Ma dissertation de culture générale
Ma dissertation de culture générale
  • Ebook à télécharger
  • Panier

Ma dissertation de culture générale

Préparation aux épreuves de dissertation – Note de synthèse – Fiches histoire – Fiches culture générale – Thèmes IEP – Concours de la fonction publique

Ma dissertation de culture générale
  • Ebook à télécharger
  • Panier

La ville intelligente: Origine, définitions, forces et limites

  • Focus Société
  • Thématique concours

Terme et développement indispensables, la « ville intelligente » devra sans doute être évoquée si vous optez pour le thème de « la ville » lors de l’épreuve de question contemporaine. Dans cet article, il s’agit d’une part, de brosser le portrait des différentes acceptions de l’expression « ville intelligente » et, d’autre part, de détailler les diverses formes et actions observées au sein des villes qui se disent « intelligentes ».

 

  1. Contexte

La ville de Repentigny est une ville de taille moyenne (83 745 habitants en 2014), située en périphérie de Montréal. Un sondage met en évidence que la population de Repentigny est en moyenne très satisfaite des services offerts par la municipalité. Parmi les principales satisfactions, on note : l’enlèvement des ordures ménagères, la propreté des rues et des trottoirs, l’entretien des rues et des trottoirs, la qualité des parcs et espaces verts, les activités communautaires, les activités culturelles, le site Internet de la ville, les communications et les services de transport en commun à l’intérieur de la ville. De tels éléments sont importants à prendre en considération pour penser la ville de demain…

 

2.  Des origines multiples

L’expression « ville intelligente » est née dans les années 1990. Trois phénomènes sont souvent identifiés pour expliquer son origine et sa popularité.

A. Une expression popularisée par les firmes privées

Bien que certains associent son origine au concept de « smart growth » mis de l’avant par le nouvel urbanisme dans les années 1980, cette expression est d’abord le fruit d’une stratégie de reconquête du marché mis en place par la firme IBM. Souhaitant relever ses profits dans une période de récession, la firme a en effet identifié les villes comme un immense marché potentiel, en associant celles-ci aux technologies de l’information et de la communication. Plus précisément, l’idée d’IBM repose sur deux postulats. Premièrement, trois piliers sont au cœur de la ville :

  • la planification et la gestion des services ;
  • les services d’infrastructures
  • et les services humains.

Deuxièmement, chacun de ces piliers constitue un système individuel, la ville étant un système de systèmes. IBM a, par la suite, diffusé et « vendu » cette expression aux villes, permettant à celle-ci de percoler dans le discours public, jusqu’à devenir une véritable image de marque.

En d’autres termes, la popularité du terme « smart city » est le produit d’une campagne publicitaire d’une firme privée dans un contexte de quête de profits. Cette popularité du terme va toutefois de pair avec une diversité d’expressions plus ou moins semblables utilisées parfois pour se démarquer ou pour tenter de définir la « ville intelligente ».

B. Une expression qui s’inscrit dans la lignée d’autres termes

Ancrée dans un contexte de marketing urbain et de publicisation, l’expression « ville intelligente » constitue également une expression, qui parmi tant d’autres, est utilisée pour définir la ville du futur. Pour certains, l’expression englobe d’autres termes et adjectifs, plus anciens ou passés de mode, qui se distinguent parfois peu de l’expression « ville intelligente ». La décision de référer à l’adjectif « smart » relève d’un choix de marketing : « en effet, dans le langage du marketing, le terme ‘smartness’ est un terme plus convivial que le terme ‘intelligent’, généralement perçu comme étant plus élitiste.

De plus, le terme intelligent’ se limiterait à désigner un esprit rapide, réceptif et réactif. Pour d’autres cependant, le terme ‘smart’ engloberait celui d’ ‘intelligent’, car la ‘smartness’ ne serait possible que lorsqu’un système ‘intelligent’ s’adapte aux besoins des personnes qui l’utilisent ». Cette profusion de termes créée toutefois beaucoup de confusion quant à la réelle définition de ce qu’est ou ce que devrait être une « ville intelligente ».

