Machine intelligente, test ou rôle déterminant durant la seconde guerre mondiale, voici une référence historique intéressante et incontournable en terme d’intelligence artificielle et de numérique…
1. La machine à Turing
Dans un article fondateur de l’algorithmique, « Sur les nombres calculables et les applications au problème de la décidabilité », le mathématicien anglais Alan Turing (1912-1954) décrit une machine conceptuelle capable d’exécuter séquentiellement, selon un programme préétabli, une série d’opérations en vue de résoudre un problème. Il y a des concepts matériels (bande de papier, unité centrale, dispositif de lecture/écriture) et logiciels (table des états, liste d’instructions, convention d’écriture des données). Cela lui permet de répondre à la question de la décidabilité de Hilbert en montrant que toutes les questions ne pouvaient être « décidées » par une telle machine et qu’il n’existe pas d ‘algorithme général permettant de démontrer n’importe quel théorème de l’arithmétique. Même si sa machine n’est qu’un concept et nullement une réalisation pratique, Turing est
considéré, avec Alonzo Church (1903-1995) qui a indépendamment répondu à la question de Hilbert d’une manière différente (lambda-calcul), comme le père de l’informatique théorique.

2. Quelles conséquences ?
Son œuvre a permis la formalisation et le développement de la théorie
de la calculabilité, fondement de l’étude des algorithmes et de ce que peut faire un ordinateur. D’autres modèles de machines ont vu le jour; ils sont tous équivalents et correspondent bien à ce qu’on appelle intuitivement une fonction calculable.
Pendant la guerre, Alan Turing a joué un rôle décisif pour casser les codes allemands utilisés sur la machine Enigma. Contribuant à introduire l’approche mathématique en cryptanalyse, il a mis au point des méthodes et participé à la construction de machines électromécaniques permettant d’automatiser le décryptage.
La guerre finie, il s’est voué à la conception d’ un des premiers ordinateurs anglais, avant de devenir enseignant-chercheur en programmation et en théorie de la calculabilité, puis est reparti vers des travaux plus théoriques, notamment en morphogenèse et en intelligence artificielle.
3. Le test de Turing
I1 a ainsi lancé l’idée d ‘un test, appelé maintenant « test de Turing », censé décider de « l’intelligence » d ‘une machine. Le principe est pour un ordinateu r d ‘essayer de se faire passer pour un humain à travers un échange textuel quelconque avec un opérateur. Le test est probant si l’opérateur croit avoir affaire à un humain. Même s’il est ridicule de restreindre l’intelligence à une simple conversation, ce test a servi et sert encore d ‘object if pour tous les développements en intelligence artificielle.
En 2014, une équ ipe russe a prétendu avoir réussi une version simplifiée du test simulant l’intelligence d ‘un enfant de 13 ans parlant mal l’anglais, mais ce résultat est controversé et peu de spécialistes l’acceptent.
4. La fin d’un génie du numérique
Inculpé en 1952 d ‘homosexualité (qui était alors un délit dans la puritaine Angleterre), Alan Tu ring a été forcé de suivre un traitement hormonal castrateur. Il s’est suicidé deux ans plus tard. Les travaux théoriques d ‘Alan Turing restèrent dans une relative obscurité pendant les vingt premières années de l’informatique, dont les pionniers étaient d’abord accaparés par
la construction pratique des machines ; ils furent redécouverts dans les années 1960 au moment du développement de l’informatique théorique (algorithmique, complexité … ). En son honneur, le prix Turing, fondé en 1966 est décerné chaque année pour des contributions majeures en informatique tant théorique qu’appliquée ; il est souvent considéré com me l’équivalent d ‘un prix Nobel en informatique.
Imitation Game ou Le Jeu de l’imitation (The Imitation Game) est un film biographique américain réalisé par Morten Tyldum, sorti en 2014. Il s’agit de l’adaptation de la biographie Alan Turing ou l’énigme de l’intelligence (Alan Turing: The Enigma) d’Andrew Hodges. Le film est inspiré de la vie du mathématicien et cryptoanalyste britannique Alan Turing, notamment pendant la seconde guerre mondiale, lorsqu’il a travaillé à Bletchley Park.

Le titre du film est une référence à l’introduction de l’article écrit par Alan Turing en 1950 pour présenter ses recherches sur l’intelligence artificielle et notamment ce qui est devenu par la suite le test de Turing. Celui-ci est brièvement évoqué dans le film, mais n’est pas le sujet principal du film, qui traite essentiellement de son travail sur Enigma.