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CORÉE : une guerre inachevée…

  • Focus géopolitique
  • Focus Guerres et conflits
  • Histoire

La Corée du Nord a marqué le début de l’année 2017 en annonçant avoir réussi son 6ème tir d’un missile intercontinental. Cette annonce inquiétante confirmée par les autorités américaines accentue un peu plus le spectre de la menace nucléaire en provenance de Pyongyang. Mais comment la Corée du Nord est parvenue au départ à se doter de l’arme atomique ? Pourquoi ce bastion du communisme totalitaire continue de peser sur la géopolitique mondiale ? Voici quelques éléments pour mieux comprendre la situation.

La guerre de Corée fut, de 1950 à 1953, la partie chaude de l’affrontement entre les deux blocs, Est et Ouest. Outre les armées de Corée du Nord et de Corée du Sud, elle opposait les forces des Etats-Unis, soutenues par l’ONU, et celles de la Chine populaire, armées et soutenues par l’URSS. Un simple armistice, partageant le pays sur la ligne du 38e parallèle, a mis fin aux hostilités.

  1. Rappel historique

Le 25 juin 1950, l’armée nord-coréenne envahit la Corée du Sud. Cette guerre riche en rebondissements prend vite une dimension internationale, les Etats-Unis et l’ONU soutenant le Sud, la Chine, le Nord. Le 28 mars 1953, le front se stabilise au niveau du 38 e  parallèle et on signe un armistice. Le conflit durant lequel ont été commis d’innombrables crimes de guerre a fait au moins 3 millions de morts, surtout des civils ; il laisse la péninsule en ruine. Aucun traité de paix n’a jamais été signé.

De 1910 à 1945, la Corée appartient au Japon. Le 9 août 1945, entre les bombes d’Hiroshima et de Nagasaki, l’URSS envahit le Mandchoukouo, vassal du Japon. L’évacuation du Mandchoukouo coûte 85 000 morts et 700 000 prisonniers aux japonais. L’armée Rouge poursuit son avance en Corée et entre à Pyongyang le 12 août. On a prévu de diviser la péninsule en deux zones d’influence : soviétique au nord du 38 e  parallèle, américaine au sud. Les Américains débarquent en hâte le 8 septembre, pour bloquer l’avance des Soviétiques et participer au désarmement des troupes japonaises.

En 1945, la situation de la Corée est catastrophique. Annexé au Japon depuis 1910, le pays a été ruiné sur le plan économique, social et culturel. En 1945, les industries de guerre, implantées en Corée par les Japonais pour des raisons logistiques, cessent brusquement de fonctionner, créant un fort chômage, encore accru par le retour de nombreux Coréens de Mandchourie et du Japon. Les Américains ignorent tout du pays dont ils ont pourtant cautionné l’asservissement en signant en 1905 le mémorandum secret Taft-Katsura affirmant la domination du Japon sur la Corée et celle des Etats-Unis sur les Philippines.

En septembre 1945, quand un comité à majorité communiste proclame une République populaire de Corée, les Américains mettent en place l’United States Army Military Government In Korea (USamgik) qui s’appuie sur les cadres laissés par les Japonais et marginalise les communistes et leurs sympathisants.

On favorise aussi l’apparition de mouvements paramilitaires d’extrême droite. Leurs membres, qui ont souvent fui la Corée du Nord (de septembre 1945 à janvier 1948, plus de 800 000 personnes quittent le Nord pour s’installer dans le Sud), vont employer la violence pour forger une société anticommuniste.

En 1948, des événements terribles se déroulent dans l’île méridionale de Cheju. D’après les services de renseignements américains, 20 % de la population locale est communiste. Hostile à la partition du pays, le Parti des travailleurs de Corée lance une campagne contre la tenue d’élections seulement dans le Sud. Six manifestants ayant été tués par la police en mars 1948, l’opposition appelle au soulèvement contre le gouvernement militaire américain. On envoie des soldats, secondés par des miliciens paramilitaires anti-communistes. Après l’échec des négociations, quatre bataillons conseillés par les Américains commettent des massacres et brûlent 70 % des villages. On estime qu’entre 15 000 et 60 000 civils ont été exécutés et que 40 000 insulaires ont fuit au Japon. En 1950 encore, 2 500 personnes soupçonnées d’être communistes et arrêtées dès le début de l’invasion nord-coréenne sont exécutées par la police de Cheju.