En dépit de cette abondance de termes et de leur clarté plus ou moins grande, on dénombrait en 2013 dans le monde plus de 143 villes dites villes intelligentes. Ces chiffres demeurent toutefois partiels puisque la Chine à elle-seule a sélectionné 277 villes entre 2012 et 2014 destinées à devenir intelligentes. Toutefois, malgré cet engouement, les réflexions sur la « ville intelligente » s’inscrivent au sein de théories déjà anciennes sur la ville du futur.

C. La poursuite des réflexions déjà anciennes sur la ville du futur

L’apparition de cette expression fait suite, au sein de l’histoire de l’urbanisme, à une série de réflexions pour penser la ville du futur. En effet, plusieurs penseurs de l’urbain se sont intéressés à la ville de demain, ville où la technologie jouait toujours un rôle. La « ville intelligente » demeure en quelque sorte l’aboutissement de ces différentes pensées. Le succès de cette appellation tient également à son apparition au sein d’un contexte particulièrement propice. Les villes feraient en effet face à quatre grands phénomènes, nécessitant de mettre en place une série d’actions :

  • une urbanisation croissante,
  • les changements climatiques et la prise de conscience de la rareté des ressources,
  • la réduction des budgets
  • et la compétition des villes entre elles.

Face à ces phénomènes, la « ville intelligente » apparaît, grâce à la technologie, comme une possibilité de réponse. En effet, le « lien avec la technologie est clair même si cela peut renvoyer à une grande diversité d’usages et de niveaux d’appropriation ». Ces différentes appropriations se traduisent par une variété de définitions.

 

3.  Tour d’horizon des définitions et dimensions de la ville intelligente

S’interroger sur la définition de la ville intelligente revient à réaliser trois constats.

A. Il n’existe pas de consensus quant à ce qu’est ou ce que devrait être une ville intelligente

Les écrits scientifiques s’accordent sur cet aspect : les définitions varient selon le contexte et il n’existe pas de définition consensuelle. Il a été ainsi recensé 23 définitions distinctes. Cette variété s’explique notamment en raison du fait que la « ville intelligente », de par la diversité des domaines qu’elle touche, constitue un objet de recherches multidisciplinaires. Toutefois il existe un présupposé commun à toutes ces différentes acceptions : la « ville intelligente » est une ville pilotée par les données. En ce sens, « les big data sont […] l’outil indispensable pour permettre l’émergence de véritables smart cities, structurées par une connaissance de la ville actualisée en temps réel et une forme d’ubiquité permanente ».

La ville devient une plateforme pour générer des données et des algorithmes. La miniaturisation, la connectivité et l’augmentation de la mémoire flash des technologies digitales rendent possibles l’incrustation de dispositifs numériques dans les infrastructures urbaines. En ce sens, la « ville intelligente » est d’abord observable par l’identification de ces artefacts numériques dans l’espace physique. La variété de ceux-ci conduit toutefois à les classer.

B. Les « hard » domaines versus les « soft » domaines

Pour tenter de classifier cette variété de définitions, les écrits distinguent deux catégories :

  1. l’approche centrée sur les technologies et moyens de communication et de l’information ;
  2. l’approche centrée sur les personnes. La première catégorie s’intéresse à la matérialité du phénomène, le « hardware », tandis que la seconde vise les domaines qui ne nécessitent pas obligatoirement l’implication des technologies de l’information et de la communication pour être intelligents. Dans cette approche systémique, les nouvelles technologies doivent être utilisées pour produire des citoyens, des travailleurs et des fonctionnaires « intelligents », c’est-à-dire capables de mettre en place des programmes et des politiques publiques, produire de meilleurs produits, de favoriser l’esprit d’entreprise locale et d’attirer les investissements étrangers.

 

C. De nombreux domaines et sous-domaines

La transformation intelligente des villes sous l’impulsion des nouvelles technologies a progressivement intégré des aspects de la vie urbaine aussi variées que l’économie, l’éducation, la démocratie, les infrastructures, les transports, l’environnement, la sécurité et la qualité de vie. Ces domaines se classent selon six dimensions: smart economy (competitiveness); smart people (social and human capital); smart governance (participation); smart mobility (transport and ICT); smart environment (natural resources and smart living (quality of life).

