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Anne Dufourmantelle, la psychanalyste qui aime le secret

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Sur le thème du #secret, voici une référence contemporaine : la psychanalyste Anne Dufourmantelle. Cette psychanalyste avait pour passion d’aborder la question du secret. Elle invitait alors à ne pas tout révéler, à le préserver… Curieuse thèse, à l’heure où chacun doit se faire transparent et découvrir ce qui est caché…

L’auteur : Anne Dufourmantelle (1964-2017) est décédée le vendredi 21 juillet 2017, à l’âge de 53 ans. Philosophe et psychanalyste, elle est l’auteur d’Éloge du risque et de « En cas d’amour ». Elle avait enseigné l’esthétique à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris et mené des séminaires à l’ENS. Auteur de l’Intelligence du rêve (Payot, 2012) elle avait signé Puissance de la douceur (Payot, 2013). 

Il y a deux ans, elle répondait à ces questions :

Notre société serait-elle celle du secret ? Ne serait-elle pas plutôt celle de la transparence ?

Notre société de consommation, dont l’appétit de gains est sans limites, est d’abord construite sur un idéal de transparence. Car elle a besoin, pour fonctionner de manière optimale, d’individus dépliés comme des surfaces lisibles (et surtout prévisibles), dont les actes et les intentions représentent autant de possibles gains financiers. À ce titre, jardin secret et for intérieur sont autant de résistances suscitées par les réseaux sociaux, où la vie de tout un chacun s’expose quasi en direct.

Secrets, non-dits, dissimulations ne sont-ils pas synonymes ?

Un non-dit est une négation de quelque chose qui devrait être dit : ce mot a plutôt une connotation psychique négative, il indique le plus souvent un refoulement. La dissimulation suppose, à l’inverse, une volonté de cacher quelque chose ou de le tenir hors de la vue ou du discours. Quant au secret, c’est un domaine très vaste et plutôt positif qui s’apparente à un espace protégé, qui nous garde autant qu’on le garde. La psychanalyse est précisément cet art du secret et du dévoilement qui ne pense pas que la révélation des non-dits et la levée du refoulement impliquent qu’il n’y ait plus de secret, au contraire.

Pourquoi préserver le mystère et ne pas « tout dire » ?

Choisir de ne pas tout savoir permet de vivre plus heureux en se faisant du bien, parce que la transparence absolue peut devenir délétère et induire de redoutables emprises. Un individu vraiment libre cultive un jardin secret qui est un lieu de résistance et de création.

Livre : la défense du secret

Dans son livre « défense du secret » Jardin secret, jardin sacré, Anne Dufourmantelle dresse une apologie brillante du secret, considéré comme une puissance de vie. C’est en psychanalyste que l’auteur s’interroge : si nous gardons un secret, n’est-ce pas plutôt le secret qui nous « garde » ? Le secret n’est-il pas le dernier rempart de notre intimité ? Mais de quel secret est-il question, ici, dans cet essai philosophique ?

Il ne s’agit pas seulement des pensées secrètes avouées sur le canapé, qui ouvrent la porte à une prise de conscience salutaire. Non, il s’agit de l’inconscient lui-même, du for intérieur inviolable qui est le propre de l’homme libre et un lieu de renaissance toujours possible, une métamorphose.

Pourquoi ne pas vouloir avoir des secrets ? Pour se cacher qu’on n’est pas capable de mener une vie qui puisse générer des secrets, une vie libre ? La transparence volontaire n’est-elle pas une servitude volontaire ? Et la transparence est-elle toujours la vérité ?

Anne Dufourmantelle rappelle aussi le rôle du secret dans l’Antiquité, au Moyen-Age, à l’époque romantique et regrette que notre XXIème siècle soit si bruyant et agité. Comment plonger dans « le miroir de son âme », son for intérieur, à l’ère des écrans et du numérique ?

Points forts de ce livre

– La clarté de l’analyse présentée en une trentaine de très courts chapitres sans jargon philosophique et psychanalytique.

– Les liens consubstantiels entre la religion et le secret : sacré, sacrifice, serment, prière, mystère, voix inspirée des prophètes.

– L’intérêt du secret sur le plan politique et social : respect de l’intimité et liberté de la création. Malheureusement de nos jours la société matérialiste façonne des individus lisses, interchangeables : pour le fondateur de Facebook, la vie privée est « une norme sociale anachronique »…

Points faibles de l’ouvrage

La bibliographie présentée à la fin de l’ouvrage est nourrie et intéressante mais les citations, au fil des pages, des auteurs concernés, sont lapidaires. Peut-être est-ce volontaire, pour maintenir la vivacité du style ?

Dans “Défense du secret”, Anne Dufourmantelle donne une “leçon” consacrée au “silence dans la thérapie”. Elle explore les vertus et les dangers du silence en psychanalyse. Pour elle, la psychanalyse est fondée sur un double silence : le silence pesant du patient et le silence thérapeutique de l’analyste.

Comment s’articulent ces deux formes de silence ?

