Trop de questions me parviennent sur la façon d’aborder l’épreuve d’histoire au concours d’entrée à Sciences Po…Ceci montre véritablement que cette épreuve passe pour la plus compliquée. C’est vrai, en raison d’un volume important de révision à consentir. Or vous faites erreur si vous pensez que seules les connaissances de vos cours vous sortiront d’affaire. Pourquoi ? Parce que la méthode est tout aussi cruciale que le fond des connaissances à retranscrire…En voici quelques repères afin de marquer des points à chaque étape cette méthode…
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D’une manière générale…
On attend du candidat de la rigueur, de la capacité à organiser sa pensée en opérant des choix d’idées adéquates pour bâtir une réelle réponse à la question posée. Donc posez-vous toujours la question suivante : cette partie, ce paragraphe, cette idée donnent-ils un sens à ma réponse ou à une réponse possible ?…
Cette épreuve, tout comme celle de question contemporaine ou une épreuve de dissertation de culture générale, est une composition qui permet au candidat de montrer qu’il sait analyser et problématiser un sujet. Donc il s’agit bien avant tout de réaliser une démonstration qui sera basée sur vos connaissances que vous montrerez maîtrisée car elles seront nécessairement organisées dans un raisonnement.
Sur la forme : pour répondre, vous devrez bien entendu rédiger une introduction, un développement en plusieurs parties structurées et équilibrées et enfin une conclusion.
Sur le fond : Les correcteurs savent bien que le programme est ample, les candidats de plus en plus surchargés par une année de terminale de plus en plus exigeante. Ils vous attendent donc sur des essentiels du cours et non le détail qui si il apparaît juste est valorisé pour le candidat. Par exemple pour un sujet sur « Les guerres israélo-palestiniennes », le jury attend de vous au moins :
- une mise en perspective du contexte de ces guerres ;
- quelques récits mêmes courts de ces conflits avec leurs dates, quelques dates-clefs durant les conflits et quelques noms-clefs (d’acteurs, d’organisations, de lieux…), puis quelques éléments de bilan…
- Enfin et comme pour la plupart des événements, des conséquences de ces conflits sur le plan mondial ou régional.
Concernant les sujets de composition un ajustement est à noter à partir de 2018: Toujours étroitement corrélés aux questions du programme, les sujets de composition pourront, dans leur libellé, introduire une dimension de transversalité en faisant appel à plus d’un item du programme et/ou en suggérant une orientation problématique. Il s’agit donc bien pour vous de concevoir votre composition comme une démonstration organisée venant répondre à une question posée, et de tenter d’éviter la récitation de fiches thématiques toutes préparées.
2. Evitez le catalogue, le vrac…
Rappelez-vous, on veut savoir si vous savez analyser et problématiser un sujet et non si vous savez apprendre et retenir des cours. Ce n’est donc pas un exercice de récitation et ceci constitue l’erreur la plus répandue dans une bonne partie des copies rédigées.
Il faut passer le cap de la terminale et c’est un cap à passer, certainement le plus difficile. ou la récitation, même savante, sont parfaitement stériles. L’érudition est au service de la démonstration.
3. Les termes du libellé
C’est un moment beaucoup moins difficile qu’en épreuve de question contemporaine mais à ne pas négliger. En effet les libellés du type « La guerre d’Algérie » ou « Les Etats-Unis et le monde depuis 1945 » ou encore « La place des femmes dans la société française au XXe siècle », « Berlin dans la Guerre froide (1945-1989) »… parlent d’eux-mêmes.
Cependant n’extrapolez pas le sujet. Ainsi, un sujet tel que « La guerre d’Algérie » n’est pas « La guerre d’Algérie et la vie politique française » ou encore «Les Etats-Unis et le monde depuis 1945 » n’est pas « La puissance américaine »…
Soyez prêt à définir tous les termes du sujet. Pendant votre préparation, préparez-vous des mots clés déjà définis comme Nations, Etats, République, Démocratie, civilisation, Société, Croissance, Crise, Régimes, Mondialisation, Guerre Froide, Proche Orient, Moyen Orient…
Les articles de la rubrique « Définitions » vous aideront beaucoup à avoir déjà une base de travail sur cet aspect. C’est ICI…
