Voici quelques nouveaux conseils de lectures, des problématiques, des films et séries pour vous permettre d’aborder chacun de ces deux thèmes et de vous préparer à repérer les grandes questions qui pourront structurer votre réflexion. Ces documents ne sont pas tous obligatoires, adaptez les à ce que vous trouverez en bibliothèque et privilégiez les formats poche qui existent pour la plupart des ouvrages. Maintenant place au secret…
1. Approche : Le secret
La question du secret nous renverra aussi à celle de la transparence, du secret qui protège ou au contraire qui empêche d’exercer sa liberté en tant qu’individu ou que citoyen.
Il serait judicieux de lire de façon prioritaire « Du mensonge en politique dans Du mensonge à la violence » de Hannah Arendt.
Résumé :
Ce livre, le dernier publié par Arendt, regroupe quatre articles rédigés entre 1969 et 1972. Le regard, tout d’abord d’émerveillement, qu’elle portait sur les États-Unis, est devenu beaucoup plus critique. Le titre original, très différent de celui de sa traduction française, sous lequel elle regroupe ces quatre articles est d’ailleurs sans ambiguïté : Les crises de la république. Il manque malheureusement à ce recueil d’essais de politique contemporaine une introduction ou un épilogue.
Le dernier article que Hannah Arendt consacra aux États-Unis, l’année même de sa mort (1975), peut, à postériori, y remédier.
Aperçu : Les crises qui affectent la République, son gouvernement et ses institutions libérales auraient pu être décelées depuis plusieurs décennies. Depuis le maccarthysme et la ruine d’une fonction publique dont la loyauté et le dévouement était un phénomène relativement nouveau dans ce pays, et probablement l’œuvre la plus marquante du long gouvernement Roosevelt. C’est après cette époque qu’apparut sur la scène des relations internationales « le sale américain » ; on le remarquait alors à peine dans notre pays sinon par son incapacité croissante à corriger ses erreurs et à réparer ses dégâts. Malgré les doutes de quelques observateurs avisés, l’ambiance générale du pays demeurait optimiste et nul n’était préparé, pas même après le Watergate, au récent tourbillon d’évènements dont la force irrésistible a laissé tout le monde, aussi bien les observateurs, qui essayaient de l’analyser que les acteurs qui tentaient de le freiner, pareillement engourdi et paralysé.
Bien entendu, cette avalanche qui nous paralyse est due pour une bonne part à une coïncidence étrange, mais nullement inédite, d’évènements ayant chacun une signification et une cause différente. Évènements énumérés par Arendt. Défaite du Vietnam presque en même temps que la ruine de la politique étrangère des États-Unis : le désastre cypriote, la menace de perdre deux anciens alliés, la Turquie et la Grèce, le coup d’État portugais et ses conséquences incertaines, la débâcle au Moyen-Orient. Ces évènements coïncidaient avec nos multiples difficultés intérieures : l’inflation, la dévaluation, l’état désastreux de nos villes, le taux croissant du chômage et de la criminalité. Ajoutez à cela le Watergate, dont les conséquences, à mon avis, n’appartiennent nullement au passé, les difficultés avec l’OTAN, la quasi-banqueroute de l’Italie et de l’Angleterre, le conflit avec l’Inde, les incertitudes de la détente liées plus particulièrement à la prolifération des armes nucléaires.
Ce qui nous retombe dessus maintenant, c’est une éducation depuis longtemps nourrie d’images, qui ne mènent pas moins vite à l’accoutumance que la drogue. Rien n’a été plus révélateur de la réalité de ce phénomène d’accoutumance, pour Arendt, que la réaction publique et du Congrès face à notre « victoire » au Cambodge. On peut espérer avoir atteint le point le plus bas de l’érosion de l’autorité morale américaine, et de notre confiance en nous-mêmes, à cette heure où la « victoire » sur une des nations les plus petites et les plus démunies de la terre a suffi à réconforter les habitants de ce qui était en effet, il y a seulement quelques dizaines d’années « la nation la plus puissante de la terre ».
