Avant de problématiser un sujet,
une étape préliminaire demeure essentielle : celle de l’analyse du
libellé. Comment s’en sortir ?

En avance de phase sur celle de l’étude de la problématique, cette étape détermine déjà la compréhension du sujet que vous allez avoir et donc, aura des conséquences sur la problématique que nous ferons ultérieurement. Quelques points importants à retenir……

1. La spécificité du sujet

Ayez toujours à l’esprit qu’il
faut considérer votre sujet avec un regard neuf. Ne vous dites surtout pas que
vous avez traité un sujet similaire si ce dernier n’est pas mots pour mots
celui-là…

En conséquence, essayez
de considérer l’unicité de votre sujet en vous demandant comment l’auteur
aurait pu le formuler autrement. Déduisez en quelques différences qui vous
permettront de faire ressortir des premiers éléments de votre analyse…

Exemple 1 :
saisir la spécificité du sujet

En suivant les points évoqués
précédemment, on peut se demander si la réponse serait identique à un sujet qui
serait écrit de la façon suivante : « 

La formulation du premier sujet
montre bien que l’on veut réaliser la distinction entre « secret
d’état » et « secret ». Il sera donc sans doute utile de bien
expliquer la différence entre les deux notions et de réfléchir en quoi on ne
pourrait pas dire que le « secret » pris au sens large de son
expression dans le second sujet, ne pouvait pas convenir dans la réponse du
sujet 1. On peut alors se mettre à chercher les caractéristiques de la
spécificité du « secret d’état » qui permettront de bien répondre au
sujet.

Exemple 2 : saisir la spécificité du sujet

Cette dernière formulation est
importante car la question posée ne dit pas mais « « ,
ce qui prête davantage à spéculation puisqu’il peut y en avoir d’autres…

On comprend donc bien que, posée comme cela, la question «  » signifie alors qu’il y a d’autres possibilités de détenir le pouvoir…Donc une réponse complète devra bien couvrir plusieurs « critères » permettant le pouvoir.

2. Les expressions à analyser

La première étape essentielle de
l’analyse de votre sujet est donc d’en saisir sa spécificité. Ensuite, il faut
identifier précisément les éléments du sujet qui devront être analysés. Lesquels
et pourquoi certains plus que d’autres ?

Ici dans l’exemple 1, il est plus
judicieux d’analyser « secret d’état » en un seul bloc plutôt que d’étudier
« secret » et « état » séparément, ce qui pourrait même
vous mener à des hors-sujets.

  • Repérez bien les mots
    ou groupes de mots auxquels vous allez consacrer une analyse rapide mais
    précieuse sur votre brouillon (dans ce même sujet par exemple : « secret d’état
    », « frein », « démocratie »). Cette analyse est une étape cruciale de la
    problématisation que nous verrons par la suite dans un prochain article.
  • Certains termes, même s’ils paraissent simples,
    ne sont pas toujours faciles à décrire. C’est le cas, par exemple, pour
    « démocratie » ou également pour « frein ». Or bien
    signifier ce que l’on entend par ces expressions ou mots, permettra au
    correcteur de mieux cerner votre réponse et d’autre part, vous lui montrerez
    que vous faites preuve de rigueur dans votre analyse.

Exemple 3 : les expressions
de l’analyse du sujet

Même si, après une première
lecture, on peut avoir le sentiment d’avoir bien compris le sens du sujet, il
est indispensable d’analyser l’un après l’autre, chacun des termes du libellé.

 Parmi ceux que nous choisissons, il y a :

  • «  » que nous définirons selon le sens du mot pris sous le prisme
    de l’individu ou celui du collectif (groupe ethnique, nation, civilisation…).
  • «  »
    c’est-à-dire le fait de modifier des perceptions pour orienter, consciemment ou
    non, la pensée ou le comportement d’une personne ou d’un groupe.

Il n’y a pas
de contrainte ni d’obligation mais de l’éthique et de la morale : l’influencé
doit toujours avoir la possibilité de dire non, sinon, ce n’est plus de
l’influence mais de la propagande ou de la manipulation. Que ce soit entre
États ou entre individus, l’influence s’exerce autant qu’elle se subit.

