Ma dissertation de culture générale
Ma dissertation de culture générale
  • Ebook à télécharger
  • Panier

Ma dissertation de culture générale

Préparation aux épreuves de dissertation – Note de synthèse – Fiches histoire – Fiches culture générale – Thèmes IEP – Concours de la fonction publique

Ma dissertation de culture générale
  • Ebook à télécharger
  • Panier

Une révolte méconnue…Étienne Marcel

  • Focus Guerres et conflits
  • Histoire
  • Thématique concours

Poursuivant nos articles sur des #révolutions ou #révoltes atypiques, la révolte d’Étienne Marcel est sans doute la première de nos révolutions. Avec elle, pour la première fois, c’est un État construit et à l’organisation affirmée qui voit s’opposer à lui un mouvement portant une autre conception des institutions, du pouvoir et du destin national. Un podcast de l’émission au cœur de l’histoire vous accompagne en fin d’article…

L’essentiel de ce que seront toutes les révolutions à venir se trouve en gestation : symboles, réflexes et dynamiques y sont perceptibles. Pourtant, il ne faut pas lire, même si c’est séduisant, ces événements archaïques au regard de ce que seront les révolutions futures, celles de la fin du XVIIIe et du XIXe siècle. Vouloir, comme certains, faire d’Étienne Marcel un précurseur de 1789 serait oublier que quatre siècles séparent ces événements et que la société des premiers Valois ne ressemble en rien à celle des derniers Bourbon.

Au contraire, c’est au regard des circonstances propres à leur temps, en distinguant les caractéristiques et les dynamiques de la société qui les a vus naître et en percevant les enjeux d’alors que les événements de 1357 et 1358 doivent être regardés comme la première de nos révolutions.

Le contexte historique d’une « murder party » médiévale

En ce milieu du XIVe siècle, l’Europe est bouillonnante, en pleine mutation. Si crise de la féodalité il y a, le royaume de France est surtout atteint par des troubles économiques amplifiés par les effets de la Peste Noire. La montée en puissance de la bourgeoisie, qui se prévaut d’être l’égale de la noblesse et du clergé, bénéficie de l’essor des villes depuis le XIIIe siècle.

En 1358, la monarchie française se relève difficilement des ravages de la peste. Elle est aussi affaiblie par la « guerre de Cent ans » et la capture du roi Jean le Bon à Poitiers. Comme si cela ne suffisait pas, son fils, le Dauphin Charles, doit faire face à une insurrection des bourgeois de Paris.

Sous la conduite du prévôt des marchands Étienne Marcel, ceux-ci tentent de limiter les prérogatives royales en matière fiscale. La monarchie vacille dangereusement mais ne cède pas, sortant finalement renforcée de l’épreuve.

La rébellion de la bourgeoisie face aux difficultés royales

Le prévôt des marchands de Paris Étienne Marcel profite du discrédit de la monarchie et de la noblesse. Il convoque des états généraux, qui décident de nouvelles mesures réduisant le pouvoir du roi au profit de la bourgeoisie.

Le dauphin Charles doit se résoudre à discuter avec Étienne Marcel. Sentant Paris prêt à se soulever, Charles il les exigences du prévôt, qui apparaît comme le vainqueur.

Mais la position de celui-ci est moins solide qu’il n’y paraît : hormis la capitale, les villes du royaume restent fidèles au roi. De plus, au sein des états généraux, le clergé rompt le front commun avec le tiers état (la bourgeoisie) et se rapproche du roi.

Dans le même temps, les bourgeois de Paris libèrent le roi de Navarre Charles le Mauvais, qui avait été incarcéré par Jean le Bon, en pensant s’en faire un allié.

Du triomphe à la chute d’Étienne Marcel

Début 1358, cependant que les Anglais ravagent les environs de la capitale, Étienne Marcel semble prendre l’avantage à Paris. Le 22 février, à la tête d’une foule d’émeutiers, il investit le palais du Dauphin, pénètre dans sa chambre, massacre deux de ses conseillers et l’oblige à revêtir le chaperon rouge et bleu de la bourgeoisie.

