Ma dissertation de culture générale
Ma dissertation de culture générale
  • Ebook à télécharger
  • Panier

Ma dissertation de culture générale

Préparation aux épreuves de dissertation – Note de synthèse – Fiches histoire – Fiches culture générale – Thèmes IEP – Concours de la fonction publique

Ma dissertation de culture générale
  • Ebook à télécharger
  • Panier

Sur les « radicalités » : les droites radicales en Europe

  • Focus Société
  • Thématique concours

Alors que cela n’était vu que comme un phénomène de contestation temporaire, aujourd’hui l’extrême droite semble être durablement implantée dans la scène politique européenne.

L’émergence et la stabilisation de cette nouvelle famille font beaucoup parler d’elles. Elle est souvent décrite comme un phénomène effrayant nous renvoyant aux heures sombres du fascisme européen. Voici donc le panel des partis radicaux des droites existants en Europe, nous évoquerons leurs idéologies dans de prochains articles…

  1. Origines et histoire commune

L’extrême droite que nous voyons en Europe au travers de partis comme le Front National Français, le Freiheitliche Partei Österreichs (Parti de la Liberté Autrichien), le Vlaams Belang (Intérêt Flamand) en Belgique, le Dansk Folkeparti (Parti populaire danois) ou encore la Lega Nord (Ligue du Nord) en Italie ne sont pas aussi facilement rattachable au fascisme.

Les grands partis d’extrême droite qui existent aujourd’hui dans les pays européens ne peuvent plus être assimilés avec le fascisme. En effet les partis d’extrême droite dont nous parlerons dans cet article sont issus de ce qu’on pourrait appeler « extrême droite électorale ». Et contrairement au fascisme et aux mouvements qui en descendent, cette nouvelle extrême droite européenne est une famille politique qui accepte le jeu de la démocratie, de la représentation parlementaire. Même si elle peut être critique envers certaines institutions de la démocratie libérale, cette extrême droite n’a jamais émis le souhait de mettre fin à ce système. Quand bien même un doute pourrait persister, et que l’on puisse considérer cette apparence démocratique comme une stratégie tactique, force est de constater que dans les pays où cette extrême droite a pu accéder au pouvoir, les institutions et règles démocratiques ont été respectées.

Contrairement à ce qui s’est passé à l’époque du fascisme, les partis d’extrême droite contemporaine ayant accédé démocratiquement au pouvoir, ont accepté de le quitter suite à des défaites électorales ou des désaccords au sein des coalitions gouvernementales dont ils peuvent faire partie.

Contrairement aux mouvements d’Hitler ou de Mussolini, ces partis acceptent le jeu de la démocratie en quittant le pouvoir lorsqu’ils sont mis en échec par les résultats électoraux.

Pour étayer cette conception d’une extrême droite électorale ayant rompu avec les méthodes et idéologies fascistes, Hans Georg Betz cite plusieurs exemples, comme Jörg Haider, figure emblématique de l’extrême droite européenne qui a quitté la présidence du FPÖ pour se retirer un temps de la vie politique, alors que le parti se trouvait en position d’accéder au pouvoir. Dans la même logique, en Italie la Ligue du Nord a permis un retour du pouvoir à la gauche en faisant chuter le gouvernement de Silvio Berlusconi en 2005.

Ainsi cette nouvelle extrême droite atypique, s’inscrit dans un mouvement qualifié par l’universitaire Marc Jacquemain de « post-fascisme ». En effet la nouvelle extrême droite s’est visiblement détachée de tout ce qui pouvait la relier avec cette idéologie. L’exemple le plus parlant est celui de Gianfranco Fini, qui en créant le parti Alleanza Nazionale (Alliance Nationale) tourna délibérément le dos au parti dont il était issu : le Movimento Sociale Italiano (Mouvement Social Italien), parti néo-fasciste italien, ainsi qu’à son idéologie en condamnant ouvertement Mussolini.

2.  Terminologie : « extrême droite »

Entre « extrême droite » et « droite radicale », quelles termes utiliser…En effet le terme d’extrême droite renvoie vite à l’image néo-fasciste qui est précisément celle dont cherchent à se débarrasser les partis étudiés. Il n’existe pas vraiment de consensus sur le nom à donner à cette famille politique. Le terme « extrême droite » est celui qui revient le plus souvent. Parfois les spécialistes politiques devraient lui préférer le terme utilisé par les anglo-saxons qui est celui de radical right. Mais étant donné que dans la littérature celui qui revient le plus souvent est bien le terme  »d’extrême droite », nous l’utiliserons donc, tout en insistant sur le fait que l’extrême droite dont on parle ici est la droite radicale, populiste et électorale, et que cela ne comprend pas les groupes néo-nazis et néo-fascistes.