  • «  » révèle la permission de produire quelque chose, sans
    obligation.

Puis comme expliqué dans l’exemple 2, le fait de poser la question «  signifie bien que « en plus des autres possibilités que nous devrons évoquer, la culture peut influencer la pensée et le comportement d’autrui (groupe compris)…

En conclusion, deux solutions
s’offrent à nous : disserter de manière sociologique et philosophique sur
l’influence entre les êtres humains, assez complexe vous l’avouerez…ou
s’intéresser aux facteurs d’influence entre des groupes d’humains unis autour
d’une même cause, d’une même nation.

Cet exemple 3 démontre bien qu’en fonction de la signification accordée aux termes de votre sujet, vous allez pouvoir déduire les premiers éléments de la problématisation car le problème émergera des tensions qui peuvent exister entre les termes d’un même libellé voire entre les différents sens d’un même mot…

3. La bataille des termes ou expressions

Chaque mot d’un sujet a son importance et le concepteur du sujet ne les a
sans doute pas mis par hasard.

L’analyse des termes d’un sujet met en exergue le problème qu’il n’est
pas toujours évident de trouver différentes significations possibles pour les
termes et expressions du sujet. Comment combattre ces termes ? En les
approchant sous différents axes !

Auparavant, il y a deux choses à souligner concernant l’analyse des
termes du sujet : d’une part, ne pas négliger l’importance des « petits mots » et
d’autre part, dès le départ, s’intéresser au sujet dans son ensemble.

Voici une méthode qui peut
vous faciliter la tâche :

  • Cernez
    les expressions
    dont le sujet peut faire référence. Par exemple, chez certain
    écrivain, philosophes ou auteurs plus généralement un terme peut posséder une
    définition précise et bien particulière. Se référer à cet environnement est
    donc indispensable et peut donner à quelques limites de votre étude.

La définition du
bonheur en philosophie en est un exemple parfait. Le bonheur, en
philosophie, peut se définir comme l’état de complète satisfaction. Dans la
philosophie antique (Epicure dans : La lettre à Ménécée), le but de la vie
humaine est le bonheur. La modernité est beaucoup plus pessimiste
sur sa possibilité (Schopenhauer, Camus, Sartre, Kant). Entre les deux,
les morales chrétiennes ont tenté de remplacer le bonheur par la vertu comme
but de l’existence.

  • Imaginez
    des exemples
    liés au sujet. Un terme, une expression ou une référence peuvent
    toujours être illustrés par des exemples qui vous donneront des pistes
    d’analyse. Et comme une analyse permet toujours de servir de point de départ
    pour une autre analyse, déterminez si cet exemple peut vous servir d’accroche à
    votre introduction…Pour définir une rupture sur un sujet du type « Les
    empires ont-ils toujours vocation à mourir ? », on pourra penser à la
    chute du mur de Berlin.

Cet exemple nous
montre que le 9 novembre 1989, le mur de Berlin s’effondrait sous la pression
des masses. Avec lui, c’est tout le bloc de l’Est qui s’effondrait.  L’effondrement de bloc de l’Est pourrait être
le symbole de la chute d’un impérialisme qui était en place à travers un pouvoir
communiste datant du début du 20 siècle. Mais la chute de ce mur
peut aussi montrer que les pays de l’Est européen ont dû subir immédiatement
les assauts de nouvelles puissances impérialistes, qui ont pris la place de
l’Union Soviétique. La France, l’Allemagne, les Etats-Unis, l’Italie,
l’Autriche etc. ont alors acquis une place prépondérante dans les décisions
politiques de ces pays.