Domaine 1 : Technologie et données

La ville intelligente repose sur des infrastructures de télécommunications performantes. L’utilisation des données est perçue comme un levier de pilotage et d’action. Outre un réseau de télécommunications, la production d’une donnée nécessite en amont la mise en œuvre de dispositifs techniques, de capteurs, de bases de données et des réseaux de télécommunications. Pour ce faire, la plupart des villes ont ouvert un centre de gestion de données chargé de créer, de collecter, de stocker, d’analyser ou de diffuser l’information via une politique de données ouvertes.

La volonté d’une ville d’ouvrir ses données dans un format exploitable vise le développement de services internes et externes via la création de plateformes ou d’applications diffusant ces nouveaux services. L’idée est que les initiatives intelligentes développent des infrastructures d’information et de communication afin qu’à leur tour, ces infrastructures renforcent ces initiatives par le développement d’un écosystème de création de données et de services.

Domaine 2 : Économie

L’économie de la donnée ouvre de nouveaux marchés et redistribue des rapports de force sur des secteurs numériques et non numériques. La valeur de la donnée dépend de la personne, de ce que l’on en fait, de ce que les autres en font. Sa principale valeur étant la valeur d’utilité, ce sont les usages qui confèrent de la valeur aux données. La course à l’intelligence est d’abord une course à la compétitivité des entreprises traditionnelles et émergentes dans cette nouvelle donne. Dans la mesure où la valeur économique de la donnée est largement co-construite par un ensemble d’acteurs de secteurs souvent très différents, de nouvelles alliances se créent entre les entreprises, les centres d’innovation et de recherche, les gouvernements et les citoyens. Une nouvelle cartographie des acteurs en présence (les entreprises high-tech, la transformation numérique des entreprises, les centres de recherches, les laboratoires innovants et créatifs, les activités entrepreneuriales et les projets citoyens) se dessine. Des outils stratégiques pour intégrer et renforcer la position de ces acteurs dans les écosystèmes en place (publications, évènements, participation à des concours, etc.) sont le plus souvent créés par les villes.

Domaine 3 : Population

Les premières mesures de la ville intelligente se sont concentrées sur la distribution spatiale du capital humain pour comprendre l’accroissement de la divergence entre des espaces ayant une forte densité de diplômés et ceux présentant une population peu diplômée. Face à ce constat, l’attractivité des talents couplés à la formation continue est alors devenue un objectif pour renforcer le capital humain et social de la population. De tels constats se sont largement inspirés des études concernant les classes créatives reconverties sous l’étiquette nouvelle des «citoyens intelligents». C’est pourquoi certains intègrent la créativité, l’ouverture d’esprit ou la diversité ethnique comme sous-domaine.

Domaine 4 : Transport et mobilité

Le transport a été l’un des premiers secteurs à intégrer des dispositifs numériques pour mieux gérer les flux dans la ville. Globalement, trois dimensions sont utilisées pour saisir le transport et la mobilité intelligente d’une ville :

  • l’amélioration des flux logistiques pour assurer une plus grande efficacité des entreprises par une connaissance plus accrue du réseau ;
  • la mise à disposition d’informations numériques en temps-réel aux usagers sur l’état du trafic ;
  • l’aide au développement de modes de déplacement collaboratifs ou alternatifs pour les personnes dans la transition vers une mobilité moins dépendante de la voiture individuelle.

Domaine 5 : Qualité de vie et environnement

L’enthousiasme suscité par la ville intelligente procède de l’optimisation des services publics (services culturels, services de santé, sécurité publics, contrôle de la pollution et de la qualité de l’air). La « ville intelligente » prend des mesures pour réduire les émissions de polluants et d’irritants, mais également assure une meilleure gestion des ressources de l’environnement fondé sur les principes du développe durable.

Le développement des smart grids – à savoir des systèmes de gestion centralisés à partir de l’analyse des données collectées dans le domaine de l’éclairage public, l’eau ou les déchets – s’inscrit dans cette tendance. Les autres domaines d’activités similaires concernent les énergies renouvelables, mais également la qualité des logements. Enfin, certains chercheurs intègrent les principes de smart growth, la lutte contre l’étalement urbain ainsi que l’intégration des nouvelles technologies dans les cultures agricoles présentes sur le territoire.

