Aborder le thème de l’Europe est vaste, c’est la raison pour laquelle cet article rassemble une approche historique de trois chapitres : l’Europe de l’Ouest de 1945 à 1989, les démocraties populaires de l’Est de 1945-1989, puis les enjeux européens depuis 1989.

L’ensemble forme donc un tout très complet pour vos révisions mais chaque partie peut aussi être indépendante des autres. Un article déjà rédigé sur complétera celui-ci.

Introduction

Le continent européen sort dévasté de la 2 guerre mondiale. Les Etats sont confrontés au défi de la reconstruction, mais aussi de la division entre Ouest et Est. Pendant un demi-siècle, on assiste donc à une formidable reconstruction et modernisation à l’Ouest qui passe par un processus d’unification progressive d’un côté, et de l’autre l’Est est associé par la force à l’URSS. Le continent européen est donc un enjeu premier de la Guerre froide (c’est d’ailleurs seulement en Europe que le conflit reste « froid »).

Problématiques possibles : Comment et pourquoi le continent européen est-il un enjeu de guerre froide ? Comment s’organisent les deux Europe ?

Mais à partir de 1989, date symbolique avec la chute du mur de Berlin, l’Europe espère trouver enfin une unité qui estompe les divisions. L’élargissement de l’UE en fait un acteur important de la mondialisation actuelle et c’est une aire de puissance essentielle. Son poids économique est déterminant dans le monde actuel, même si de nouveaux acteurs émergents la concurrencent dans bien des domaines. Il faut donc analyser les évolutions économiques et les répercussions de celles-ci sur l’organisation du territoire européen.

Problématiques possibles : Quels sont les facteurs de la puissance économique de l’UE ? Comment ce territoire s’organise et comment trouver une cohésion politique économique, sociale et territoriale ? Quels sont alors les enjeux européens de 1989 à nos jours ? Comment assiste-t-on à un processus d’unification qui regroupe pour le moment 27 pays ?

Car l’UE aujourd’hui semble devoir reformuler l’ensemble du projet, tant les hésitations et les critiques sont nombreuses, d’autant que des pays composant l’UE doivent faire face à une grave crise économique qui a des répercussions sur l’ensemble. Il y a donc une véritable géographie de l’Europe à géométrie variable. Certains territoires sont a priori plus protégés, comme l’Europe rhénane, souvent considérée comme « l’épine dorsale » du continent. Comment se place cet ensemble dans la recherche actuelle et future d’une meilleure cohésion territoriale (mission de l’UE depuis 2007, traité de Lisbonne ?

1. L’Europe divisée est un enjeu de la Guerre froide (1945-1989)

En 1945, le continent est dévasté et il apparaît très vite comme un enjeu de la Guerre froide naissante.

1) Un bilan trop lourd : Ce sont les victimes civiles qui sont sur le continent les plus nombreuses, avec bombardements, massacres, déportations, extermination. En conséquence, pénurie alimentaire après 1945, maladies.

Infrastructures détruites, ex.70% des villes allemandes.

Le territoire est souvent occupé, avec présence soviétique et américaine. Quelques lieux sont symboliques des affrontements : Berlin qui est divisé en quatre, et en Allemagne, rôle de la dénazification.

2) Des divisions fortes : Dans les territoires libérés par l’Armée rouge, volonté de prise de pouvoir par les communistes « rideau de fer », car certains pays sont un enjeu et surtout tous n’acceptent pas volontairement de devenir allié des Soviétiques.

Les Alliés prennent conscience de la volonté d’hégémonie communiste, réactions américaines. A partir de 1947, les pays européens sont obligés de choisir leur camp, des crises crispent les positions (coup de Prague/ blocus de Berlin). On a donc une Europe coupée en deux.

Dans cette période, on a surtout un processus de modernisation, d’unification et aussi de démocratisation progressive. L’Europe devient un espace de paix, unifié par un projet commun et allié aux Etats-Unis.

