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L’ère des ténèbres – Michel Terestchenko

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Sur le thème des « radicalités », voici un livre directement lié à l’actualité que connaît notre pays. Michel Terestchenko nous introduit au cœur des dynamiques de violences exponentielles qui se développent jusque chez nous et nous donne les moyens d’exercer notre responsabilité de citoyen afin qu’elles fassent enfin l’objet d’un débat public…

 

Michel Terestchenko est universitaire et philosophe. Ses derniers ouvrages, Un si fragile vernis d’humanité. Banalité du mal, banalité du bien (La Découverte/poche, Paris, 2007) et Du bon usage de la torture ou comment les démocraties justifient l’injustifiable (La Découverte, Paris, 2008), ont été traduits en plusieurs langues.

 

D’abords il explique qu’on ne saurait comprendre l’extrême violence dont les mouvances de l’islamisme radical font preuve sans la rapporter aux doctrines dont elles s’inspirent et aux multiples causes sociales, politiques et économiques qui expliquent leur émergence dans le monde arabo-musulman contemporain. Puis, il nous montre l’impression que l’on ressent vis-à-vis des démocraties prises au piège d’idéologies meurtrières qui, selon lui, ont davantage contribué à nourrir qu’à combattre efficacement dans le respect de leurs propres principes. De l’usage de la torture à l’utilisation croissante de drones armés, la « guerre contre la terreur » a trop souvent été menée dans le mépris du droit, alimentant ainsi une spirale sans fin de haine et de ressentiment, tout en servant de prétexte à une remise en cause de nos libertés fondamentales.

 

  • Au lendemain du 11 Septembre 2001, le monde est entré dans une nouvelle ère, dans une opposition grossière et meurtrière entre, d’une part, les sociétés démocratiques et libérales de l’Occident, et d’autre part, le fondamentalisme islamiste. C’est « une guerre contre le terrorisme » qui a été lancée par le président américain Bush, et qui est poursuivie par Obama, d’une manière différente, alors même que son élection avait suscité l’espoir d’une autre politique (on se souvient qu’il a reçu un prix Nobel de la paix contesté, en 2008).

 

  • L’auteur interroge les politiques étatiques et les justifications inhérentes à la logique engagée dans la guerre contre le terrorisme. Celles-ci provoquent, selon lui, le renoncement aux fondements de nos sociétés démocratiques. En outre, il expose ce qui fait l’histoire doctrinale et politique récente de l’islamisme radical (chapitres 2, 4 et 5 en particulier) afin d’élucider ce qui alimente le combat opposé du jihad islamique. Car, selon le philosophe, le problème n’est pas tant politique que proprement « métaphysique » (p. 102), comme en témoigne la caricaturale « guerre du Bien et du Mal » lancée et instrumentalisée par l’administration Bush.

 

  • Ce sont ainsi les principes, les normes et les valeurs fondamentales des sociétés démocratiques qui sont alors balayés, estime Terestchenko, dans la pratique des exécutions ciblées, l’usage de la torture et des drones et les détentions secrètes qui sont devenues monnaie courante sous Obama. Or si le droit est, selon l’expression de Mauss, la colonne vertébrale de la société, et qu’il se voit réfuté par ces pratiques, par les faits, on entre alors dans une toute autre logique qui n’est plus celle de la justice mais de la vengeance. S’ouvre alors une spirale de violence incontrôlée, que rien ne semble pouvoir arrêter. Le propos de cet essai peut ainsi se résumer à la question posée par Mohamedou Slahi dans ses carnets depuis la prison de Guantánamo : « la démocratie a-t-elle passé avec succès le test auquel elle a été soumise après les attentats de 2001 ? » (p. 52 et p. 189).

 

  • Dans cette logique de « la violence en miroir », du « eux et nous », l’auteur analyse aussi la vision de l’islamisme fondamentaliste. Il présente d’abord les sources et l’évolution de l’islamisme radical en reprenant l’odyssée de Slahi, prisonnier à Guantánamo qui illustre le cadre extrajudiciaire de sa détention. Il mobilise la doctrine de Sayyid Qutb qui se fonde sur une vision théologique et binaire basée sur l’opposition entre l’islam et la jâhiliyya (période préislamique païenne). À partir de ces éléments, Michel Terestchenko dessine les différentes figures de la légitimation du jihad, qui s’appuie également sur une interprétation apocalyptique des « signes de l’Heure » dans le monde contemporain. L’opposition entre les sociétés démocratiques et l’islamisme fondamentaliste s’accentue dans la formule controversée « Justice is done », prononcée par Obama lors de l’exécution de Ben Laden en 2011, à la suite d’une longue traque. S’exprime ainsi l’ambiguïté d’une exécution sans tribunal, d’une justice vouée à la vengeance. La création de Daesh et l’instauration du califat et de la terreur sont alors l’aboutissement d’une peur et d’un rejet de la modernité, d’une frustration colonialiste et post-colonialiste et de la reconfiguration d’une image fantasmée et idéalisée de l’islam. À l’heure d’internet, la « guerre contre le terrorisme » n’est pas une guerre au sens classique, selon l’auteur, car elle ne répond pas aux normes du droit (p. 102) et car elle est déterritorialisée et mondialisée, ce qui en souligne la forme inédite et déstabilisante pour les sociétés démocratiques qui doivent répondre à la menace terroriste et intégriste islamiste.

 

  • Le renoncement aux valeurs qui fondent les démocraties (liberté, égalité, humanité, dignité, justice, etc.) est le piège que dénonce Terestchenko, celui d’une spirale s’alimentant elle-même et qui clôt tout débat ou discussion critique et constructive. Pourtant, ces valeurs sont ce qui est le commun de toute démocratie digne de ce nom, dans son idéal si ce n’est toujours dans les faits. Le philosophe rend compte des perspectives et des aspirations de chaque partie en les contextualisant afin de rendre plus intelligible les positions des belligérants. La tendance actuelle des politiques occidentales est de préserver la vie de leurs soldats (sous l’influence des opinions publiques, qui refusent de les voir mourir) et d’utiliser des drones pour donner la mort à distance dans le camp ennemi. Les principes et les valeurs qui font le socle historique des démocraties vacillent avec une politique de plus en plus sécuritaire (en France, la polémique relative à la loi sur le renseignement en témoigne) et ce vacillement ne peut que reconduire la violence, sans aucun règlement possible. D’ailleurs, c’est par un appel à une autre politique possible que se conclut le livre, rappelant ces valeurs et principes essentiels qui constituent le « pacte du convivialisme » (p. 189) promu par le philosophe et sociologue Alain Caillé. Celui-ci propose « un art de vivre ensemble (con-vivere) qui valorise la relation et la coopération, et qui permette de s’opposer sans se massacrer, en prenant soin des autres et de la Nature » (p. 194).

La nouveauté du propos est certes de vouloir sortir de cette opposition aussi stérile que meurtrière mais surtout d’en montrer le sens et la dynamique métaphysique. Car la violence sans fin qui est ainsi engendrée devient structurante et, en retour, atteint l’essence des valeurs et des principes de la démocratie inspirant le droit. Terestchenko met donc en exergue la « capacité à résister » à ce piège, comme la capacité des démocraties avec ses institutions et la mobilisation des citoyens à lutter contre le terrorisme, tout en réfléchissant en profondeur et en critiquant les formes qui contredisent ses valeurs les plus fondamentales.

Source : Compte rendu de Manuel Sanchez

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5 janvier 2018 Madissertation

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