4. Problématique ? Oui même en histoire !
Votre devoir doit être une réponse à un problème posé par le sujet. En histoire, la problématique est souvent plus simple à faire ressortir qu’en épreuve de dissertation de culture générale mais s’il n’y a pas de problématique alors vous ne marquerez pas de point…
Exemple avec ce sujet : la droite française sous la Ve République. Ici il ne faut pas se contenter de les décrire et de montrer son évolution… mais de montrer en quoi la droite en France est problématique sous la Ve République : car en effet en vous appuyant sur vos connaissances vous pouvez démontrez qu’il n’existe pas une droite, mais deux droites tout au long de la Ve République et que ses divisions, que cela va à l’encontre d’un esprit républicain, puis que ces divisions ont provoqué sa défaite électorale (divisions des électeurs, émergence du FN, apparition du RPR..).
Sur un sujet comme celui du Proche et Moyen orient depuis 1945, la problématique peut être liée à comment une région peut être aussi complexe ou pet engendrer autant de conséquences sur le plan international, et faire du XXe siècle un siècle de conflits ?
Si vous ne faites pas cette démarche, alors votre développement sera « fade » aux goûts du correcteur et les points aussi seront « fades »…
5. Avoir un développement clair et sobre…
Un bon développement est un développement allant à l’essentiel, sans effets rhétoriques tout en soignant l’expression : clarté de la langue et de l’écriture, vigilance orthographique.
Si la qualité de l’orthographe, de la syntaxe ou de la lisibilité est nettement insuffisante, les correcteurs en tiennent compte dans la note. une relecture est donc indispensable pour pallier ces lacunes.
Celui-ci doit être construit au travers de faits majeurs et de petits nombres d’analyses mêmes très générales. Rappelez-vous que ce n’est pas une épreuve de récitation !
Enfin, si vos idées majeures sont argumentées, c’est-à-dire appuyées de faits datés, de données chiffrées, de situations expliquées, de noms d’acteurs individuels ou collectifs, de lieux, alors vous gagnerez de précieux points qui feront la différence.
Pour structurer le développement, usez des transitions qui permettent de voir comment vos idées sont liées. Elles permettent de faire comprendre vos idées et les rappellent aux correcteurs.
Un article sur la façon de les construire se trouve ICI.
Enfin le développement type avec un plan type n’existe pas, Il est même souvent possible d’envisager plusieurs plans pour un même sujet. Chaque partie doit correspondre à une idée directrice formulée sous la forme d’une phrase simple et claire. Le plan choisi doit être organisé et doit surtout permettre d’apporter une réponse à la problématique posée dans la conclusion.
6. Comment réussir votre préambule…
L’introduction constitue un moment hautement stratégique de par le fait qu’elle donne une première impression, qu’elle attire l’attention du lecteur sur votre rigueur et votre style. Sa fonction est d’introduire le sujet au travers du préambule, une analyse des termes du sujet, une problématique puis enfin l’annonce du plan retenu.
Le préambule place d’emblée chez le correcteur une bonne ou mauvaise impression et comme l’on dit parfois, une fois que celle-ci est faite… il est compliqué de la faire changer…
Apportez des citations, des faits actuels (mais en lien avec la période ou le thème) voire de l’époque permettant de montrer l’importance du sujet. Pour un sujet sur le Moyen Orient par exemple, accrocher avec la crise syrienne actuelle est approprié. De même pour la crise nord-coréenne actuelle si le sujet est lié à la Chine ou aux Etats-Unis voire l’Asie…
7. Ne pas bâcler la conclusion…
La conclusion constitue comme l’introduction un moment stratégique du devoir. A la différence de beaucoup d’autres concours, la conclusion dans les épreuves de Sciences po n’est forcément liée à une ouverture. Donc ne vous tracassez pas avec cela et faites comme bon vous semble car il n’y a pas d’obligation….
Donc, partant de ce constat, la conclusion devra être vraiment des pistes de réponse aux problèmes soulevés, à la problématique posée. Nécessairement brève, elle synthétise plus ou moins les idées majeures du développement.
J’espère vous avoir éclairé davantage alors bonne chance et bon courage… !