  1. Pourquoi et comment la construction européenne ?

Le projet ancien d’union entre les pays européens renaît après 1945. Il s’agit avant tout de trouver le moyen d’assurer les conditions nécessaires au maintien durable de la paix. Le projet est soutenu par les Etats-Unis qui offre également un cadre unitaire (OECE ou OTAN) mais acquière peu à peu une autonomie vis-à-vis de l’allié américain.

La vision est avant politique, puis économique, non l’inverse. Des premières réalisations fournissent un cadre :

  • Le Conseil de l’Europe : s’occupe de la démocratie et des droits de l’H., 1949, doté d’une assemblée, et la convention des droits de l’Homme devient référence.
  • La CECA : Communauté européenne de l’acier et du charbon, regroupe 6 pays (Benelux, France, RFA, Italie)1951.

Quelles valeurs : démocratie pluraliste/préservation des droits naturels/paix D’autres projets sont stoppés comme celui de la CED, Communauté Européenne de Défense, dont le but était de constituer une armée européenne, à cause de la France (1954). Cela explique que les étapes suivantes se soient concentrées sur l’économie.

  1. Les étapes de 1957 à 1989 (voir article sur l’élargissement européen)
  • Traité de Rome : traité fondateur de la construction. Celui-ci favorise la mise en place d’un marché commun, rapprochement économique, la CEE apparaît (Communauté économique européenne.

Les 6 pays fondateurs dotent par ce biais leur économie, en pleine croissance des Trente Glorieuses, quelques secteurs phares comme la PAC ou le nucléaire (Euratom).

Plusieurs nouveaux pays rejoignent l’union ensuite : 1973, Danemark/Irlande/GB ; 1981 : Grèce/1986 : Portugal et Espagne.

La CEE ne peut accueillir que des démocraties et ce processus de construction a donc favorisé la disparition des dictatures de l’Europe du Sud (ou au moins accompagné).

Les différentes initiatives fusionnent, avec dorénavant un Conseil unique, une Commission unique et un parlement élu au Suffrage universel à partir de 1979.

On assiste à un approfondissement : Signature des accords sur la libre circulation des personnes (Schengen) et en 1986 = l’Acte unique qui prévoit un marché commun et une monnaie uniques.

Le couple franco-allemand est moteur durant cette période, même si parfois les autorités françaises freinent certaines initiatives comme avec la présidence de Gaulle : il aspire en effet à une Europe des Etats tout en étant favorable à la construction, mais en accordant la place ultime à la souveraineté nationale. Mais plusieurs positions se disputent sur ce point l’espace public : fédéralisme ? suprationalité ? élargissement ? Approfondissement ?

Dans un contexte réel de réussite, ces questions alimentent le débat et les initiatives sans en freiner la réalisation. L’Europe unie attire et devient un acteur clé des relations économiques mondiales.

Collectivement et individuellement, les pays membres se développent davantage grâce à la CEE. En 1989, on souhaite aller plus loin et réunir davantage de pays. L’ouverture de l’Est du continent offre de nouvelles perspectives.

Dates clés de l’Europe

 

Focus personnages clés

1876-1967 Homme d’état allemand, de centre droit, premier chancelier en 1949, conserve ce poste durant 14 ans, un des artisans de la construction européenne en favorisant le couple franco-allemand

1888-1979 Haut fonctionnaire français, un des artisans de la reconstruction de la France après 1945, à l’origine ensuite de la CECA, ce qui en fait un des « pères de l’Europe ».

1886-1963 Homme politique français, de centre droit, souvent ministre durant la IVe république initiateur avec Monnet de la CECA.

1925- Homme politique français, du parti socialiste ; nommé président de la commission européenne en 1985, y reste jusqu’en 1995. Rôle essentiel dans le projet européeen.

L’expression « pères fondateurs » est employée pour désigner Monnet, Schuman, Adenauer, ainsi que le Belge Spaak, l’Italien de Gasperi, le Luxembourgeois Bech et le Néerlandais Beyen.

 

Entre 1948 et 1989, l’Europe de l’est est placée sous l’influence de l’Urss. C’est le temps des « démocraties populaires », c’est-à-dire des régimes qui s’apparentent à des dictatures calquées sur le modèle du grand frère soviétique.