3.  La diversité des origines

Délimiter et classifier les droites radicales européennes n’est pas une chose aisée. Plusieurs obstacles se dressent, et des questions se posent. Sur quels critères peut-on s’appuyer pour décider si tel ou tel parti fait partie de la famille politique ? Il semble évident que se baser uniquement sur les réputations des partis ne soit pas d’une rigueur suffisante.

Pour pouvoir les classifier, il faut étudier en profondeur l’idéologie de ces partis que l’on retrouve dans la publication officielle de leur programme. Pour déterminer leurs idéologies il faut se baser sur les discours ou les livres que peuvent avoir écrit les membres clés, en raison des différends qui peuvent exister dans le parti. La seule base objective pour établir l’idéologie sera seulement les programmes, manifestes, ou articles rédigés au nom du parti.

Si ces partis sont tout à fait pluriels concernant leurs origines, L’idéologie des partis d’extrême droite n’a convergé vers un socle commun que récemment. En effet, aujourd’hui les partis peuvent être comparés car ils basent leur programme sur les mêmes grands axes idéologiques alors qu’ils n’ont pas du tout les mêmes parcours.

Les origines historiques des partis d’extrême droite actuels ajoutent à la complexité de la tâche qui consiste à définir les contours de cette famille politique. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les partis européens d’extrême droite ne sont pas tous (loin de là) des héritiers directs du fascisme. De la même manière, tous ne se sont pas fait connaître pour leurs positions quant à l’immigration. Chacun a un parcours propre à son pays et aux problèmes spécifiquement nationaux qui en découlent.

Dans les anciens pays du bloc soviétique, la logique est différente. L’histoire n’est pas la même. Aux régimes fascisants de la guerre ont succédé de longues années de communisme. Depuis la chute du Mur et des démocraties populaires, le chemin emprunté par les droites, républicaines ou radicales, diffère parfois grandement de celui pris par leurs cousines de l’Ouest.

Les questions de société ne sont pas les mêmes, ne serait-ce que parce qu’elles n’ont jamais été confrontées au multiculturalisme. La récente question des migrants a donc constitué une nouveauté pour nombre de pays, dont les derniers brassages de population remontaient à l’époque soviétique, et ne concernaient que des populations slaves. Par ailleurs, des interrogations ont pu naître autour des droites polonaises ou hongroises, dont les leaders ont annoncé vouloir mener «une contre-révolution culturelle» en Europe.

4.  Les partis antifiscaux de Scandinavie

Danemark

Au Danemark, le Fremskridtspartiet (Parti du Progrès Danois) a été créé en aout 1972 par Mogens Glistrup qui s’en prend aux taxes du pays et demande une abolition de l’impôt sur le revenu. Dès son origine le parti s’attaque à la bureaucratie de l’Etat, à l’Etat Providence et se positionne clairement « antisystème ». Ces thèmes de la prééminence gênante de l’Etat, la dénonciation de la bureaucratie européenne et de la classe politique danoise seront repris par Pia Kjaersgaard lors de la fondation du Dansk Folkeparti (Parti Populaire Danois), né en 1995 de la scission avec le Parti du Progrès.

En Norvège

En Norvège le Fremsrkrittspartiet (Parti du Progrès) fondé en 1972 est la copie du Fremskridtspartiet, et a exactement les mêmes revendications : contre la bureaucratie, l’imposition et l’Etat-Providence. Si ces deux partis n’ont jamais pris clairement de positions très anti-immigrés et nationalistes, le DanskFolkeparti qui est issu du Parti du Progrès Danois, a repris à son compte la rhétorique anti-taxes, anti-Etat, anti-européen, en y ajoutant de grandes revendications anti-immigrés et très nationalistes, ce qui en fait aujourd’hui un parti d’extrême droite européen très emblématique, surtout dans la mesure où il est l’un des seuls ayant une alliance avec les partis formant le gouvernement actuel.

En Suède

La Suède fait également partie des pays récemment concernés. Le parti des Démocrates de Suède (SD), situé à sa création à l’extrême droite radicale et proche de milieux néonazis, s’est longtemps contenté de scores négligeables, frôlant les 0%. En 2002, il dépasse pour la première fois 1% des voix.

Le leader des Démocrates de Suède, Jimmie Akesson, le soir des législatives 2014. Il célèbre le bon score électoral de son parti, qui passe de 6 à 13% et devient ainsi le troisième parti politique du pays. Sur la banderole, la fleur aux couleurs du pays, symbole du mouvement.

En 2006, il abandonne son ancien logo, une torche, pour adopter une plus douce fleur bleue et jaune. Pendant cette période, il se débarrasse de ses éléments les plus radicaux et police son discours, abandonnant le racisme frontal pour adopter le rejet du multiculturalisme, troque la défense des droits sociaux contre le libéralisme.