  • Chassez
    les termes
    contraires qui peuvent vous permettre de mieux définir un terme.
    Définir un terme par son contraire peut parfois s’avérer plus simple. La définition
    du bonheur en philosophie en est encore un parfait exemple. Aujourd’hui, le bonheur serait plutôt défini comme un état de
    satisfaction complète, de complétion des désirs, caractérisé par sa plénitude et
    sa stabilité. A distinguer du plaisir, très éphémère, et de
    la joie, plus dynamique que le bonheur. On le définit
    également par l’absence de mal être, de malheur…
  • Pensez aux expressions courantes ou aux usages communs du terme. Sur un thème comme le secret, cela est évident…On parle de secret de Polichinelle, de services secrets, de secrets de famille, de secret d’État…. Partez toujours du langage courant pour définir les termes en présence. Ensuite, vous pouvez voir la connotation que prend le terme dans des expressions du langage courant.

Pour un terme comme
« », par exemple, on utilise
l’expression « raconter des histoires », lorsque quelqu’un ment. On parle aussi
d’histoire au sens de fiction (« raconter une histoire »). On voit donc
immédiatement que l’histoire, comme science, comme récit, peut voir peser sur
elle ce soupçon d’être fausse, mensongère ou fictive.

Un terme comme
«  » ne doit pas
se limiter à la mort. Le sacrifice peut aussi être l’abandon temporaire ou
durable de ce qui est considéré par la quasi-totalité des gens comme essentiel
à la vie (détournement des valeurs sociale, matérielle… dans les sociétés contemporaines
notamment occidentales), au profit de choix paraissant altruistes ou
allant contre ce que reconnait ou accepte le sens commun : sécurité, obéissance
de confort…

  • Combattez
    les « petits mots »
    en identifiant ceux du sujet qui ne font pas
    nécessairement l’objet d’un concept, d’une définition ou d’une idée à
    proprement parlé et qui peuvent donc sembler être moins importants pour
    l’analyse et la problématisation du sujet. Or, c’est bien souvent par l’analyse
    de ces mots que nous verrons qu’il est possible d’élaborer une problématique
    originale.

« », ces « petits mots » seraient
« » et « ».

« Armées » signifie
possédant les moyens militaires bien entendu mais ils faut aussi voir les
moyens politiques, économiques, humains, ainsi que la volonté, les ressources
morales et une vision du monde adaptée. On voit alors à ce stade un nombre très
large de pistes possibles: mais il ne suffit pas d’être armé, encore faut-il
avoir la volonté de se battre.

« Relever les défis » est à prendre dans le
sens d’être capable de les définir, d’y faire face et bien entendu de les
combattre avec encore une fois la volonté de les combattre. C’est aussi peut
être accepté un challenge…Enfin que peut-on entendre par défis, la liste est
vaste et cela préfigurera les angles sous lesquels vous aborderez le sujet
(économie, climat, société, sécurité, mondialisation, valeurs…).

Bref, dès cette
étape, jetez tout ce qui vous passe par la tête sur un coin de votre brouillon,
vous ferez le tri par la suite..!

  • Enfin
    espionnez les couples conceptuels
    . Créez-vous un glossaire avec un certain
    nombre de combinaison que vous pourrez utiliser parce qu’elles peuvent être
    employées de manière systématique et pour lesquelles vous pourrez en tirer, des
    analyses connues et irréfutables. On peut citer notamment « de droit / de
    fait », « en théorie / en pratique », « origine / fin »,
    « matière / forme ».

Par exemple, pour analyser un sujet sur la
« religion », on pourra utiliser le couple « foi / raison ».

C’est donc bien au
terme de cette « bataille » des mots ou expressions, que vous allez
déjà poser les éléments qui vous mettront sur la voie d’une problématique.
Généralement, on se rend compte après avoir terminé cette étape que, en
fonction de la signification donnée aux termes, les réponses apportées au sujet
vont différer et nous verrons cela dans la prochaine étape.

Voilà, j’espère vous avoir
convaincu de l’utilité de cette démarche préliminaire qui ne sera efficace qu’à
force d’entrainement.

Entrainez-vous sur des questions du quotidien, d’actualité, des thèmes déjà connus de votre concours et prenez le temps d’analyser, même rapidement, la moindre question que vous rencontrez et que vous imaginez comme un libellé de sujet possible. Vous verrez qu’à terme, vous serez capable d’analyser un sujet même qui ne vous paraissait pas évident de premier abord.

Bon courage !