2.  Espoirs, incertitudes et menaces

Craignant de perdre leur influence sur leur moitié de Corée, les Soviétiques refusent la résolution 112 des Nations unies de novembre 1947 préconisant des élections libres dans toute la péninsule. Celles-ci se tiennent uniquement dans le Sud et sont remportées par les partisans de Syngman Rhee. Il a vécu à l’étranger, notamment aux Etats-Unis où il a étudié, et a été le premier président du gouvernement provisoire de la République de Corée. Ce gouvernement, formé à Shanghai en 1919, a déclaré la guerre au Japon après Pearl Harbor, a créé une Armée de libération de la Corée qui a participé aux combats en Chine et dans le Sud-Est asiatique, puis il a regagné la partie de la Corée sous occupation américaine en 1946. Syngman Rhee devient le premier président de la République e Corée, proclamée le 15 août 1948. En réponse, Kim Il-sung, qui a adhéré au Parti communiste en 1931 et a mis sur pied l’Armée populaire de libération pour combattre les Japonais, préside à la création, le 9 septembre, de la République populaire démocratique de Corée. La division est donc officialisée. Dès 1948, les Soviétiques évacuent leur zone d’occupation, imités l’année suivante par les Américains.

A la fin des années 40, les Américains se désintéressent de la Corée du Sud. Toutefois, l’équipe de Syng-man Rhee, arrivée au pouvoir à Séoul, a besoin de la présence militaire américaine contre les opposants refusant la partition du pays. La guerre de Corée, durant laquelle près de 36 000 soldats américains meurent, va définir la politique américaine vis-à-vis de la Corée du Sud. En 1953, les deux pays concluent un traité de défense mutuelle ; depuis, les troupes américaines disposent de bases permanentes en Corée du Sud.

Mais elles ont commis des exactions durant le confit. L’impunité des militaires américains suscite un profond mécontentement et un antiaméricanisme latent chez de nombreux Sud-Coréens – en 2002 encore, des soldats ayant écrasé deux lycéennes avec leur char sont acquittés. Les Américains ont aussi imposé des choix aux dirigeants sud-coréens, comme « l’initiative non nucléaire », en 1991, qui place le pays dans une dépendance absolue par rapport au parapluie nucléaire américain. Les années les plus dures pour la Corée du Sud commencent en 1960. Syngman Rhee est réélu président à 85 ans à la suite d’élections truquées ; des milliers d’étudiants manifestent. L’armée tire. Bilan : 300 morts.

Le président se retire, mais son successeur est renversé en 1961 par le coup d’Etat du général Park Chung-hee. Après l’assassinat de Park Chung-hee en 1979, les généraux Chun Doo-hwan et Roh Tae-woo instaurent la loi martiale. On tue et on torture des dizaines de milliers d’opposants. En mai 1980, à Gwangju, dans le sud du pays, la répression féroce de protestations contre la loi martiale fait près de 2 000 morts.

La période de la dictature militaire est aussi celle du décollement économique du pays. En 1965, la Corée du Sud et le Japon normalisent leurs relations. Grâce à l’aide japonaise et américaine, le président Park Chung-hee lance une politique industrielle ambitieuse. En 1988, lors des jeux Olympiques de Séoul, le monde découvre une nouvelle puissance économique. Pendant ce temps, une dynastie communiste s’installe en Corée du Nord. En 1994, Kim Jong-il succède à son père, Kim Il-sung. Depuis 1950, le pays vit en autarcie, en cherchant à atteindre l’indépendance politique et diplomatique, l’autonomie militaire et l’autosuffisance économique. Kim Jong-il accède au pouvoir à un moment particulièrement délicat : l’éclatement de l’URSS en 1990 prive le pays d’une aide qui le maintenait pratiquement sous perfusion. Cela, associé à d’autres facteurs comme des inondations catastrophiques, suscite entre 1995 et 1998 de terribles famines qui font entre 1,5 et 2 millions de morts.

La période qui débute en 1997 est chargée d’espoirs, mais aussi d’incertitudes et de menaces. Cette année-là, Kim Dae-jung, le champion de l’opposition démocratique aux militaires, est élu président de la Corée du Sud. Il propose la politique « du rayon de soleil » à la Corée du Nord : en juin 2000, il échange une poignée de main historique avec Kim Jong-il à Pyongyang. Diverses initiatives suivent ce geste symbolique, notamment en 2004 la création d’une zone industrielle intercoréenne à Kaesong, en Corée du Nord. Les deux partenaires y trouvent leur compte : 123 entreprises sud-coréennes de confection, d’électronique et de production chimique s’y implantent ; elles profitent d’une main-d’œuvre à meilleur marché que dans le Sud, tandis que les travailleurs locaux touchent de meilleurs salaires. Mais les activités de la zone de Kaesong sont suspendues unilatéralement par la Corée du Sud en 2016, en riposte au programme nucléaire de Pyongyang.

Admises officiellement à l’ONU en septembre 1991, les deux Corée, ont signé en décembre un accord de réconciliation, de non-agression, d’échanges et de coopération. Les gestes de bonne volonté alternent ou coexistent avec des épisodes de confrontation directe.