Il double depuis ses scores à chaque élection parlementaire et réalise en 2014 à près de 13%, décrochant une cinquantaine de députés au Parlement. Un score qui force les partis traditionnels de gauche et de droite à passer un accord de gouvernement valable jusqu’en 2022. Le but affiché de cette entente hors du commun est d’empêcher le pouvoir de nuisance de l’extrême droite au Parlement.

En Finlande

Comme la Suède, la Finlande est longtemps restée hermétique aux mouvements nationaux-populistes. La vie politique est restée, jusqu’à une période récente, un jeu égal entre les trois principales forces du pays, s’alliant les unes avec les autres au gré des élections. Il n’existe pas de véritable opposition entre la gauche et la droite et toutes les aspérités ont été gommées.

Pendant 10 ans, les Vrais Finlandais (qui changeront de nom pour devenir le Parti des Finlandais) n’ont obtenu que des résultats négligeables. Il faut attendre 2007 pour voir leurs scores commencer à monter et leur discours eurosceptique et anti-immigration prendre dans l’opinion. Ils explosent sur la scène politique en 2011 en réalisant 19% des voix. La personnalité charismatique de leur leader, Timo Soini, au milieu d’un paysage un peu consensuel, a sans doute joué dans ce succès. Tout comme les effets de la mondialisation qui a frappé l’industrie nationale du bois et du papier. Enfin, un scandale de corruption qui a poussé à la démission d’un premier ministre a également favorisé les populistes. Timo Soini réfute la qualification d’extrême droite et préfère décrire sa formation comme «un parti des travailleurs, sans socialisme».

En 2015, avec près de 18%, ils entrent dans un gouvernement de coalition aux côtés du centre et de la droite. Leur leader, Timo Soini devient ministre des Affaires étrangères. Il met alors de l’eau dans son vin, étant dans l’impossibilité de faire appliquer les principales mesures de son programme sur l’immigration, la politique européenne ou l’austérité. Cette participation au gouvernement lui coûter cher puisque Les Finlandais ne tardent pas à chuter dans les sondages.

Au municipales 2017, les mauvais sondages trouvent une réalité dans les urnes. C’est la douche froide. Les Finlandais obtiennent 8,8% des voix. C’est une baisse de 3,5% par rapport aux précédentes municipales de 2012. Le score est divisé par deux par rapport aux dernières élections, les législatives 2015. Soini, reconnaît que sa formation «a souffert de la politique d’austérité du gouvernement». En juin 2017, après 20 ans de présidence du parti, il laisse sa place à Jussi Halla-aho, représentant de l’aile dure, déjà condamné pour des propos racistes. Les alliés conservateurs des Finlandais, le premier ministre Juha Sipilä en tête, expriment alors leur volonté de mettre fin à l’accord les liant, jugeant le parti infréquentable. Alors que cette décision aurait normalement dû conduire à la chute du gouvernement, 20 députés sur les 37 que comptent Les Finlandais décident de quitter leur groupe parlementaire pour fonder leur propre groupe, baptisé Nouvelle Alternative. Ils annoncent vouloir continuer leur collaboration avec les conservateurs: le gouvernement est maintenu et les ministres issus de leurs rangs conservent leurs fonctions, notamment Timo Soini. La scission est définitivement actée lorsque les partants annoncent vouloir créer leur propre parti, la Réforme Bleue. Ils espéraient pouvoir recueillir les 5000 signatures nécessaires pour le mois d’octobre. De leur côté, Les Finlandais choisissent Laura Huhtasaari pour les représenter à la présidentielle de 2018.

5.  Les partis issus de revendications régionalistes

En Belgique

En Belgique, le Vlaams Blok est né en 1977. Il est issu de la branche traditionnelle du nationalisme flamand. Sa création est due à un désaccord au sein du mouvement flamand : Volksunie, lorsque celui-ci a rejoint le gouvernement fédéral belge, s’écartant ainsi de la ligne dure des revendications indépendantiste flamande. Ce n’est que dans les années 80 que le Vlaams Blok se dirige vers un programme plus emblématique de l’extrême droite actuelle en intégrant des revendications à l’égard de l’immigration en Belgique qui selon le parti doit être stoppée net. Le Vlaams Blok est aujourd’hui connu sous le nom de Vlaams Belang (changement officiel de nom en novembre 2004) pour contrer la législation visant à le mettre progressivement hors la loi.

