Les enjeux des territoires et leurs frontières ont été développés dans un premier article. Nous allons maintenant mettre en exergue les principaux acteurs de ses enjeux. Apprivoisez les car ceux-ci vous permettront d’étayer vos arguments sur certains sujets et de plus, ils montreront votre profondeur d’esprit ou de curiosité….Voici donc une approche des grands acteurs des principaux enjeux mondiaux…
Du touriste au terroriste, un continuum… écrivait James Rosenau, il voulait démontrer l’importance des « acteurs hors souveraineté » dans la géopolitique mondiale, sans négliger toutefois le rôle des États et des structures de souveraineté collective. De relations interétatiques, on passe proprement aux relations internationales, mêlant tous types d’acteurs individuels et collectifs.
Les États et les organisations internationales
Les organisations internationales ou intergouvernementales (OIG) sont des entités politiques créées par des États, au sein desquelles chacun d’entre eux dispose théoriquement d’une voix, mais peut décider de transférer tout ou partie de sa souveraineté à des organismes supranationaux au sein même de ces structures, selon le degré d’intégration voulu. Ces organisations sont dotées d’une personnalité juridique de droit international et édictent leurs propres actes.
Aux échelles sous-continentale, continentale et mondiale, elles se sont multipliées depuis 1945, avec un coup d’accélérateur dans les années 1980-1990 dans le contexte de mondialisation/régionalisation du système mondial. On recense à ce jour quelque deux cent cinquante organisations internationales, dont une majorité à l’échelle régionale. Si elles ont été créées par et pour des États souverains, il faut se garder de les réduire à de simples instruments à leur disposition. Elles ont ainsi acquis une autonomie croissante à travers des délégations formelles de compétences de leur part, mais aussi grâce au leadership de leurs dirigeants : Kofi Annan ou Antonio Gutteres à la tête de l’ONU, Jacques Delors ou Romano Prodi à la tête de la Commission européenne, Pascal Lamy à la tête de l’OMC, Mario Drajhi à la tête de la Banque centrale européenne… Elles développent des expertises qui font souvent défaut aux États : Fonds monétaire international pour les crises financières et monétaires, Agence internationale de l’énergie atomique pour le nucléaire, Organisation mondiale de la santé pour les pandémies mondiales, Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat… Leur problème commun est qu’elles font face à la grande panne actuelle du multilatéralisme, le nouvel ordre mondial étant bâti sur un paradoxe fondamental : d’un côté, la recherche de dialogue et la production d’un droit international ; de l’autre, le triomphe des principes de souveraineté des États et de non-ingérence.

De son côté, le régionalisme a le vent en poupe : les organisations régionales prolifèrent littéralement, accompagnant le processus d’accélération des échanges internationaux tout en concurrençant souvent les grandes organisations mondiales comme l’OMC, qui se trouve, de ce fait, contournée.
La papauté
Le pape, combien de divisions ? Cet aphorisme bien connu de Staline, formulé en réponse à Churchill qui l’interpellait en 1945 sur l’absence de liberté de culte dans l’Europe de l’Est occupée par l’Armée rouge, est révélateur d’une vision ancienne de la puissance, qui résume celle-ci à l’armée et sa force destructrice. C’est une erreur de perspective. La papauté est l’institution la plus ancienne du monde occidental, elle se distingue par certains traits originaux : elle est supranationale et de droit divin, elle s’incarne dans un chef, le pape, qui est à la fois chef d’une cité-État souveraine (le Vatican : 44 ha, un millier de citoyens temporaires) et dépositaire d’une autorité spirituelle mondiale (le Saint-Siège). Ainsi, dès 752, le pape a obtenu les États pontificaux sur lesquels il exerce les pleins pouvoirs. Même si ceux-ci ont été beaucoup diminués, ils gardent une grande importance : comme le disait le pape Pie XI, le Vatican est un « petit lopin de terre bien utile au Saint-Siège ».