 

Ce nouveau type de régime se met en place rapidement, l’Urss imposant en quelques mois l’adoption de son modèle politique et économique. Le semblant de démocratie qui a entraîné l’adhésion au communisme est très vite oubliée, les opposants sont amenés au silence et de nombreux procès politiques se déroulent pour forcer à une adhésion sans faille.

a) Des tentatives d’émancipation

Dans les années 1950, plusieurs événements montrent que la domination soviétique peut être remise en cause, et n’est pas acceptée par la population des démocraties populaires.

  • 1953, révolte ouvrière à Berlin Est= répression
  • 1956, révolte en Hongrie= très forte répression
  • 1968, révolte en Tchécoslovaquie= très forte répression

Mais ces révoltes entraînent une opposition de plus en plus importance, qui ne s’exprime que dans le domaine politique. D’autres pays ont une évolution différente pour tenter de concilier l’influence soviétique : si la RDA devient le « bon élève », la Roumanie par exemple cherche à rassembler influence soviétique et influence nationale.

Le printemps de Prague a laissé des traces durables dans tous les pays de l’Europe de l’Est. L’opposition est de moins en moins contrôlable. L’exemple de la Pologne est dans ce domaine particulièrement parlant : multiplication des grèves et des syndicats libres , influence de l’Eglise et leaders d’opposition charismatiques comme Walesa ou Jean-Paul II.

Le pouvoir est obligé de prendre en compte cette nouvelle forme d’opposition. Mais surtout le modèle est à bout de souffle et l’arrivée au pouvoir de Gorbatchev permet aux pays de l’Europe orientale d’accéder à une réelle indépendance à partir de 1989.

b) Une notion clé : la société civile

L’action de la société civile dans la disparition des démocraties populaires a été déterminante. On désigne habituellement sous cette expression l’ensemble des personnalités qui ne sont pas issues de l’appareil étatique, donc indépendantes de l’Etat et du pouvoir en place. Son objectif est d’obtenir le droit d’exprimer des opinions et des souhaits dans le domaine politique, économique ou culturel. Cette forme de résistance au pouvoir en place a surtout été incarnée par le mouvement de la Charte 77, autour de Havel, ou encore de Solidarnosc en Pologne. En dépite de l’action répressive, ces mouvements ont continué d’exister. L’action non-violente était privilégiée. Souvent, de tels mouvements ont eu un impact international, et ils ont reçu de l’aide et une reconnaissance en Occident.

 

Dates clés de l’Europe

 

Focus personnages clés

1921-1992 Homme politique tchécoslovaque et militant communiste. Il accède à la tête du pays à la fin des années 1960. Son programme, «   le socialisme à visage humain » implique davantage de libertés individuelles et une émancipation vis-à-vis de l’Urss. Un des acteurs du Printemps de Prague, obligé de démissionner.

Né en 1936 Intellectuel et homme de théâtre, entre en dissidence après le Printemps de Prague, inspirateur de la Charte 77. Elu président de la République en 1990 de la Tchécoslovaquie, puis de la République tchèque 1993-2003.

1912-1994 Homme politique de la RDA, il est à la fois le parfait dirigeant d’une démocratie populaire et le fossoyeur involontaire de la RDA. Très hostile aux réformes, il ne peut pas contrôler les évolutions de son pays qui mènent à la chute du mur et à la réunification des 2 Allemagne.

1892-1980 Dirigeant communiste yougoslave de 1945 à sa mort, il a animé la résistance dans son pays, et a libéré seul son territoire. Rupture avec l’Urss en 1948, il tente ensuite une voie originale.

1943- Homme politique et syndicaliste polonais, un des créateurs de Solidarité. Soutenu par les catholiques, populaire en Pologne et à l’étranger, il accède au pouvoir après 1989.

Dans un prochain article, verrons les enjeux récents de l’Europe : entre élargissement et interrogations sur les missions de l’UE (depuis 1989 jusqu’à nos jours).