En Italie

En Italie, la Ligue Lombarde qui s’est transformée en Ligue du Nord en 1991, est la réunion par Umberto Bossi de plusieurs mouvements autonomistes d’Italie du Nord. A sa création en 1984 et jusqu’en 1987, la Ligue Lombarde a pour objectif principal de défendre « l’autonomie de la région comme centre d’identité culturelle sur le thème : ni de gauche, ni de droite, mais seulement lombards ». Puis le discours va évoluer en s’attaquant toujours plus à l’Etat centralisateur tyrannique, pour se transformer en discours contre les partis politiques corrompus et la bureaucratie inefficace. Discours de plus en plus mâtiné de xénophobie contre les Italiens du sud et les immigrés, pour être considéré aujourd’hui comme un parti d’extrême droite plus que comme un parti indépendantiste.

6.  Partis issus de la droite libérale

En Autriche

Le FPÖ (Freiheitliche Partei Österreichs) est créé en 1956 sur la base d’une idéologie nationaliste libérale, avec des valeurs comme le patriotisme, la démocratie et l’anticléricalisme. Sa radicalisation est intimement liée à l’arrivée de Jörg Haider à la tête de ce parti en 1986. Il opère une métamorphose idéologique conséquente qui va rapidement positionner le parti au sein de la famille de l’extrême droite européenne, et en faire un de ses représentants les plus puissants, jusqu’à la scission en 2005, où le Bündnis Zukunft Österreichs (Alliance pour l’Avenir de l’Autriche) est fondée par Jörg Haider qui souhaite poursuivre son alliance avec le Österreichische Volkspartei (Parti Populaire Autrichien) au sein d’une coalition gouvernementale, tandis que le FPÖ est repris par les membres souhaitant le retour de ce parti dans l’opposition.

Aux Pays-Bas

Le Partij Voor de Frijheid (PVV – Parti pour la Liberté) néerlandais est également issu de la droite libérale. En 2004, Geert Wildeers quitte le parti libéral VVD (Volkspartij voor Vrijheid en Démocratie – Parti Populaire pour la Liberté et la Démocratie) car ce parti libéral envisageait d’adopter un avis favorable sur l’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne.

Pour cette raison Geert Wilders préféra quitter sur le champ le VVD et siéger à l’Assemblée seul, en tant que parti. Par la suite, en 2005, il fonde le PVV, parti aux fortes positions anti immigration, anti-islam, et eurosceptique, qui gagne tout de suite un certain succès.

7.  Partis issus de la nébuleuse fasciste

En Italie

Le Front National Français et italiens, ou l’ancien Movimento Sociale Italiano ainsi que les partis qui en sont issus, sont les partis qui sont directement issus de la « nébuleuse crypto-fasciste recomposée dès la fin de la Seconde Guerre Mondiale ».

Ainsi le MSI italien fondé en 1946 par des rescapés du régime de Mussolini et comptant dans leurs rangs des anciens dignitaires du régime fasciste. Le MSI a pleinement assumé son héritage fasciste jusqu’en 1995. Avant cette date, le MSI représentait le parti nostalgique du fascisme refusant d’accepter la légitimité de la nouvelle république italienne. Ce n’est qu’en 1995, où sous l’impulsion de Gianfranco Fini, le parti se modernisa, abandonna officiellement l’idéologie fasciste et se transforma en Alleanza Nazionale. Cependant les membres les plus radicaux refusèrent le changement et fondèrent le MS-Fiamma Tricolore d’obédience néo-fasciste.

En France

Le Front National français a quant à lui un héritage moins direct. Il est fondé en 1972 dans le but de fédérer les diverses tendances de l’extrême droite française. Le noyau dur du parti sera composé de néo-vichystes, de membres d’Ordre Nouveau, ou d’anciens de l’OAS. Les anciens militants fervents de l’Algérie française et du poujadisme sont également présents, dont Jean-Marie Le Pen relayé maintenant par sa fille Marine Le Pen.

Ainsi Jean-Marie Le Pen devient le premier président du FN et parvient à fédérer autour de lui toutes les composantes de l’extrême droite française pourtant très variées. A ses débuts, le parti souffre clairement de son manque de cohérence.

Pourtant dans les années 80, le parti parvient à adopter une idéologie plus claire se basant sur la xénophobie et la dénonciation de la corruption des partis gouvernementaux, cette ligne idéologique va ainsi permettre à ce parti de percer petit à petit et de s’imposer comme une force politique sur l’échiquier politique français.

En Allemagne

En Allemagne, les partis néo-nazis comme le NPD (Nationaldemokratische Partei Deutchlands – Parti National Démocrate Allemand) et le DVU (Deutsche Volksunion) descendent directement du nazisme en tant que partis nostalgiques et extrêmement radicaux. Leur idéologie néo-nazie fait que nous ne les utiliserons pas dans cette étude. En revanche, nous considérons Die Republikaner (les Républicains) comme un parti d’extrême droite électorale.