L’objectif de la papauté dans la géopolitique mondiale s’inscrit dans une grande continuité depuis le XXe siècle : il s’agit de défendre, dans le monde, la paix, la justice et le développement. Si la papauté ne détient pas le hard power à l’égal des grandes puissances (ses gardes suisses constituent ainsi la plus petite armée du monde), elle n’est pas moins dotée d’une forte influence que l’on pourrait ranger sous l’étiquette très large de soft power. Ainsi le pape joue-t-il de son pouvoir temporel (Vatican) et spirituel (Saint-Siège) pour exercer une influence politique et spirituelle à la dimension quasi universelle.
La diplomatie vaticane compte parmi les plus anciennes du monde. Elle trouve sa première expression vers la fin du XIe siècle quand le pape commence à envoyer des légats (ambassadeurs) vers les différents royaumes de la chrétienté pour obtenir la libertas ecclesiae face aux autorités civiles.

Dans les relations internationales, le Saint-Siège dispose d’un statut égal à celui des autres États, c’est la seule autorité religieuse dans ce cas. L’objectif majeur du Vatican est de contribuer à l’existence d’une « communauté internationale » dans un souci de justice et de paix. La justice est ainsi la base de ses relations extérieures, le Saint-Siège prônant le respect de la charte de l’ONU et du droit international au sein de treize organismes internationaux différents (dont l’ONU, l’Unesco, le FAO, l’OMS), mais sans droit de vote afin de respecter le principe de neutralité. La diplomatie vaticane se déconfessionnalise peu à peu à partir de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, s’orientant vers les domaines politiques et sociaux plutôt que religieux, guidée par les principes de paix et de justice. Dès l’encyclique Rerum novarum en 1891, le pape Léon XIII plaide pour la défense des conditions de travail des ouvriers dans l’Europe industrielle.
Les grandes firmes
Actrices majeures de la mondialisation, les grandes firmes sont souvent accusées d’imposer leur pouvoir aux États et à leurs populations. Cela vient de leur immense richesse, que l’on confond un peu rapidement avec de la puissance. La capitalisation boursière d’Apple ne place-t-elle pas la firme californienne au-dessus du PIB de l’Indonésie, soit au 18e rang mondial ? Quand on parle de grandes firmes, on fait référence pour l’essentiel à des firmes transnationales (FTN), définies par la CNUCED en 1973 comme des firmes ayant au moins six pays d’implantation, pour au moins 25 % du chiffre d’affaires à l’étranger et un montant de 500 millions de dollars minimum. Elles déploient leurs chaînes de valeur à l’échelle du monde, mais rares sont les véritables firmes « globales » : 1 % des FTN seulement possèdent plus de 100 filiales à l’étranger, y réalisant plus de 50 % de leur chiffre d’affaires. La world company relève largement du mythe : une majorité des actifs financiers, des ventes, de la main-d’œuvre se trouvent encore, dans la plupart des cas, dans le pays d’origine. Même le recrutement des hauts dirigeants ne se fait qu’à hauteur de 5 % d’entre eux à l’étranger.
Les FTN n’en sont pas moins des acteurs influents de la géopolitique et de la géoéconomie mondiales, elles réalisent plus du quart du PIB mondial, même proportion pour le stock de leurs investissements productifs, et on leur doit les deux tiers du commerce international, dont une bonne partie relève du commerce intrafirmes (40 %). Le nombre de leurs salariés est estimé à près de 80 millions, 60 % dans les pays développés et 40 % dans les pays du Sud. Elles sont capables de façonner les goûts, les modes et les normes de consommation, mais leur soft power va encore plus loin : la corporate governance déteint de plus en plus sur le pouvoir politique, imposant des critères d’efficience et de rentabilité.