Le Dauphin est désormais le prisonnier des bourgeois, obligé de gouverner avec un conseil comprenant Étienne Marcel. Il ne s’y résout pas et parvient à s’échapper de la capitale.

En province, Charles enregistre les ralliements, et se prépare à affronter un Étienne Marcel incapable de trouver des alliés et abandonné par Charles le Mauvais. Dos au mur, le prévôt se joint aux paysans révoltés contre les nobles (c’est ce qu’on a appelé « la Grande Jacquerie »). Leur armée improvisée est toutefois défaite.

Suite à ces échecs, les partisans du prévôt l’abandonnent. Le siège de la municipalité est finalement pris d’assaut dans la nuit du 31 juillet 1358, et lui-même est tué. Le lendemain, le dauphin et régent peut entrer triomphalement dans Paris, ayant sauvegardé le pouvoir royal.

Mais qui est la victime ?

L’historiographie a longtemps présenté Étienne Marcel comme un révolutionnaire avant l’heure, précurseur et grand réformateur. Né aux environs de 1316, Il fait partie de cette bourgeoisie parisienne qui s’enrichit peu à peu et acquiert des offices royaux7. Marchand drapier, investi dans les plus grandes confréries de Paris, il entre dans la haute bourgeoisie par son mariage avec Marguerite Des Essarts. Fort de son influence grandissante, il succède en 1354 à Jean de Pacy comme prévôt des marchands de Paris. Il porte les idéaux de la bourgeoisie réformatrice mais aussi traditionaliste qui construit de nouveaux outils pour l’administration de la ville. Habile tribun et défenseur de Paris, il souhaite garder Paris dans son rôle de capitale. Cette expérience n’est pas un mouvement isolé et s’apparente à celle de Cola di Rienzo pour maintenir la Rome éternelle ou encore aux réformes des villes flamandes.

Pour protéger Paris, sa prospérité et ses circuits économiques, Étienne Marcel est très actif lors des États généraux à partir de 1355 et devient le chef du Tiers état, échaudé par la gestion des finances publiques et les dévaluations entraînées par les mutations monétaires. Mais, les circonstances obligent néanmoins à autoriser l’impôt et une monarchie contrôlée par les États généraux est instaurée. Cette prise de pouvoir d’Étienne Marcel est symbolisée par l’épisode de l’assassinat des maréchaux. Le 22 février 1358, Étienne Marcel déclenche une émeute réunissant trois mille personnes en armes et envahit le Palais de la Cité pour impressionner le Dauphin. L’image d’Épinal (cf. enluminure ci-dessous) a retenu le meurtre des deux maréchaux, celui de Champagne, Jean de Conflans, et celui de Normandie, Robert de Clermont, représentés avec, au second plan, Étienne Marcel tendant un chaperon rouge et bleu aux couleurs de Paris au dauphin Charles. Maître de Paris, Étienne Marcel s’efforce de gagner la province à sa cause en écrivant des lettres aux villes pour les convaincre du bien-fondé de son action. Il force le Dauphin à l’intégrer au Conseil de tutelle qui remplace le Conseil du roi.

La postérité d’Étienne Marcel

Après la colère parisienne, le Dauphin revient le 2 août dans sa capitale, y installe une nouvelle organisation, le 4 août, en nommant un nouveau prévôt, Gencien Tristan. Paris se réconcilie autour de la mort d’Étienne Marcel. Les prérogatives du Prévôt des marchands sont restreintes et le pouvoir royal affermi par le nouveau Charles V.

Sous la Révolution française, Étienne Marcel devient une figure emblématique. Lorsque le 17 juillet 1789, Louis XVI est reçu à l’Hôtel de Ville par le nouveau maire Jean-Sylvain Bailly, il doit porter la cocarde bleue et rouge aux couleurs de Paris. À L’exception de l’ajout du blanc couleur du roi, la scène n’est pas sans rappeler Charles V coiffé du chaperon bleu et rouge du 22 février 1358.