Cependant, nous ne savons pas s’il peut être qualifié de parti issu de l’extrême droite naziste, car il a été fondé par trois personnalités aux parcours distincts. Ainsi sa fondation a eu lieu en 1983 par Franz Handlos et Ekkehart Voigt, tous deux dissidents de la CSU bavaroise (Parti Chrétien Démocrate Bavarois), mais aussi à l’initiative de Franz Schönhuber, journaliste, ancien membre des Waffen SS, ne cachant pas son respect pour ces derniers. Ce qui lie tout de même les origines de Die Republikaner à une certaine sympathie à l’égard du nazisme, même si le parti n’en est pas un héritier direct.

Au Royaume-Uni

Au Royaume-Uni, les populistes de Ukip s’installent. Tout comme l’Allemagne, le Royaume-Uni est longtemps resté à part. Les partis extrémistes tels que le National front ou le British national party ne sont jamais parvenus à trouver une clientèle électorale comparable à celle du Front national en France, le pays ne subissant qu’une poussée de fièvre tous les 5 ans pour les élections européennes. Cependant, les populistes de Ukip ont réussi dernièrement à se maintenir au-dessus de 12% aux législatives, amorce d’un éventuel changement. Les membres de Ukip se considèrent comme des vrais libéraux. Ils estiment ainsi que Marine Le Pen adopte des positions socialistes sur cette question. Eux veulent réduire les le budget et les responsabilités de l’État. Sur les questions sociétales les deux formations sont en revanche plus proches, dénonçant l’immigration, jugée responsable de nombreux maux et souhaitant appliquer la tolérance zéro en matière de délinquance. Ukip a milité activement pour en faveur du Brexit.

En Grèce

En Grèce, l’extrême droite est sans doute l’une de celles qui a fait le plus parler d’elle ces dernières années en Europe. Pourtant tombée en désuétude quelques années après la chute du régime des colonels, elle est remontée en flèche au cours des années 2000. Au début grâce au LAOS (Alerte populaire orthodoxe), qui finit par entrer au gouvernement en 2011 dans une improbable alliance avec la gauche et obtient un ministre et trois vice-ministres. Lesquels ont un certain pedigree puisque le ministre des Transports, avait été membre d’un parti néonazi et que le vice-ministre de l’Agriculture était un collaborateur du régime des colonels. Outre leurs positions nationalistes, les membres du LAOS se distinguent alors par des prises de position parfois fantaisistes, comme la volonté que tout le monde se mette à parler le grec ancien. Ils prônent par ailleurs la défense de la religion orthodoxe. Économiquement, ils sont partisans de l’austérité. Cette participation gouvernementale balaiera les positions du LAOS, qui perd ses députés nationaux et européens au cours des années suivantes.

Cette disparition permet l’émergence de l’Aube dorée (XA), formation d’inspiration néonazie devenue en quelques scrutins le troisième parti politique du pays. Le parti frappe les consciences tant il rappelle les années 1930 dans son décorum. Au niveau de son programme également. Son but ultime est de former une nouvelle société peuplée d’hommes nouveaux. Pour cela, il prône le recours à la démocratie directe, la planification de l’économie au service de l’État. Il rejette violemment toute forme d’immigration estimant que la société est formée de personnes ayant «le même héritage biologique et spirituel».

L’Aube dorée est parvenue à maintenir ses scores depuis 2012, même si le nombre de voix qu’elle réunit tend à diminuer à chaque scrutin. En 2014, le parti subit un revers important après l’arrestation de 69 de ses membres dont les députés nationaux et son leader Nikos Michaloliakos, jugés pour appartenance à une organisation criminelle. 

8.  Dans l’Europe de l’Est

En Hongrie

La Hongrie connaît depuis plusieurs années un terreau fertile à la montée des extrêmes  droites. Notamment en raison du rêve encore nourri par nombre de Hongrois du retour d’une «Grande Hongrie», dont les limites iraient bien au-delà des frontières actuelles. Ce territoire historique, remontant à l’Empire austro-hongrois, et divisé par le traité de Trianon en 1920, rassemble des terres situées aujourd’hui en Autriche, en Croatie, en Roumanie, en Serbie, en Slovénie et en Ukraine.

La Hongrie a vu réapparaître les défilés en uniformes rappelant la mode des années 1930, notamment avec la Garde hongroise, bras armé du Jobbik (Mouvement pour une meilleure Hongrie). En 2009, elle est dissoute par la justice.

Défilé de la Garde hongroise en 2007. Le groupe est officiellement dissous aujourd’hui, bien que certaines résurgences aient été constatées.

