Le regain de conflits et tensions que connaissent le Proche et le Moyen-Orient depuis plusieurs années, pourraient bien être une source d’inspiration pour le sujet d’histoire du concours commun pour 2018…Voici donc matière pour traiter ce thème que nous développons en 3 parties et dont voici la dernière dédiée aux conflits israélo-arabes, toujours causes de tensions dans cette région.

 

  1. Le conflit israélo-arabe

Peu de conflits ont suscité une telle passion, probablement du fait de sa longueur et des enjeux mémoriels et géopolitiques qu’ils impliquent.

 

3.1   La naissance de l’État d’Israël

À la fin du XIXème siècle, dans un contexte de plus en plus marqué par l’antisémitisme en Europe, avec des pogroms en Russie par exemple, ou l’affaire Dreyfus en France, se développe une idéologie nationaliste parmi les diasporas juives, le Sionisme, dont l’idéologue fut Théodor Herzel.   Le Sionisme préconisait la création d’un État juif en Palestine alors sous contrôle de l’Empire Ottoman. Sionisme veut dire retour à Sion, le mont Sion est l’une des collines de Jérusalem, et par extension le nom désigne la ville de Jérusalem.

Un « Fonds pour l’implantation des Juifs » est alors crée pour acheter des terres en Palestine et des Juifs commencent à s’installer en Palestine.

En 1917, la Déclaration Balfour qui promettait la création d’un foyer national juif et les Britanniques promettant aux Arabes de s’y installer créèrent de fortes confusions et tensions parfois violente dans cette région de Palestine.

Le génocide des Juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale renforce encore la légitimité d’un État juif et en novembre 1947, l’ONU par la résolution 181 prévoit le partage de la Palestine en deux États, arabe et juif. La ville de Jérusalem étant placée sous le contrôle de l’ONU.

Le 14 mai 1948, le mandat britannique prend fin et Israël proclame son indépendance. Les États arabes qui ont refusé le partage de l’ONU entrent en guerre contre Israël. Les pays

arabes sont vaincus. Israël est le principal bénéficiaire de ce conflit. Israël augmente son territoire de 40% et occupe 78% du territoire de la Palestine, et notamment l’Ouest de Jérusalem.

Le reste du territoire de la Palestine est occupé par les pays arabes voisins. L’Égypte occupe Gaza et la Jordanie (Transjordanie) occupe le Cisjordanie. De nombreux palestiniens se réfugient dans les Etats voisins comme le Liban et la Transjordanie.

3.2   De nombreux conflits avec les pays arabes

La création d’Israël en 1948 dans la région de Palestine, à la suite du plan de partage de l’ONU, n’est pas acceptée par les pays arabes, qui refusent de reconnaître le nouvel État : 1ere guerre israélo-arabe (1948-1949).

En 1956, Israël s’allie en secret avec la France et le RU lors de la crise de Suez et occupe provisoirement le désert du Sinaï. L’échec de la France et du RU du fait des pressions des EU et de l’URSS l’oblige à rendre ce territoire égyptien.

En 1967, Israël, s’estimant menacé, déclenche une guerre préventive contre les pays arabes voisins. C’est la Guerre des 6 Jours. La victoire d’Israël est foudroyante. Israël occupe alors le Sinaï égyptien, le Golan syrien, et surtout les territoires palestiniens de Cisjordanie, dont Jérusalem Est,   et Gaza.

guerre préventive à l’initiative d’Israël qui en 6 jours écrase l’Egypte et la Syrie. Israël gagne car elle détruit les aviations au sol. C’est un « miracle ». L’ONU édite la résolution 242 et Israël doit se retirer des territoires occupés.
En 1967, la ligue arabe signe un engagement avec Israël qu’ils ne respectent pas :
– pas de paix
– pas de négociation
– pas de reconnaissance

La Cisjordanie, Jérusalem Est Gaza sont appelés les territoires occupés. Malgré des résolutions de l’ONU, Israël refuse de rendre ces territoires. Israël exige au préalable la reconnaissance de son existence par les pays arabes et refuse d’appliquer la résolution 242 de l’ONU, qui prévoit le retrait des territoires occupés.