En juin 1998, le Sud envoie un convoi humanitaire à la suite d’une nouvelle famine en Corée du Nord, tandis que celle-ci, le même mois, effectue un essai de tir balistique au-dessus de la mer du Japon. L’année suivante, un incident naval oppose les deux Corée, alors que le nombre de touristes venus du Sud visiter le Nord continue d’augmenter.

3.  Un essor économique manifeste

Quand la communauté internationale pousse des cris d’orfraie à chaque nouvelle initiative de Pyongyang, elle se montre quelque peu oublieuse. La certitude que seule la possession de l’arme nucléaire garantit la survie de la Corée du Nord n’est pas une initiative de Kim Jong-un, arrivé au pouvoir en 2011 : il poursuit la politique de son grand-père, Kim Il-sung, le fondateur du pays.

L’institut de recherche atomique nord-coréen a été créé en 1965. Les dirigeants nord-coréens n’oublient pas que, durant la guerre de Corée, le général Mac Arthur a menacé par deux fois de recourir à l’arme nucléaire et que les Américains ont installé entre 1958 et 1991 des armes dotées de tête nucléaire en Corée du Sud. En 1991, Kim Il-sung envoie un émissaire à George Bush père et propose de renoncer à réclamer le retrait des troupes américaines de la Corée du Sud si les Etats-Unis s’engagent à ne pas remettre en cause l’existence de la Corée du Nord. N’ayant reçu aucune réponse du président américain, la dynastie des Kim, convaincue que l’objectif des Etats-Unis est la destruction de leur pays, décide de poursuivre sa politique nucléaire.

Mais la politique de Kim Jong-un repose en plus sur l’essor économique. Le processus a commencé de façon fortuite après la famine de 1995 : le régime a été contraint de fermer les yeux sur des activités à la limite de la légalité. Et, depuis le début des années 2000, la Corée du Nord est en pleine mutation. Le pays s’entrouvre, fait du commerce (on y trouve de plus en plus de produits étrangers) et possède un secteur privé qui constitue aujourd’hui entre 30 et 50 % du PIB nord-coréen. Dans son numéro du 4 mai 2017, le New York Times, qui n’a pas vraiment la réputation d’un journal communiste, a publié un article très bien documenté sur la Corée du Nord. La légende de la photo publiée en première page, montrant des tours d’habitation flambant neuves inaugurées à Pyongyang en avril 2017, est parlante : « Les estimations de la croissance annuelle du pays – on la situe entre 1 et 5 % – sont comparables à celles de certaines économies à développement rapide non entravées par des sanctions »…

La Corée du Nord est loin d’être un paradis des droits de l’homme. La Corée du Sud est à nouveau dirigée par des conservateurs. Park Geun-hye, la fille de l’ancien dictateur, élue en 2012 grâce à une fraude électorale massive, a dû affronter des manifestations contestant la réforme du droit du travail et la réécriture des manuels d’histoire, puis a été destituée fin 2016 pour corruption. Mais les deux Corée sont vues à travers le prisme déformant de la propagande américaine. On cite uniquement la prospérité du Sud, alors que le Nord constitue une sorte d’épouvantail commode qui justifie la présence militaire américaine. Le plus sûr moyen de limiter la menace nucléaire dans la région serait de signer un traité de paix reconnaissant l’existence des deux pays. Car la réunification de la Corée n’est plus à l’ordre du jour et aucun protagoniste, coréen ou étranger, ne la désire.

4.  Vers une seconde guerre de Corée ?

La péninsule coréenne revient bruyamment sur le devant de la scène.

Dans le Sud, scandales et corruption ont entraîné la destitution et l’incarcération de la présidente de la République. Dans le Nord, le régime poursuit ses essais nucléaires et balistiques. Les Américains menacent de procéder à une frappe préventive (ils y pensent depuis 1994) et la Corée du Nord se dit prête à réagir, quel que soit le type de guerre voulu par les Etats-Unis ». En fait, Kim Jong-un, un as de la provocation, cherche à tester Trump depuis son arrivée à la Maison-Blanche. Ce dernier, comme un taureau excité par un chiffon rouge, réagit séance tenante. Consciente qu’« un confit pourrait éclater à tout moment », la Chine s’inquiète, mais sans vouloir rompre avec Pyongyang de peur de retrouver à sa frontière une Corée réunifiée sous influence américaine. Il serait temps d’analyser le problème coréen en se libérant des œillères made in USA, avant que ne se déclenche une nouvelle guerre dévastatrice en Corée.

Cette vidéo vous explique comment la Corée du Nord est devenue une menace pour ses voisins…


Source : le Monde, Marianne

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Corée Corée du Nord guerre
26 septembre 2017 Madissertation

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