occidentaux se lancent dans des guerres perdues d’avance (Afghanistan, Irak, Libye), s’enlisent dans des relations perdant-perdant avec un partenaire potentiel stable (Iran), paient le prix fort en poussant dans ses retranchements une ancienne amie (la Turquie). Ainsi, l’Occident a-t-il lui-même creusé le piège dans lequel il est tombé plus tard.

 

  • La deuxième partie du livre est consacrée à la critique du cadre interprétatif qui a dominé la politique ces dernières décennies. Les échecs des responsables politiques ne sont pas dus à leur incompétence, mais à leur soumission mentale à la globalisation, définie par l’auteur comme « la synergie entre la mondialisation économique et financière, d’une part, et, de l’autre, l’universalisation de l’État-nation » (p. 132). Leur erreur est de rester prisonniers d’une fausse grille de lecture : au lieu de raisonner en termes historicistes, ils sont pris dans le piège de la perspective culturaliste, vraie veine du national-libéralisme. En marchands privilégiés d’illusions identitaires, les dirigeants occidentaux multiplient les actions fondées sur l’idée de l’altérité radicale de l’islam par rapport à l’Europe « judéo-chrétienne ». L’essentialisation des notions identitaires a ainsi rendu un mauvais service à la politique. Acte performatif, le découpage d’ensembles régionaux produit des monstres sémiologiques (Middle East et North Africa) ou des mythes géoculturels (la Méditerranée, le Bosphore comme « frontière naturelle » entre l’Europe et l’Asie). Or, les « civilisations » ne sont pas des entités homogènes et distinctes, soumises à des logiques internes qui les amèneraient au « clash » (Huntington). La définition ethnoconfessionnelle de la citoyenneté va de pair avec une purification économique qui profite à la classe dominante, au détriment des groupes dominés ou des minorités éradiquées. Le djihadisme contemporain paraît dès lors moins « paradoxal » ; il participe de cette logique ethnoconfessionnelle présentée de longue date comme « universelle ».

 

  • Le regard que cet ouvrage offre est celui de la sociologie historique. En portant l’accent sur l’historicité, la démonstration met en évidence l’inefficacité de la démarche essentialiste et culturaliste. Si la politique dominante n’a pas réussi à dépasser l’altérité de l’« Orient » relativement à l’« Occident », c’est parce qu’elle est restée enfermée dans une telle lecture. Par un effet de ciseaux, les deux visées du propos de l’auteur se rencontrent ainsi : dévoiler le schéma qui domine les esprits en politique ; critiquer le paradigme culturaliste qui conquiert des territoires en sciences sociales.

Comment échapper à cette emprise ? La position de Bayart est tranchée : refuser de prendre pour naturelles les catégories identitaires dans lesquelles nous enferme le national-libéralisme, et repolitiser dans nos propres termes la cité livrée à l’économicisme et à la « bonne gouvernance ». Quant à l’auteur, il y contribue à la mesure de son expertise. Le texte pourrait en effet être lu comme un essai. On y détecte pourtant la démarche d’un spécialiste de sociologie historique comparée du politique. Le chercheur reste fidèle à sa manière d’intervenir dans l’espace public : auteur de croquis politiques publiés dans divers médias, sur son blog Médiapart ou dans plusieurs livres2, il s’appuie sur ses outils disciplinaires. Réflexion sur l’actualité politique, cet ouvrage propose une analyse de sa genèse. Il donne en ce sens l’exemple d’une critique convaincante.

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18 septembre 2017 Madissertation

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