: Au terme d’une guerre qui a duré six jours et qui a fait 3 000 blessés et 750 morts du côté israéliens et environ 20 000 morts du côté arabe (10 000 morts égyptiens, 6 000 morts jordaniens), Israël annexe donc le Sinaï égyptien et la bande de Gaza sous administration égyptienne, la Cisjordanie annexée par la Jordanie depuis 1950 ainsi que Jérusalem-Est et le Golan syrien. Cette annexion est accompagnée de déplacements de populations, qui sont expulsées des territoires conquis.

Contrairement à la crise de Suez de 1956, les Etats-Unis ne vont pas exercer de pressions pour qu’Israël se retire des territoires acquis. L’URSS pour sa part condamne Israël et rompt ses relations diplomatiques avec lui. Répondant aux liens mis en place entre les Etats-Unis et Israël, Nasser se tourne vers l’URSS qui lui envoie des conseillers et une présence militaire.

En outre, il propose à la marine soviétique des facilités dans les ports égyptiens. En plus de l’Egypte, les autres Etats arabes réagissent. Le 1er septembre 1967 se tient le sommet de Khartoum, autour des ministres arabes des Affaires étrangères. Il est notamment décidé de :

– ne pas procéder à la paix avec Israël,

– ne pas se réconcilier avec lui,

– ne pas reconnaître l’Etat d’Israël.

Un peu plus tard, en octobre, le Conseil de sécurité de l’ONU procède au vote d’une résolution. La résolution 242 du 22 novembre 1967 décide du :

  • retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés lors du récent conflit ;
  • la cessation de toutes assertions de belligérance ou de tous états de belligérance et respect et reconnaissance de l’intégrité territoriale et de l’indépendance de chaque Etat de la région et de son droit de vivre en paix à l’intérieur de frontières sûres et reconnues à l’abri de menaces ou d’actes de force ;
  • de garantir la liberté de navigation sur les voies d’eau internationales de la région ;
  • de réaliser un juste règlement du problème des réfugiés, – de garantir l’inviolabilité territoriale et l’indépendance politique de chaque Etat de la région par des mesures comprenant la création de zones démilitarisées.

La résolution est acceptée par l’Egypte, la Jordanie et le Liban et est refusée par la Syrie et par les Palestiniens.

Le 6 octobre 1973, lors de la Guerre du Kippour, les pays arabes, et notamment l’Égypte, lancent une attaque contre Israël qui remporte la victoire, mais au prix de grandes difficultés. Les pays arabes exportateurs de pétrole, membres de l’OPEP, réalisent en embargo sur la vente de pétrole, pour faire pression sur les pays occidentaux, cela provoque une forte hausse des prix, c’est le premier choc pétrolier.   Pour Égypte, c’est la récupération de l’honneur perdue.

Le jour du Kippour où les israéliens ne peuvent religieusement rien faire, l’Egypte et la Syrie attaquent. Israël, au départ, est mal engagé mais redresse la situation. Sadate (président égyptien) doit faire ses preuves avec la guerre du Kippour, même par une défaite. Sadate signe, au détriment de la ligue arabe, les accords du Camp David en 1978 et reconnaît ainsi Israël.

Le Président égyptien, Sadate, successeur de Nasser veut profiter des circonstances pour faire la paix avec Israël.

En 1977, Sadate réalise un voyage historique à Jérusalem. Cela débouche sur les Accords de Camp David signé en 1978 entre l’Égypte et Israël, sous l’autorité des EU.

Les résultats furent à la fois réels et limités. L’Égypte récupéra le Sinaï et l’existence d’Israël fut reconnue pour la première fois par un pays arabe.

La guerre du Kippour a également des répercussions sur le plan économique. Le 17 octobre à Koweït, les Etats arabes producteurs de pétrole décident de réduire de 5% leur production pétrolière jusqu’à ce qu’Israël rendent les territoires pris en 1967. Puis un embargo est décidé contre les Etats-Unis le 20 octobre à la suite de l’aide militaire apportée à Israël dès le 14 octobre. Les conséquences sont une hausse du pétrole (été 1973 : 3,07 dollars le baril, 20 octobre 1973 : 18 dollars le baril) : c’est le premier choc pétrolier.

Cependant, les accords concernant l’autonomie des territoires occupés de Cisjordanie et de Gaza ne sont pas respectés par Israël. Les Palestiniens qui n’avaient pas été associés aux négociations refusaient de toute façon une simple autonomie. Les Israéliens poursuivent leur politique de colonisation dans les territoires occupés. Sadate est considéré comme un traitre par les autres pays arabes. Il est assassiné par des militants islamistes le 6 octobre 1981.