Dernièrement, la politique menée par le premier ministre Viktor Orban a pu poser des questions, notamment en raison des largesses prises à l’égard de l’État de droit. Le politologue Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême droite, rappelle cependant que si le Fidesz, parti de Viktor Orban, a «une conception moins libérale de la démocratie» que peuvent l’avoir les formations politiques occidentales, il n’en reste pas moins «un parti conservateur assumant son ancrage à droite» ayant su capitaliser sur la fierté nationale des Hongrois.

Le Fidesz reste cependant sous la pression du Jobbik, authentique parti d’extrême droite. Ce dernier prône le retour de la Grande Hongrie, souhaite apporter une aide aux populations d’origine magyare vivant hors des frontières du pays et à leurs entreprises. Le Jobbik stigmatise toujours les Roms, exigeant la création de prisons spécifiques et la création d’une gendarmerie rurale chargée de cette question. Au niveau sécuritaire, le parti propose d’exporter des prisonniers hors de Hongrie et de rétablir la peine capitale. Comme le Fidesz, il veut solder l’héritage communiste, mais propose pour cela de rendre publics les noms des collaborateurs de l’ancienne police secrète. Il souhaite que les terres hongroises ne puissent être vendues à des étrangers et ambitionne grâce à cela de rendre le pays autosuffisant en matière d’alimentation.

Le Jobbik souhaite poser la question de la participation de la Hongrie à l’UE lors d’un référendum. Il veut former un axe  avec la Pologne et la Croatie pour faire concurrence «aux pays de l’Europe de l’Ouest qui dominent l’Europe». Il souhaite enfin «en finir avec les tabous que sont la politique impériale de l’Union européenne, les guerres injustifiées menées par les États-Unis ou encore les efforts sionistes d’Israël pour dominer la Hongrie et le monde.»

Comme le montre notre infographie, le Jobbik est en progression constante depuis sa création en 2003. Il se hisse ces dernières années entre 15 et 20%.

En Pologne

Depuis quelques temps, le gouvernement polonais, mené par le parti Droit et justice (PiS), a pu soulever le même type d’interrogations que le cas hongrois. Des questions auxquelles Frédéric Zalewski, maître de conférences à Paris Ouest Nanterre, membre de l’Institut des sciences sociales du politique (CNRS), apporte les mêmes réserves que Jean-Yves Camus pour Budapest.

Selon le chercheur, le PiS «est une droite qui développe des pratiques autoritaires sur des bases très conservatrices et qui n’hésite pas à faire des entorses à l’État de droit». Cependant, «le gouvernement polonais, contrairement aux dictatures, utilise les ressources de la démocratie comme instrument de légitimation» et se rapproche en cela des «démocratures» telles que la Russie.

Il y a ainsi en Pologne, comme dans nombre pays de l’Europe de l’Est, «la volonté de mettre définitivement fin au communisme et au pouvoir d’une partie des anciennes élites parvenue à maintenir ses positions politiques ou économiques. Il s’agit de créer une seconde révolution après celle de 1989.» Une révolution menée sur des bases conservatrices. Les positions fortes de la droite ont longtemps réussi à maintenir l’extrême droite à de faibles résultats, ce qui ne l’empêche pas de réaliser des percées lors de certaines élections.

En République Tchèque, Slovaquie et Roumanie

Ces pays ont vu leur extrême droite s’effondrer mais moins en Slovaquie.

La République tchèque en fait partie. L’Assemblée pour la République–Parti républicain tchécoslovaque, qui a pu réaliser des scores allant jusqu’à 8% dans les années 1990, s’est complètement effondrée, notamment à cause d’un discours musclé de la droite traditionnelle.

Les scores de ce camp politique tendent cependant à remonter ces dernières années sous l’impulsion d’un personnage atypique, Tomio Okamura, né d’une mère tchèque et d’un père coréo-japonais, leader des partis Aube de la démocratie, puis Liberté et démocratie directe. Outre ses positions en faveur de la démocratie directe et la préférence nationale, il s’est illustré en demandant l’expulsion des Roms vers l’Inde ou en demandant de promener des cochons autour des mosquées.

En Roumanie, les scores de l’extrême droite se sont également effondrés. Le Parti de la Grande Roumanie est parvenu à accéder au second tour de la présidentielle, en 2000, grâce aux 28% réalisés par son leader Vadim Tudor, tribun au discours volontiers antisémite et laudateur du dictateur fascisant Antonescu (1940-1944). Ses scores se sont totalement écroulés devenant au fil du temps négligeables. En 2016, le Parti de la Grande Roumanie ne totalise que 1% des voix aux législatives. Il est même devancé sur son créneau politique par une nouvelle formation, le Parti de la Roumanie unie (2,80%).