C’est aussi et surtout la capacité de ces firmes à peser sur l’environnement géopolitique selon leurs besoins qui a alimenté l’idée de leur toute-puissance. Dans un passé plus ou moins récent, certaines firmes ont réussi à déstabiliser des gouvernements considérés comme menaçants, comme les firmes pétrolières occidentales en Iran contre Mossadegh (1953), la United Fruit Company au Guatemala contre Arbenz (1954), ITT au Chili contre Allende (1973). Après la chute de Saddam Hussein (2003), la reconstruction de l’Irak s’est ouverte aux firmes anglo-saxonnes comme Halliburton. Les FTN demeurent en retour des relais d’influence considérables pour les États : ainsi, les États-Unis conservent une nette avance, avec un tiers des cinq cents plus grandes FTN mondiales et le contrôle d’environ un quart du stock mondial d’investissements directs à l’étranger (IDE) ; en face, la Chine place désormais soixante FTN sur les cinq cents premières par les IDE (mais plus de cent désormais par le chiffre d’affaires).
Les FTN concurrencent les États sur la scène mondiale. Au-delà de leurs divergences et de la compétition féroce qui les oppose, les FTN s’accordent en général pour mener un lobbying actif auprès des grandes institutions internationales (Commission de Bruxelles, FMI, OMC, Banque mondiale, OCDE), afin de créer un environnement socioéconomique, juridique et politique le plus favorable possible. Le Forum économique de Davos, grand-messe annuelle du capitalisme transnational, permet la rencontre des décideurs économiques et politiques. Les FTN sont souvent en position de force face aux États : ceux-ci doivent les attirer et les retenir, ne peuvent s’opposer aux délocalisations, peinent à encadrer leur optimisation fiscale (affaires Google et Apple en 2018).
Les organisations non gouvernementales (ONG)
Le sigle ONG est un attrape-tout. Il n’existe pas, en effet, de statut officiel pour les ONG dans les droits nationaux (sauf exceptions), encore moins dans le droit international. À quoi renvoie le non-gouvernemental ? Philippe Ryfman propose cinq critères fondamentaux : l’ONG est une association constituée de citoyens, à but non lucratif, indépendante des autorités publiques mais aussi d’autres acteurs privés poursuivant des buts particuliers ou catégoriels, agissant dans un cadre démocratique en lien avec les sociétés civiles, avec un horizon transnational. Leurs actions se développent dans trois secteurs prédominants : aide au développement et humanitaire, environnement, droits humains. Les plus grandes et influentes d’entre elles sont présentes sur plusieurs de ces fronts, ou tous à la fois, à l’image des ONG Médecins sans frontières, Médecins du monde, CCFD-Terre solidaire ou CARE, effectuant un travail incessant de lobbying (advocacy ou « plaidoyer »). Quoi qu’il en soit, on assiste à une prolifération et une planétarisation du phénomène ONG. Combien sont-elles ? Toute évaluation statistique paraît hasardeuse vu les difficultés de définition, tout au plus peut-on dire que les ONG disposant d’un statut consultatif à l’ONU sont environ 4 000. Le phénomène ONG est typique de l’importance croissante des ANE (acteurs non étatiques) dans la géopolitique mondiale… des acteurs sans souveraineté mais non sans légitimité, celle du terrain. Face à la prolifération des ONG, souvent interprétée comme une preuve de l’émergence des sociétés civiles dans la géopolitique mondiale, la question se pose de savoir s’il s’agit d’un contre-pouvoir citoyen, porteur d’alternatives, ou au contraire d’un nouveau partenaire pour les États.
Depuis les années 1970, les ONG se sont multipliées, mondialisées et professionnalisées. La rupture se situe au moment de la guerre du Biafra (1967) : c’est le premier cas d’ingérence humanitaire, mobilisant des dizaines d’ONG, organisées en réseaux, et suscitant de nombreuses vocations. On assiste alors à la naissance du « sans-frontiérisme », marqué par l’intervention humanitaire d’urgence, avec la création de Médecins sans frontières par Bernard Kouchner, et l’action des French Doctors. Les vocations se multiplient alors dans l’engagement humanitaire d’urgence. Les plus grandes des ONG deviennent peu à peu des « multinationales de la charité », à l’image d’Oxfam et ses 4 500 salariés, 30 000 bénévoles et près d’un million de donateurs dans le monde entier. Elle doit même faire appel au cabinet McKinsey pour se restructurer. Les besoins de financement croissants les mènent à recourir à la publicité (2 % à 10 % du budget), au mailing, au marketing, à la vente par correspondance, à la constitution de fichiers donateurs vendus, au crowdfunding. Certains dénoncent en cela une forme de charity business.