 

3.3   La question palestinienne de 1948 à nos jours
a)

La création de l’État d’Israël et la défaite de 1948 provoque ce que les Palestiniens vont nommer la Nakhba «   la catastrophe ». 750 000 Palestiniens quittent les territoires contrôlés par Israël, plus de 500 villages palestiniens sont détruits. De nombreux palestiniens se réfugient dans les États arabes voisins où ils sont parfois toujours installés.

b)

Une solidarité arabe concernant le droit des Palestiniens existe. La question palestinienne concerne également la politique intérieure des États arabes qui ont reçu de nombreux réfugiés et qui peut entrainer des scénarios de déstabilisation. Ainsi, en Jordanie en 1971, lors des évènements de « Septembre Noir »,   le roi Hussein réprime durement les mouvements palestiniens installés dans son pays, ces derniers étaient devenus assez puissants pour pouvoir contrôler le pays.

Lors de la guerre civile au Liban entre 1975-1989, les palestiniens jouent un rôle important. D’ailleurs pour en terminer avec les attaques menées contre le Nord d’ Israël depuis le Liban, l’armée israélienne envahit le Liban en 1982 et remonte jusqu’à Beyrouth pour détruire le mouvement palestinien dans ce pays. Des milices chrétiennes alliées d’Israël massacrent des centaines de Palestiniens dans les camps de Sabra et Chatila alors que les troupes israéliennes encerclent le camp. Les palestiniens avaient crée en Jordanie et au Liban un véritable État dans l’État.

c)

Le temps du terrorisme

La résistance palestinienne s’organise peu à peu, une identité nationale se construit peu à peu dans la lutte. Une Nation sans État naît. En 1959, Yasser Arafat crée le Mouvement de Libération de la Palestine, le Fatah. L’année 1964 voit la fondation de l’OLP, l’Organisation de Libération de la Palestine, qui regroupe diverses organisations, dont le Fatah.

En 1968, le Fatah contrôle l’OLP et Arafat devient on chef en 1969. En 1967, la création du FPLP, radicalise encore la lutte. Le mouvement palestinien utilise alors l’arme du terrorisme. Des détournements d’avion, des attentats et des prises d’otages. L’action la plus spectaculaire fut la prise d’otages de 9 athlètes israéliens lors des Jeux Olympiques de Munich en 1972. L’action menée par le commando palestinien Septembre Noir se termina par un bain de sang.

La lente évolution du terrorisme à la bataille juridique

En novembre   1974,   l’ONU reconnaît l’OLP comme le représentant légitime du peuple palestinien et devient observateur à l’ONU. L’OLP a consolidé sa position d’interlocuteur essentiel.   L’OLP met alors en place une stratégie complexe qui associe la poursuite d’actions terroristes et à partir de 1987 d’une forme très particulière de combat, l’Intifada ou guerre des pierres, un soulèvement de la population dans les territoires occupés.

L’Intifada permet de rendre plus positive la cause palestinienne dont l’image s’était dégradée du fait des actions terroristes. D’ailleurs, en 1988 l’OLP condamne le terrorisme et admet des frontières sûres et reconnues pour Israël. C’est la possibilité ouverte à l’existence de deux États.

Le changement de stratégie de l’OLP peut s’expliquer de diverses façons. Tout d’abord l’échec du terrorisme et enfin l’apparition en 1987 d’un mouvement islamiste palestinien le Hamas qui prône la destruction d’Israël. C’est une fracture profonde entre les Palestiniens avec d’un côté les Nationalistes de l’OLP et de l’autre les Islamistes du Hamas. Face à cette fracture l’OLP veut apparaître comme l’unique interlocuteur légitime.

En 1991, la fin de la Guerre Froide et la Première Guerre du Golfe permettent aux EU de consolider leur position dans la région et de lancer un ambitieux plan de paix qui va aboutir en 1993 aux Accords d’Oslo et à la fameuse poignée de main à Washington le 13 septembre entre le Premier Ministre israélien Yitzhak Rabin et Yasser Arafat. Israël et l’OLP se reconnaissaient mutuellement et une Autorité Palestinienne est créée, laquelle commença à exercer un pouvoir autonome sur les territoires occupés de Cisjordanie et de Gaza.