Le plus souvent, des patients viennent en souffrance d’une parole empêchée, impossible, qui n’a jamais été dite ou reconnue. Ils se trouvent dans un silence subi, un silence qui n’est pas heureux. Leur silence est assigné. Quand Freud a commencé la cure par la parole avec les hystériques, il n’avait pas encore opté pour l’option de silence, développée ensuite avec les lacaniens, mais son angle était le même, à savoir : comment faire pour qu’un entretien, une demande d’aide, ne tourne pas à la discussion, à l’entraide, à un exercice de soutien du moi, aujourd’hui très en vogue. La psychanalyse n’a pas a priori pour but d’aider à positiver, à faire le bilan. Son objectif est plutôt de révéler les loyautés dont vous n’avez pas idée : là où vous vous croyez libre, vous êtes assujettis. En revanche, il existe en vous une liberté dont vous ne savez rien, qui est refoulée. L’ambition du psychanalyste est de faire émerger cette autre parole par le silence, qui est bien souvent la seule possibilité de décaler la grande demande d’aide et de réponse, de fléchage, de conseil du patient. Ce dernier va d’abord se heurter à du silence. L’analyste n’a pas la réponse. Mais son silence est habité de rêveries, d’associations d’idée, de sensations, de perceptions, qu’il peut partager ou non avec le patient. S’il intervient trop, ce qui est donné entre en résistance avec l’élaboration de la propre parole du patient.

« Le silence dans notre société est transgressif »

Si le silence évoque plus spontanément une donnée temporelle – comme le silence en musique, elle montre, en parlant de jardin, de terreau, de chemin, qu’il a aussi une dimension spatiale.

Pour Winnicott, l’inconscient du patient et de l’analyste ne sont pas deux espaces juxtaposés côte à côte, ils créent ensemble un troisième espace commun où prennent place des rêveries, des images, des sensations qui n’appartiennent qu’à cette interaction. Le psychanalyste doit ainsi avoir le courage d’être en rapport avec son propre inconscient, avec sa propre enfance. C’est son vivier. L’enjeu est d’être à la fois singulier et subjectif dans la relation avec le patient, sans pour autant se raconter. Il n’est pas question de parler de soi, mais de dire « à partir de soi ». Dans cet espace inconscient commun s’assemblent aussi bien des éléments du conscient de chacun, les paroles échangées, que de l’inconscient. Et c’est pourquoi quand on change d’analyste, on change aussi d’inconscient. Le silence pourrait désigner tout cet espace d’inspiration, inexploré, qui demeure un work in progress, qui ne cesse de se faire et se défaire.

Il est difficile de parler du temps de la psychanalyse sans parler de l’époque, prise dans un processus de transformation rapide. Dans ce contexte, le temps devient une denrée rare hyperinvestie. La séance de psychanalyse symbolise plus que jamais un espace-temps suspendu. Rien que parvenir à ménager cet arrêt dans le flot ininterrompu qui nous emporte serait déjà thérapeutique. Une, deux, trois fois par semaine le patient se rend dans un espace-temps qui met en suspens le temps horizontal de nos vies pour accéder à un temps que l’on voudrait vertical, sinon spirituel, de descente en soi-même. Pour le dire autrement, le silence dans notre société est transgressif. La psychologisation des analyses en est un symptôme : il existe une telle détresse sociale aujourd’hui, que les patients préfèrent les réponses, le soutien, l’aide du coach au silence de l’analyste.

Comment transformer le silence anxieux en silence acceptable ? 

Dans cet espace-temps, il faut respecter la récurrence des séances, leur temporalité et accepter qu’il y ait d’abord un certain désarroi dans le silence. Ensuite, il faut montrer qu’il ne s’agit pas d’un silence abandonnant mais d’un silence soutenant. Cependant, les vraies demandes d’analyse, au sens d’un trajet existentiel, d’une exploration du silence des « espaces infinis », sont beaucoup moins courantes. D’une certaine façon, les patients, de plus en plus contrariés par les impératifs d’une époque dans laquelle la pression sociale est énorme, ont tendance à privilégier la rapidité et une forme de pragmatisme. Aujourd’hui, avoir le luxe de se pencher profondément sur soi devient rare. La fin des derniers feux glorieux et insouciants de la société de consommation, après les années 1990, a laissé place à une angoisse. Pour caricaturer, en 1970 un étudiant faisait une psychanalyse par passion de comprendre, par curiosité intellectuelle. Aujourd’hui, il cherche d’abord à se loger.

Le secret et le silence ont-ils partie liée ?

Le secret est intimement lié au silence, d’abord par la loi absolue à laquelle est tenu le psychanalyste comme médecin de protéger toute parole qui surgit dans son cabinet, y compris la plus choquante et la plus transgressive. Car une règle freudienne est passée à l’épreuve du temps, géniale et toujours aussi transgressive, bien que difficile : dites tout ce qui vous passe par la tête, sans censure. Une fois cette règle posée, qui est la seule sur un divan, ce qui saute aux yeux, c’est combien elle est difficile à appliquer : même si on a la liberté de tout dire, on n’y parvient pas. Ce constat d’impossibilité « travaille ». Il fait ressortir la censure dans laquelle nous sommes tous pris. L’analyste s’astreint à une règle tacite inverse : ne pas parler de soi pour permettre au patient un maximum de projection sur l’analyste, qui va successivement devenir le père, la mère, le frère, le patron, la petite sœur, l’amoureux… Et pourtant, dès que vous entrez dans un cabinet d’analyste, vous en savez déjà beaucoup sur lui car tout parle. Tout parle en nous.

Source: philosophie magazine

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29 mars 2019 Madissertation

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