L’influence des ONG va croissant dans les relations internationales, certains spécialistes comme le sociologue Michel Agier n’hésitant pas à évoquer la naissance d’un « gouvernement humanitaire » associant États, OIG et ONG. L’ONU les associe ainsi à ses travaux : l’article 71 de la charte des Nations unies (1945) leur reconnaît un statut consultatif, elles sont réputées pour leur niveau d’expertise pointu, du fait d’une bonne connaissance du terrain, souvent bien plus que celle des États eux-mêmes.

Il existe toutefois des limites majeures à leur action. Primo, la forte concurrence qu’elles se livrent, menant souvent à une surenchère (ainsi, les quatre cents ONG s’installant au Kosovo après la guerre, dès 1999). Secundo, le manque de transparence et certains scandales retentissants (Arche de Zoé, Oxfam). Certaines flirtent avec l’illégalité, comme la Sea Shaperd Conservation Society luttant contre les navires baleiniers, née en 1981 d’une scission avec Greenpeace et souvent taxée d’éco-terrorisme. Tertio, la confusion avec le politique, alors que les ONG se veulent indépendantes en la matière : un mélange dommageable entre humanitaire privé et humanitaire d’État sur le terrain (Somalie), le risque de récupération politique (alors que les ONG se veulent souvent contestataires), qui passe par la privatisation de l’action publique (le cas d’Haïti, réputée « République des ONG »), la reconversion de certains militants dans la politique (à l’image de Bernard Kouchner). Enfin, on reproche parfois aux ONG leur manque de représentativité démocratique car non élues, non définies en droit. Il n’empêche qu’elles ont conquis une place à part dans notre mondialisation, coopérant avec les États et les OIG en même temps qu’elles les critiquent.
Les migrants et diasporas de migrants
De « nouvelles migrations » internationales s’observent dans le monde depuis les années 1970-1980 : elles sont plus intenses, plus complexes, à plus longue distance… bref, une véritable mondialisation migratoire. Ainsi, le nombre de migrants internationaux est évalué par l’ONU à quelques 270 millions de personnes, soit plus de 3 % de la population mondiale, contre 175 millions en 2000, auxquels il faut ajouter les migrants clandestins, entre 25 et 40 millions. Les pays émetteurs se situent pour leur grande majorité (à 80 % environ) dans le Sud en retard de développement et touché par l’instabilité politique et géopolitique. Les pays récepteurs sont désormais à 50 % dans le Nord et 50 % dans le Sud : cette situation de rééquilibrage est inédite.
Les migrations internationales sont longtemps restées limitées à quelques pays de départ et d’accueil, formant des « couples migratoires », souvent hérités du passé colonial : ainsi, 95 % des Algériens et 70 % des Tunisiens vivant en Europe ont choisi la France, 68 % des Turcs l’Allemagne, la grande majorité des ressortissants du Commonwealth le Royaume-Uni. Or, au tournant des années 1980, une nouvelle donne migratoire s’affirme, en lien avec de nouvelles formes de mobilité et de nouveaux migrants, originaires de zones géographiques jusque-là peu engagées dans les flux de populations de cette ampleur : Asie centrale et orientale, Europe de l’Est, Afrique centrale. Les provenances tendent à se diversifier et deviennent de plus en plus lointaines.