En Slovaquie, le Parti national slovaque (SNS), ardent défenseur de l’indépendance du pays en 1993, auteur d’un discours xénophobe affirmé, a su maintenir des scores relativement élevés depuis 20 ans malgré quelques trous d’air, la faute à la concurrence d’une droite populiste mordant allègrement sur ses thèmes de prédilection.

En mars 2016, la nouvelle coalition rose-brun scelle son pacte autour d’un verre de champagne. À côté de Robert Fico, président du gouvernement (deuxième en partant de la droite), Andrej Danko (premier en partant de la droite), président du Parti national slovaque. Ce dernier préside également le Parlement national.

La gauche rattrape la droite sur ce terrain puisque le socialiste Robert Fico a fait alliance avec le SNS pour gouverner entre 2006 et 2010, récoltant de vives critiques internationales. Après une campagne législative dirigée contre les migrants, Robert Fico a de nouveau formé une coalition «rose-brun» en mars 2016 avec le SNS.

Notons enfin la percée d’un autre parti d’extrême droite, Notre Slovaquie, nostalgique du régime du régime fascisant et clérical de Mgr Tiso, qui réalise le score de 8% des voix aux élections de 2016 et décroche 14 députés au Parlement

En Slovénie, le vote en faveur du Parti national slovène (SNS) ou du Parti du peuple slovène (SSN) est relativement faible. On trouve dans ce pays une droite, le Parti social-démocrate slovène, qui n’hésite pas à défendre les mêmes thèmes que l’extrême droite.

En Croatie, pays où le nationalisme a longtemps dominé le débat politique, le Parti du droit (HSP) ne parvient pas à des scores significatifs.

La Bulgarie n’a pas hérité d’une tradition d’extrême droite aussi forte que ses pays voisins. Il faut attendre l’année 2005 pour la voir réaliser des résultats notables, grâce à l’émergence de l’Union nationale attaque (Ataka). En 2006, son leader, Volen Siderov, accède au second tour de la présidentielle, dépassant les 20%.

Volen Siderov s’est fait connaître pour ses positions à l’encontre des Roms ou des Turcs, minorités importantes du pays. Il est également connu pour ses emportements publiques. En 2013, élu député, il est arrivé armé d’une matraque au Parlement, où il attaque un policier et un journaliste. Début 2014, il s’en prend à une diplomate française dans un avion.

Au niveau politique, en 2013, les socialistes ont déclenché un scandale en acceptant de former un gouvernement soutenu par les voix des députés d’Ataka. Les scores du parti ont ensuite fortement chuté, notamment à cause de la concurrence d’un nouveau Front patriotique, dont l’une des composantes souhaite la création d’une Grande Bulgarie incluant la Macédoine. En 2014, ce Front patriotique soutient le gouvernement conservateur du premier ministre Boïko Borissov, mais sans y participer.

Pour la présidentielle 2016, le Front patriotique est refondé en une nouvelle alliance, les Patriotes unis, qui intègre Ataka en plus du Mouvement national bulgare (VMRO) et du Front national pour le salut de la Bulgarie (NFSB). Cette alliance est une petite nouveauté dans le pays car Siderov (leader d’Ataka) et Simeonov (leader du NFSB), qui furent longtemps amis, s’étaient éloignés politiquement depuis plusieurs années. Ils s’entendent pour que le leader du VMRO, Krasimir Karakachanov, soit le candidat de cette alliance à la présidentielle. Ce dernier réalise le score de 14,97%.

Aux législatives 2017, les Patriotes unis poursuive leur stratégie d’alliance. Leur programme est très hostile à l’immigration et aux migrants: ils souhaitent enfermer ces derniers dans des camps et renforcer la frontière avec des contrôles militaires. Ils prennent eux-mêmes l’initiative de bloquer des bus provenant de Turquie quelques jours avant le vote. Leur but est de réduire l’arrivée de votants potentiels pour les partis représentant la minorité turque du pays (le Mouvement pour les droits et le libertés et DOST). Leur score est une déception : ils n’obtiennent que 9,1%, concurrencés par le parti populiste Volya (4,1%) et une autre formation d’extrême droite, Renaissance (1,08%). Cependant, le total de ces trois forces correspond au score de Karakachanov à la présidentielle précédente. Forts de leurs 27 députés, ils s’allient au premier ministre sortant, Boïko Borissov et son parti, le GERB (Citoyens pour le développement européen de la Bulgarie). La coalition possède en tout 122 sièges, soit un de plus que la majorité absolue à l’Assemblée (qui compte 240 sièges). Karakachanov est vice-premier ministre et ministre de la Défense. Simeonov est également vice-premier ministre, chargé de la politique économique et démographique. Les nationalistes possèdent également les portefeuilles de l’Environnement et de l’Économie.