Domaine 6 : Destination touristique

Le tourisme est une dimension largement oubliée des politiques intelligentes. Or, il représente un enjeu majeur dans la mesure où la course à l’intelligence entre les villes vise à attirer des entreprises, des investisseurs, des résidents mais également des visiteurs. Les récentes recherches ont montré que l’attractivité d’un territoire pour les touristes est indissociable de son attractivité pour les professionnels.

Sous le terme de destination intelligente se développe actuellement toute une réflexion sur l’utilisation des nouvelles technologies et de l’afflux de données pour renforcer la vocation touristique d’un territoire. Trois dimensions émergent :

  • celle d’améliorer l’expérience touristique ;
  • celle de renforcer l’engagement du touriste dans son expérience et dans le développement touristique d’un territoire ;
  • et l’accroissement de la visibilité du lieu touristique sur l’ensemble des plateformes numériques.

Domaine 7 : Une gouvernance intelligente

Le rôle croissant des technologies dans la vie urbaine amène les gouvernements à repenser leur rôle en réorganisant leur fonctionnement, leurs outils et leurs services à l’instar de la dématérialisation et l’accélération des processus bureaucratiques ou le vote électronique.

 

4.  Les forces de la « ville intelligente »

La popularité de la ville intelligente repose sur l’idée qu’elle constituerait une réponse à plusieurs défis, déjà mentionnés plus haut, que rencontrent les villes contemporaines. En ce sens, la ville intelligente apporterait son lot de promesses.

A. Trois grandes promesses

1) Une ville efficace, rationalisée et leader.

La ville intelligente constituerait le rempart au chaos. La ville deviendrait plus efficace car rationalisée par l’alimentation en données qui permettent de contrôler la ville, la rendre plus contrôlable et surtout plus réactive. « Ensuite, c’est une ville plus sobre (recyclage et localisation de poubelles dans la ville ». Ce n’est pas tant la ville intelligente qui permet cela que l’importance qu’y prennent les technologies, car celles-ci permettent aux administrations municipales de fonctionner de façon plus efficiente et plus efficace.

2) Une ville plus stimulante où il fait bon vivre

La ville intelligente vise, entre autres choses, l’amélioration de la qualité de vie, de la gouvernance, du développement de la politique urbaine, etc. Il est même envisagé que les nouvelles technologies de l’information « produisent » des citoyens plus « intelligents » qui, à leur tour, adopteront des comportements plus intelligents. « La ville intelligente doit ‘attirer des gens intelligents’. Pour cela, il faut qu’elle propose une expérience rare pour la classe créative (Florida, 2002) ou des citadins des métropoles mondiales ».

D’autres conçoivent l’utilisation des nouvelles technologies comme un moyen de favoriser l’innovation sociale, la justice sociale, l’engagement civique, ainsi qu’une gouvernance transparente et responsable. Comprise en ce sens, la ville intelligente permettrait également la réduction des inégalités entre groupes sociaux. La « ville intelligente » est alors abordée comme un projet politique. C’est dans cette perspective que certains ouvrent le débat sur le droit à la ville intelligente dans le tournant digital des politiques urbaines.

3) Une ville durable

La smart city est d’abord et avant tout une ville numérique, mais elle permet aussi la fusion entre numérique et environnement, « censée éliminer progressivement les erreurs de gouvernance et les mauvais comportements humains, dus à l’insuffisance de données et de feedbacks sur les comportements, afin d’atteindre un objectif de réduction des consommations d’énergie et donc d’économie à bas carbone ». La ville intelligente permettrait indirectement aux habitants d’adopter des comportements plus favorables à l’environnement grâce aux données et à faire passer les sociétés urbaines à une transition énergétique.

Toutefois, si les promesses de la ville intelligente sont nombreuses, celles-ci présentent également un certain nombre de limites qu’il convient de détailler.

 

5.  Les limites de la « ville intelligente »

Les limites actuellement recensées au sein des écrits scientifiques sont plus nombreuses que les forces, même si elles peuvent être résumées également en trois grands points. D’une part, les défis auxquels la « ville intelligente » entend répondre, sont lacunaires. De fait, dans leurs réflexions sur ce que sont les villes du futur, on identifie dix défis qui touchent les villes : le changement climatique, la croissance de la population, la globalisation de l’économie et de ses risques, les développements technologiques, les changements géopolitiques, la mobilité des personnes, le vieillissement de la population, les tensions sociales et les inégalités, l’insécurité (énergie, nourriture, eau), les changements institutionnels et de gouvernance. Par conséquent, face à cette liste, la « ville intelligente » constitue une réponse imparfaite. D’autres limites sont liées à la définition même de ce type de ville.