Pour ces raisons, Étienne Marcel devait aussi être regardé avec admiration par les historiens du XIXe siècle aux sympathies libérales ou républicaines : « cet échevin du quatorzième siècle a, par une anticipation étrange, voulu et tenté des choses qui semblent n’appartenir qu’aux révolutions les plus modernes » écrit à son sujet Augustin Thierry. Dans cette perspective, plusieurs ouvrages lui sont d’ailleurs consacrés dans les premières années de la Troisième République.

Extrait de Gael NOFRI Une histoire des révolutions en France, le site www.herodote.org et le site Histoire à la BNF.

Partager :

  • Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
  • Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)

Articles similaires

Etienne Marcel Jacquerie révolte révolutions
29 octobre 2020 Madissertation

Post navigation

Et si on évoquait les Sociétés secrètes… → ← Les Révolutions arabes…

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Related Posts

Secret professionnel, discrétion ou droit de réserve ?

Dans le cadre de l'étude du thème du #secret pour le concours commun aux IEP, ces trois notions ne sont pas toujours très claires aux yeux des agents et il y a souvent confusion entre ces différentes entités.

La contre-révolution

Pour mieux comprendre une notion, il est parfois utile de comprendre son opposée...La contre-révolution désignant le contraire de la #révolution est un concept dont la définition varie nécessairement en fonction des significations de celle-ci. Elle revêt donc des sens multiples et se trouve chargée d'affect par ses partisans comme par ses adversaires. Comment la définir, quels sont ses acteurs et comment est-elle née ?

L’évolution économique et sociale de la France depuis 1945

L'évolution économique et sociale de la France depuis 1945 Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la France connaît des transformations économiques profondes qui entraînent des mutations sociales majeures. En même temps, la fin des Trente Glorieuses accentue, au début des années 1970, ces mutations durables. Les évolutions et mutations étant nombreuses et complexes, nous y consacrerons plusieurs articles...

Et si on évoquait les Sociétés secrètes…

Et si on évoquait les Sociétés secrètes... Sur le thème du #secret, vous devez avoir des notions liées aux sociétés secrètes. Elles ont toujours existé, elles font partie de la manière dont les hommes ont relié l’intelligence spirituelle au pouvoir matériel. Mais depuis le vingtième siècle et le développement des technologies, elles ont dû changer leur stratégie. En quoi consistent ces sociétés et quelles sont ces stratégies...? Anne Dufourmantelle dans la défense du secret a développé une partie de son œuvre sur cet aspect du secret...

Recent Posts

La dématérialisation, qu’en pensez-vous ?

La dématérialisation, qu’en pensez-vous ?

Pour ne pas vous laisser surprendre par ce type de questions et avoir une réponse un peu plus originale que la plupart des candidats, il est important de maîtriser cette […]

More Info
Secret professionnel, discrétion ou droit de réserve ?

Secret professionnel, discrétion ou droit de réserve ?

Dans le cadre de l'étude du thème du #secret pour le concours commun aux IEP, ces trois notions ne sont pas toujours très claires aux yeux des agents et il y a souvent confusion entre ces [...]

More Info
Le projet de loi 3D…

Le projet de loi 3D…

Le projet de loi 3D... En questionnant certains d'entre vous sur ce projet de loi, j'ai été beaucoup surpris par les erreurs de réponse... Ce projet de loi 3D, pour décentralisation, [...]

More Info
La contre-révolution

La contre-révolution

Pour mieux comprendre une notion, il est parfois utile de comprendre son opposée...La contre-révolution désignant le contraire de la #révolution est un concept dont la définition varie [...]

More Info
  • A PROPOS DE CE BLOG
  • Boutique
  • Checkout-Result
  • Commande
  • Généralités de l’épreuve de dissertation
  • Le thème de la mémoire
  • Mentions légales
  • Panier
  • Products
  • Trouver une bonne problématique
Powered by WordPress | theme SG Window
 

Chargement des commentaires…