L’analyse du sujet sera une étape cruciale à ne pas négliger car vous en déduirez des mots clés. Parmi ceux-là, vous reconnaîtrez bien sûr le mot-clé de votre thème, mais vous devrez prendre soin également de vous attarder sur les autres noms communs importants du sujet…
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Prenons cet exemple : « La ville est-elle toujours un facteur d’intégration sociale ? »
a) Pour le mot-clé de votre thème « la ville ».
Vous avez pu bénéficier de toute la lecture de nos articles pour approfondir toutes les nuances, définitions et concepts de cette notion.
Pour établir un lien entre le sujet et le thème, reprenons l’exemple du libellé ci-dessus : le mot « ville » a pour étymologie le terme provenant du latin « villa » qui exprime la maison rurale. La séparation entre le monde rural et le monde urbain s’effectue à la fin du moyen âge. Rural, ou « ruris » exprime ce qui vient de la campagne. L’urbanité devient alors une qualité, c’est-à-dire quelqu’un de bien civilisé.
Au départ, il n’y avait pas de distinction entre ville et campagne. Tout appartenait à la culture. La culture exprimant tout ce qui est transformé par l’homme au moyen de son travail.
b) Les mots à leurs racines…
Autrement dit, il était intéressant de noter que dans sa racine même, le terme de « ville » n’est pas assimilé à une notion d’intégration, ou en tout cas comme celle-ci se fait au sein d’un monde urbain ou rural. Le sujet proposé est donc logique.
Donc les termes supplémentaires définissent exactement le champ de la dissertation. Dans ce thème sur « la ville », on vous demande de réfléchir sur les aspects de l’intégration sociale, et rien que cela…
Toute argumentation ou idée sur « la ville » qui ne permettrait pas de réfléchir à l’intégration sociale des individus par son aspect urbain ou dans ses évolutions à l’écart du milieu rural, en notant l’aspect quartier, banlieue, périurbain… peut être considéré comme hors sujet.
Cependant, le mot « intégration » peut vous mettre sur la piste de deux ou trois thèmes particuliers : intégration des étrangers, intégration des chômeurs, intégration sociale ou familiale et enfin, rien ne vous empêche de jouer sur les mots et de penser à la « désintégration », c’est-à-dire ce phénomène de l’exclusion, l’inverse d’une « intégration ».
c) Les autres termes.
Certains mots peuvent vous paraître secondaires, mais ils demandent tout de même de l’attention. Ici nous avons « un », sous-entendu « parmi tant d’autres… » et non une notion « d’unique facteur » : cela induit que l’on attend que vous parliez de la ville pour son caractère urbain parmi d’autres facteurs comme le « rurbanisme ». La rurbanisation a des conséquences également néfastes :
• la consommation d’espace,
• la déstructuration des paysages et des valeurs patrimoniales,
• un accroissement désordonné des mobilités, principalement individuelles,
• un accroissement de surcoûts énergétiques,
• un accroissement des difficultés d’accès au logement pour les populations rurales de souche,
• un affaiblissement de la base fiscale des villes centrales
• une augmentation des charges immobilières et des contraintes environnementales pesant sur les populations urbaines.
Mais rappelez-vous, ces effets sont à considérer uniquement s’ils évoquent un rapport évident avec « l’intégration sociale » … A vous de faire le tri selon vos idées.
Enfin le terme de « sociale » devra être pris en compte en montrant également que la ville peut être d’abord vue comme une organisation sociale, un lieu social (article de février 2018) avant tout… Citation de Victor Hugo (1802-1885) : « La rue est le cordon ombilical qui relie l’individu à la société.»
2. Les verbes ont aussi un sens…
- Il s’agit également de se pencher sur les verbes. Ainsi, dans un sujet comme « Les radicalités donnent elles le pouvoir au peuple ? », une grande partie de l’interrogation portait sur le verbe : « donnent-elles ». On pouvait alors se demander si dans cette question, ce n’était pas au peuple de « prendre » le pouvoir, que propose ou rend possible la démocratie. Se pose alors le problème de la participation active, de la résistance, de l’expression du peuple.
- Autre exemple d’association lexicale intéressante : « La ville est-elle en crise ? ». Dans ce sujet, la notion de ville est interrogée sous l’angle de la crise. Le paradoxe est frappant, puisque la définition la plus évidente de la ville (article de février 2018) est celle de l’acteur social, politique, économique et culturel donc porteur d’avenir, d’espoirs…
Ainsi, le sujet vous invite à explorer le paradoxe suivant : la ville « sous son format actuel » est-elle en voie de disparition ?…
- Les verbes « doit-on »/ « faut-il »
Par exemple : « Doit-on avoir peur du radicalisme religieux ? », « Peut-on vivre sans villes ? », « Faut-il une politique de la ville ? »…
La formulation « doit-on » ou « faut-il » vous demande d’évaluer l’opportunité d’effectuer l’action proposée dans l’énoncé. À côté de la confrontation argumentée de principes éthiques ou de concepts philosophiques (liberté, égalité, responsabilité, solidarité, individualité, légalité, légitimité…), ce type de sujet exige également de vous que vous compariez les bénéfices et les coûts de l’action proposée, que vous identifiez les gagnants et les perdants qu’impliquerait sa réalisation. En d’autres termes il faut absolument identifier le « on » de « doit-on ».
Attention : les sujets en « doit-on » ressemblent bien souvent aux sujets en « peut-on ». D’où n’hésitez pas à faire le test : reformulez un sujet « doit-on » en « peut-on » (et vice-et-versa) et regardez si cela modifie le sens de la question…
- La formulation « peut-on » cache en vérité deux types de sujet distincts :
a) « Peut-on parler de/dire que/penser que… »
Par exemple : « Peut-on parler de ville verte» ?
Cette formulation vous demande d’examiner et de confronter les réalités effectives et les limites d’un phénomène donné…
b) « Peut-on faire/autre verbe d’action à l’infinitif…».
Par exemple : « Peut-on associer radicalités et violences ? »
Cette formulation vous demande d’examiner et de confronter les conditions de possibilités et d’impossibilité – logiques, historiques, sociales… de la proposition ou action contenue dans l’énoncé « à quelles conditions peut-on … », et une fois examinées les conditions de possibilités de l’action évoquée, d’en discuter l’opportunité morale ou éthique.
N’oubliez pas notre article également dédié à l’étude du sujet…
Bon courage !