Alors que nous émergeons lentement des décombres de ces derniers temps, n’oublions pas ces années d’aberration, de peur de devenir totalement indignes de nos commencements glorieux d’il y a deux cents ans. Quand les faits se présentent à nous, tentons au moins de les accueillir honnêtement. Tentons d’éviter la fuite dans les utopies, les images, les théories, voire les absurdités pures. Car ce fut la grandeur de cette République de répondre de l’homme en ce qu’il a de meilleur et de pire, au nom de la liberté.
Vous pouvez ajouter à celle lecture d’autres lectures allant dans des directions variées:
- Proctor Golden N., Goldon holocaust ou la conspiration des industriels du tabac, Paris, Editions des équateurs, 2014
Cet historien des sciences nord-américain a pu avoir accès aux archives des industriels du tabac et montre comment ils ont développé toute une culture du secret ou du mensonge autour de la cigarette. Les cigarettiers américains ont tenté d’en interdire la publication.
- GRIMBERT P., Un secret, Paris, le Livre de Poche, 2007.
Ce roman autobiographique s’enracine dans les persécutions subies par les Juifs pendant la seconde guerre mondiale (vous pouvez aussi choisir de regarder l’adaptation filmée de ce roman, adaptation réalisée par Claude Miller, avec Patrick Bruel et Cécile de France).
- Nathalie ZADJE, maître de conférences en psychologie a publié Les enfants cachés en France, Paris, Odile Jacob, 2012.
A partir d’une vingtaine de portraits d’enfants cachés pendant la Seconde Guerre Mondiale (dont certains célèbres comme Boris Cyrulnik, Serge Klarsfeld) elle témoigne des stratégies de résilience mises en place pour supporter cette existence secrète qui leur a permis d’avoir la vie sauve.
- Pierre et Jean de MAUPASSANT Guy.
- Luz ou le temps sauvage, de OSORIO Elsa, Métaillé. Ce roman traduit de l’espagnol est le récit d’une recherche d’identité dans l’Argentine de la dictature où des enfants ont été volés à leurs familles à leur naissance.
Le romancier, John Le Carré puise l’inspiration de ses romans dans son passé d’ancien agent des services secret anglais. La plupart de ses romans sont disponibles en format poche.
Le film d’Emmanuelle Bercot, La fille de Brest, sorti en 2016 met en scène met en scène le combat d’un médecin, véritable lanceur d’alerte contre les les laboratoires Servier et le médiator, médicament à l’origine de nombreux décès.
Au dernier festival de Cannes, Everybody knowsa été projetéen ouverture. Ce film a été réalisé par Asghar Farhadi. Peut-être trouverez-vous un cinéma projetant encore ce film cet été.
Festen, film danois de Thomas VINTERBERG, prix du Jury au Festival de Cannes en 1998. Un lourd secret de famille est révélé lors d’un dîner: toutes les tensions entre les membres de la famille sont alors exacerbées. Fallait-il se taire ou tout dévoiler?
Sur le thème du secret, vous lirez :
• Le Prince, Machiavel
• Un Secret, Philippe Grimbert
• Le Liseur, Bernhard Schlink
Sur le Secret, étudiez en détail Une Vie et Pierre et Jean, tous deux de Maupassant (Folio ou Livre de Poche).
Sur la guerre secrète, voir l’Homme qui venait du froid, de John Le Carré (Folio), ou la Taupe, du même auteur.
Sur le secret enfoui, oublié et traumatique, lire les Cinq leçons sur la psychanalyse de Freud (Payot Poche).
Lire (en Poche ou sur le Net) les 24 premiers chapitres du Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas.
Lecture complémentaire : Joseph Conrad, l’Agent secret (Folio Classique).
2. glossaire : définir les termes importants.
La dissertation exige un travail de définition, de fixation du ou des sens des mots, qui permettront à la réflexion d’être à la fois précise mais aussi développée. Sur chacun des deux thèmes, obligez vous à une liste des définitions des termes suivants (notez que le thème du secret renvoie à un vocabulaire souvent philosophique, qu’il faut donc connaître)
Transparence / simulation / dissimulation / mensonge / curiosité / confession / aveu / décrypter / déchiffrer / herméneutique / interprétation / apparence / secret médical / secret de famille / secret bancaire / secret de l’Instruction / secret d’État