Dans les Etats baltes

Les États baltes ne sont pas tous logés à la même enseigne. Sur les quinze dernières années, l’Estonie est moins touchée par la montée de l’extrême droite, même si le Parti populaire conservateur d’Estonie (EKRE) a réalisé 8,1% aux dernières législatives, en 2015.

À l’inverse, la Lettonie conserve un niveau élevé depuis quinze ans, oscillant entre 5,70 et 29.82%. En Lituanie, le vote se maintient la plupart du temps au-dessus des 10%. Des scores sans doute minorés par «une droite classique menant déjà une politique nationaliste», selon Céline Bayou, co-rédactrice de la revue en ligne Regard sur l’Est. Les questions migratoires, qui font souvent recette à l’Ouest, n’avaient, jusqu’à récemment, que très peu concerné les pays baltes.

Les populations considérées comme problématiques par une partie de la classe politique sont déjà situées sur le territoire national. «En Estonie et en Lettonie, il existe d’importantes minorités russophones qui ne disposent pas de la citoyenneté, détaille Céline Bayou. Une part du débat politique tourne donc autour de la Russie et de son rôle, devenu au fil des années plus inquiétant à mesure que Vladimir Poutine a augmenté son emprise sur le pouvoir.» Ces minorités de russophones non-citoyens s’estiment mises au ban de la société par les partis politiques classiques, tel Unité, en Lettonie, qui s’est ainsi prononcé contre le droit de vote. «Tout pour la Lettonie (le parti d’extrême droite) a été plus loin que la droite classique, proposant de renvoyer tous les Russes dans des wagons, avec une référence évidente à la Seconde Guerre mondiale.» Les radicaux en sont donc souvent réduits à faire de la surenchère.

Dans un prochain article nous préciserons la typologie des partis d’extrême droite…

 

Sources : soutenance de LAUDE Ariane et parties extraites du Figaro de Julien Licourt

 

Partager :

  • Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
  • Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)

Articles similaires

droite libérale droites radicales en Europe extrême droite fascisme partis radicalités revendications
1 novembre 2017 Madissertation

Post navigation

Méthode de techniques de plan → ← Qu’est-ce que la clause générale de compétence ?

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Related Posts

La dématérialisation, qu’en pensez-vous ?

Pour ne pas vous laisser surprendre par ce type de questions et avoir une réponse un peu plus originale que la plupart des candidats, il est important de maîtriser cette […]

Secret professionnel, discrétion ou droit de réserve ?

Dans le cadre de l'étude du thème du #secret pour le concours commun aux IEP, ces trois notions ne sont pas toujours très claires aux yeux des agents et il y a souvent confusion entre ces différentes entités.

La contre-révolution

Pour mieux comprendre une notion, il est parfois utile de comprendre son opposée...La contre-révolution désignant le contraire de la #révolution est un concept dont la définition varie nécessairement en fonction des significations de celle-ci. Elle revêt donc des sens multiples et se trouve chargée d'affect par ses partisans comme par ses adversaires. Comment la définir, quels sont ses acteurs et comment est-elle née ?

L’évolution économique et sociale de la France depuis 1945

L'évolution économique et sociale de la France depuis 1945 Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la France connaît des transformations économiques profondes qui entraînent des mutations sociales majeures. En même temps, la fin des Trente Glorieuses accentue, au début des années 1970, ces mutations durables. Les évolutions et mutations étant nombreuses et complexes, nous y consacrerons plusieurs articles...

Recent Posts

La dématérialisation, qu’en pensez-vous ?

La dématérialisation, qu’en pensez-vous ?

Pour ne pas vous laisser surprendre par ce type de questions et avoir une réponse un peu plus originale que la plupart des candidats, il est important de maîtriser cette […]

More Info
Secret professionnel, discrétion ou droit de réserve ?

Secret professionnel, discrétion ou droit de réserve ?

Dans le cadre de l'étude du thème du #secret pour le concours commun aux IEP, ces trois notions ne sont pas toujours très claires aux yeux des agents et il y a souvent confusion entre ces [...]

More Info
Le projet de loi 3D…

Le projet de loi 3D…

Le projet de loi 3D... En questionnant certains d'entre vous sur ce projet de loi, j'ai été beaucoup surpris par les erreurs de réponse... Ce projet de loi 3D, pour décentralisation, [...]

More Info
La contre-révolution

La contre-révolution

Pour mieux comprendre une notion, il est parfois utile de comprendre son opposée...La contre-révolution désignant le contraire de la #révolution est un concept dont la définition varie [...]

More Info
  • A PROPOS DE CE BLOG
  • Boutique
  • Checkout-Result
  • Commande
  • Généralités de l’épreuve de dissertation
  • Le thème de la mémoire
  • Mentions légales
  • Panier
  • Products
  • Trouver une bonne problématique
Powered by WordPress | theme SG Window