1) Un modèle « vendu » en l’absence de besoins et sans prise en considération du contexte

Premièrement, l’un des problèmes de la ville intelligente réside dans le fait que la ville intelligente est souvent une solution vendue par des promoteurs, basée davantage sur l’offre que sur la demande. Ce fait a deux conséquences : d’une part l’offre détermine la quantité et le prix des produits « smart-city » ; d’autre part, cela conduit à des formules « smart city » qui sont déconnectées du contexte social dans lequel elles s’inscrivent.

Les entreprises privées vendent des « solutions » aux villes et ces solutions font abstraction du contexte historique, politique, social, territorial et culturel de chaque municipalité. Cela résulte donc en un décalage entre le produit vendu et les besoins ressentis.

2) Aspect sécurité et éthique

De même, la production de données et de technologies, qui sous-tend les projets de « ville intelligente », si elle constitue la principale force de ces initiatives, constitue également sa principale faiblesse. Dans un tel contexte : quelles « big data » convient-il de créer et à quelles fins ?

La « ville intelligente » conduit à une production exponentielle de données. Or, le phénomène des « big data » n’est pas qu’une affaire de volume : il interroge la nature même des données mobilisées et mobilisables ainsi que la mission des services publics et les prises de décisions politiques fondées sur l’analyse de ces données. En effet, la « ville intelligente » crée des données qui peuvent être analysées, vendues, et qui peuvent à terme conduire à des formes de contrôle et de surveillance des individus.

Ainsi, l’urbanisme en réseau ouvre la voie à une nouvelle ère de surveillance des données omniprésentes qui érode la vie privée sous diverses formes (surveillance, interrogation, identification, usage secondaire, insécurité, divulgation, exposition, appropriation, chantage, distorsion, intrusion). En outre, il permet des pratiques de triage social algorithmique (par exemple lorsque les gens obtiennent un prêt, une location, un emploi, etc.), la tarification dynamique (par laquelle différentes personnes paient des prix variables en fonction de leur valeur perçue), etc…

Par ailleurs, le système numérique mis en place est par définition vulnérable aux attaques en tout genre (piratage, défaillances, accidents). Ainsi, la sécurisation du système numérique requiert une mise à jour de la technologie, qui engendre des coûts, et ce, de façon régulière.

Aspect marketing

Enfin, faisant suite à de telles idées, on souligne aussi que bien souvent, les villes intelligentes relèvent du marketing urbain, c’est-à-dire qu’elles s’autoproclament « villes intelligentes », sans qu’il y ait derrière ce discours de réels éléments tangibles.

2) Une ville connotée politiquement

Deuxièmement, le fait que l’expression ait été créée par une firme et soit vendue par un ensemble de firmes teinte idéologiquement la ville intelligente. La ville intelligente est l’expression d’un contexte néo-libéral où l’objectif premier est de faire des profits. Les villes intelligentes participent à une logique capitaliste qui perpétuent la croissance économique en fournissant de nouveaux marchés aux plus grands groupes privés. À l’échelle de la ville, cela veut donc dire qu’en se transformant en « marché », la ville laisse les acteurs privés prendre possession de son avenir.

3) Un renforcement des inégalités sociales et territoriales.

Troisièmement, pour certains, la « ville intelligente » comporte en elle le risque de renforcer, voire de créer de nouvelles inégalités au sein d’un même territoire. En effet, « les études sur les autoproclamées smart cities telles que Singapour, Rio ou Boston, montrent une réalité plus prosaïque, un développement fondé uniquement sur certains quartiers très circonscrits et sur certains secteurs de gouvernance (l’énergie et les transports en particulier). Surtout, la smart city est une vision de la très grande centralité urbaine, au détriment des territoires périphériques, redoublant la fracture sociale entre territoires et porte en elle une confiscation du gouvernement local par les experts numériques et les entreprises aptes à exploiter les big datas ».