Les migrations forcées, phénomène éminemment géopolitique, ont retrouvé une grande importance : le nombre de réfugiés politiques a fortement progressé, de 2 millions au début des années 1970 à un pic de 27 millions dans l’immédiat après-guerre froide (1994). Il a baissé ensuite (12 millions à la fin des années 2000), pour connaître une recrudescence actuelle liée aux guerres d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient : 25 millions de réfugiés recensés par le HCR, auxquels il faut ajouter quelque 3 millions de demandeurs d’asile. Les pays en guerre envoient des contingents gigantesques de réfugiés : 5,5 millions de Syriens, 2,5 millions d’Afghans, 2 millions de Soudanais pour les plus forts contingents. Un grand arc de crise se dessine, de l’Afrique sahélienne à l’Afghanistan-Pakistan totalisant deux tiers des réfugiés mondiaux. En Europe, on assiste ainsi au milieu des années 2010 à la pire crise migratoire depuis la Seconde Guerre mondiale, qui voit les pays européens se diviser entre eux sur la politique d’accueil à suivre. La montée du djihadisme dans les pays d’Europe amène à établir un raccourci faisant des migrants illégaux des terroristes en puissance. Les pays du groupe de Visegrád, constitué autour de la Hongrie, s’insurgent contre les quotas d’accueil que Bruxelles veut leur imposer.
Les diasporas jouent un rôle important dans cette mondialisation migratoire, elles font vivre dans le temps des liens entre communautés et entretiennent une « culture de la migration ». Le nombre de personnes en situation de diaspora n’est pas connu précisément, mais il peut être estimé à plus de 600 millions (dont un quart rien que pour les Chinois d’Outre-Mer). Certains États-nations ont inventé ou « réinventé » leurs diasporas : c’est le cas de l’Union indienne où un Haut-Commissariat de la diaspora indienne est créé en 2000 et où le rapport Singhvi (2002) trace les grandes lignes d’une politique de « nationalisation » de la diaspora. C’est là que le brain drain peut devenir brain gain : le revenu annuel des Indiens de la diaspora, de l’ordre de 30 millions, est évalué à 200 milliards de dollars annuels, soit 10 % du PIB indien.
Les anti- et altermondialistes
Le terme « antimondialisme » a désigné dans un premier temps, à la fin des années 1990, l’ensemble des mouvements de rejet, plus ou moins radicaux, de la mondialisation libérale et du « consensus de Washington ». Mais l’adjectif « altermondialiste » l’a supplanté à partir de 2001, dans la lignée de l’action des premiers Forums sociaux mondiaux (FSM) à Porto Alegre au Brésil. Un article sur ce blog développe déjà ce thème…Il s’intitule « Définition et histoire de l’altermondialisme » et est à lire ICI.
Le crime organisé
Le crime organisé à l’échelle internationale n’est pas en soi un phénomène nouveau, il apparaît dans la mer des Caraïbes dès l’époque du grand commerce transatlantique (XVIe-XVIIIe siècle). De nos jours, la piraterie existe toujours (Amazone, Caraïbes, golfe de Guinée, golfe d’Aden, détroits malais) et elle est aussi devenue cybernétique (voir supra). Le crime organisé est un concept américain, aux plans criminologique et pénal, qui date de la Prohibition dans les années 1920 et sert dans un premier temps à désigner le trafic d’alcool illégal (Al Capone à Chicago). On utilise souvent le terme générique « mafia » pour le désigner : au sens strict, le terme désigne des organisations criminelles qui partagent les caractéristiques de la Cosa Nostra sicilienne (l’« Honorable Société »). Par extension, il qualifie toute association de malfaiteurs étant une société organisée et hiérarchisée (dotée de règles dont on dévie au péril de sa vie), parfois secrète et initiatique (dotée de rites de passage et d’initiation), utilisant la violence pour accéder à des richesses et protéger l’organisation. Sa dimension géopolitique est évidente : la société produit ses propres règles et lois appliquées sur son territoire désigné. Comme l’affirmait le juge italien antimafia Giovanni Falcone en 1991, peu avant sa mort : « Sur son territoire, la mafia produit la légitimité et définit ce qui est licite et illicite en établissant règles et exceptions ; elle juge, absout et punit. » Avec la mondialisation, le crime organisé étend ses ramifications sur la planète entière, se jouant des frontières des États, investit des domaines et des terrains nouveaux (cybercriminalité), profite des opportunités qu’offre la mondialisation financière (blanchiment des capitaux).

Extrait du livre de Cédric Tellenne « Introduction à la géopolitique »
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