L’Autorité palestinienne qui se mit en place était vue comme un État en gestation et les Accords auraient dû aboutir à l’existence de 2 États souverains. Cependant très vite, les Accords montrèrent leurs limites. En 1995, Rabin est assassiné par un extrémiste juif. Ses successeurs sont moins favorables au processus de paix. En 2000, le Président des EU Clinton essaye en vain de le relancer. En 2000. Face à cet échec une deuxième Intifada est lancée.

Depuis la situation est bloquée. Israël poursuit sa politique de colonisation en Cisjordanie, laquelle fragmente toujours plus ce territoire et compromet la viabilité d’un futur État palestinien. À partir de 2005, la construction d’un mur entre les colonies israéliennes et les territoires peuplés de Palestiniens en Cisjordanie compliquent encore plus la situation. (Voir photo) Le statut de Jérusalem contribue au blocage de la situation, pour les Palestiniens et les Israéliens cette ville a une dimension mémorielle, sacrée et identitaire considérables. Chaque camp veut en faire sa capitale. Des affrontements sont fréquents par exemple sur l’esplanade des mosquées ou se trouvent le Mur des Lamentations, le Dôme du Rocher et la Mosquée d’Al Aqsa.

De plus le mouvement palestinien est de plus en plus divisé. Le mouvement palestinien est passé d’une Nation sans État, à un État en gestation sans Nation. En 2007, le Hamas prend le pouvoir à Gaza. Les relations sont très tendues avec l’OLP qui contrôle la Cisjordanie et provoquent des affrontements   meurtriers. Le Hamas mène une politique d’attentats suicides   et lance des roquettes contre Israël qui réplique par des bombardements, des assassinats de dirigeants du Hamas ou parfois des opérations militaires de grande envergure, comme l’opération «   Plomb Durci » nommée également Guerre de Gaza en décembre 2008- Janvier 2009.

La mort de Yasser Arafat en 2004 voit l’arrivée au pouvoir de Mahmoud Abbas à la tête de l’Autorité Palestinienne. Ce dernier insiste sur un processus de reconnaissance internationale qui devrait aboutir à la création d’un État palestinien indépendant. L’autorité palestinienne devient membre de l’Unesco en 2011 et État observateur non membre de l’ONU depuis 2012. Cependant cette politique se heurte au refus d’Israël de toute négociation.

Le conflit israélo-palestinien continue à fragiliser la région

Accords d’Oslo 1993 = création de l’Autorité palestinienne mais échec de la création d’un État palestinien (car : poursuite de la colonisation israélienne dans les Territoires occupés, poursuite des actions terroristes palestiniennes, revendications sur Jérusalem) Division du mouvement palestinien entre l’Autorité palestinienne qui contrôle partiellement la Cisjordanie et le mouvement islamiste Hamas, né en 1988 et refusant l’existence de l’État israélien, qui contrôle Gaza.

Le conflit de l’été 2014 montre l’impasse actuelle des négociations entre Israël, l’Autorité palestinienne et le Hamas.

 

Conclusion

Le Proche et Moyen Orient est, depuis 1945 voire bien avant, une terre de conflits marquée par de multiples fractures nationales, identitaires et religieuses. Les multiples enjeux géopolitiques et en termes de ressources renforcent l’instabilité de cette région du monde.

Ces conflits sont aussi à résonance internationale en raison des rivalités de puissance : Guerre Froide à une époque, Etats-Unis face à la Chine, la Russie ou l’Iran ensuite…Mais ces conflits sont également à résonance internationale en raison de certains enjeux qui focalisent l’attention de la communauté internationale : enjeu économique lié au poids sur le marché pétrolier mondial, enjeu symbolique d’une région où sont nés les trois monothéismes, enjeu stratégique lié à la naissance d’une nouvelle menace mondialisée, le jihadisme…

Le conflit Israélo-arabe depuis 1948 et plus récemment les révolutions du « Printemps arabe de 2011, puis la crise Syrienne et le conflit en Irak manifestent la permanence des tensions dans cette région du monde. Ces événements actuels confirment une fois de plus la situation de la région comme « zone la plus belligène du monde » (G.Mutin).