Fracture numérique

Enfin, dans la mesure où la ville intelligente repose, entre autres choses, sur la technologie, elle sous-entend que l’ensemble des acteurs, mais surtout, les habitants auxquels la ville s’adresse, maitrise une telle technologie. Pour certains, la fracture numérique se définit d’une part comme la capacité à savoir utiliser un matériel spécifique, et d’autre part comme la capacité à aller chercher adéquatement de l’information.

 

6.  Conclusion

Le discours de la ville intelligente a acquis une grande popularité mobilisant des acteurs économiques puissants au sein de partenariats publics-privés. La promesse selon laquelle le déploiement connecté des nouvelles technologies dans l’environnement urbain peut optimiser tous les aspects de la vie quotidienne et résoudre les problèmes urbains auxquels sont confrontés les gouvernements locaux ne peut que séduire dans un contexte d’austérité. Il n’est dès lors pas étonnant que les grandes villes se soient lancées dans une course à l’intelligence, et ce, bien que nous n’ayons pas encore assez de recul pour évaluer les promesses de telles innovations.

Il n’en demeure pas moins que le discours de la « ville intelligente » gagne du terrain. Il mobilise actuellement les villes moyennes et petites qui font également face à l’austérité budgétaire. Face au déluge des données et à la multiplication des vendeurs de produits dits « intelligents », leur vulnérabilité est accrue, mais la nécessité de mobiliser toutes les ressources disponibles pour valoriser leur territoire demeure.

 

 

Source : IRNS

Partager :

  • Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
  • Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)

Articles similaires

la ville intelligente
18 octobre 2017 Madissertation

Post navigation

Laïcité et fonction publique → ← Égalité et inégalités en France (Partie 1)

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Related Posts

La dématérialisation, qu’en pensez-vous ?

Pour ne pas vous laisser surprendre par ce type de questions et avoir une réponse un peu plus originale que la plupart des candidats, il est important de maîtriser cette […]

Secret professionnel, discrétion ou droit de réserve ?

Dans le cadre de l'étude du thème du #secret pour le concours commun aux IEP, ces trois notions ne sont pas toujours très claires aux yeux des agents et il y a souvent confusion entre ces différentes entités.

La contre-révolution

Pour mieux comprendre une notion, il est parfois utile de comprendre son opposée...La contre-révolution désignant le contraire de la #révolution est un concept dont la définition varie nécessairement en fonction des significations de celle-ci. Elle revêt donc des sens multiples et se trouve chargée d'affect par ses partisans comme par ses adversaires. Comment la définir, quels sont ses acteurs et comment est-elle née ?

L’évolution économique et sociale de la France depuis 1945

L'évolution économique et sociale de la France depuis 1945 Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la France connaît des transformations économiques profondes qui entraînent des mutations sociales majeures. En même temps, la fin des Trente Glorieuses accentue, au début des années 1970, ces mutations durables. Les évolutions et mutations étant nombreuses et complexes, nous y consacrerons plusieurs articles...

Recent Posts

La dématérialisation, qu’en pensez-vous ?

La dématérialisation, qu’en pensez-vous ?

Pour ne pas vous laisser surprendre par ce type de questions et avoir une réponse un peu plus originale que la plupart des candidats, il est important de maîtriser cette […]

More Info
Secret professionnel, discrétion ou droit de réserve ?

Secret professionnel, discrétion ou droit de réserve ?

Dans le cadre de l'étude du thème du #secret pour le concours commun aux IEP, ces trois notions ne sont pas toujours très claires aux yeux des agents et il y a souvent confusion entre ces [...]

More Info
Le projet de loi 3D…

Le projet de loi 3D…

Le projet de loi 3D... En questionnant certains d'entre vous sur ce projet de loi, j'ai été beaucoup surpris par les erreurs de réponse... Ce projet de loi 3D, pour décentralisation, [...]

More Info
La contre-révolution

La contre-révolution

Pour mieux comprendre une notion, il est parfois utile de comprendre son opposée...La contre-révolution désignant le contraire de la #révolution est un concept dont la définition varie [...]

More Info
  • A PROPOS DE CE BLOG
  • Boutique
  • Checkout-Result
  • Commande
  • Généralités de l’épreuve de dissertation
  • Le thème de la mémoire
  • Mentions légales
  • Panier
  • Products
  • Trouver une bonne problématique
Powered by WordPress | theme SG Window