Les chefs d’État et de gouvernement des 28 membres de l’OTAN ont participé à la réunion du Conseil de l’Atlantique Nord qui s’est tenue à Varsovie les 8 et 9 juillet 2016 derniers.
Il convient de revenir sur un certain nombre de points évoqués lors de ce sommet qui permettent de comprendre les politiques menées par cette organisation aujourd’hui.
Lors de ce sommet, le Monténégro a été invité à devenir le 29e pays membre de l’Alliance Atlantique. Les ponts figurant ci-dessous rappellent des principes et montrent les orientations prises face à la crise avec la Russie.
Le maintien des principes et le nouvel environnement sécuritaire.
- La mission essentielle de l’OTAN reste inchangée : veiller à ce que l’Alliance demeure une communauté de liberté, de paix, de sécurité et de valeurs partagées, dont la liberté individuelle, les droits de l’homme, la démocratie et l’état de droit. Les pays membre restent unis dans leur attachement au traité de Washington et aux buts et principes de la Charte des Nations Unies, ainsi qu’au lien transatlantique. Pour protéger et défendre la sécurité, indivisible, et les valeurs communes, l’Alliance doit continuer de s’acquitter efficacement des trois tâches fondamentales énoncées dans le concept stratégique : la défense collective, la gestion de crise et la sécurité coopérative.
- Depuis le dernier sommet, tenu au pays de Galles en 2014, une série de mesures ont été prises pour renforcer la défense collective, développer les capacités de l’Alliance, et d’accroître sa résilience. Les membres se sont engagés à doter leurs forces armées de ressources suffisantes, dans la durée. Aujourd’hui, face à un environnement de sécurité de plus en plus varié, imprévisible et exigeant, des mesures supplémentaires ont été prises pour défendre les territoires et protéger les populations, projeter la stabilité au-delà de nos frontières, et poursuivre l’adaptation politique, militaire et institutionnelle de l’Alliance.
- Un arc d’insécurité et d’instabilité s’observe à la périphérie de l’OTAN et au-delà. L’Alliance est confrontée à toute une gamme de défis et de menaces pour la sécurité, qui émanent de l’est comme du sud, d’acteurs étatiques comme non étatiques, et de forces militaires comme d’attaques terroristes, cyber ou hybrides. Les actions agressives de la Russie, y compris ses activités militaires provocatrices à la périphérie du territoire de l’OTAN et sa volonté avérée d’atteindre des objectifs politiques par la menace ou l’emploi de la force, constituent une source d’instabilité régionale, représentent un défi fondamental pour l’Alliance, et nuisent à la sécurité euro-atlantique.
- Par ailleurs, les conditions de sécurité au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, qui se sont dégradées de manière significative dans l’ensemble de la région, ont de profondes répercussions sur la sécurité. Le terrorisme, en particulier les attaques perpétrées par le prétendu État islamique en Iraq et au Levant (EIIL/Daech), a atteint un niveau d’intensité sans précédent, il s’étend à l’ensemble du territoire des Alliés, et il constitue désormais une menace immédiate et directe pour nos pays et pour la communauté internationale. L’instabilité au Moyen-Orient et en Afrique du Nord alimente également la crise des réfugiés et des migrants.
- Ce nouvel environnement de sécurité, en constante évolution, exige la capacité de faire face aux défis et aux menaces de toutes sortes, d’où qu’ils viennent. Fondée sur la solidarité, la cohésion et l’indivisibilité de notre sécurité, l’OTAN reste le cadre transatlantique pour une défense collective solide et le forum essentiel pour les consultations et la prise de décisions entre Alliés en matière de sécurité.
La responsabilité première de l’Alliance est de protéger et de défendre le territoire et la population de ses pays membres contre une attaque, conformément à l’article 5 du traité de Washington. Ainsi, une attention renouvelée est désormais accordée à la dissuasion et à la défense collective.
Parallèlement, l’OTAN doit conserver sa capacité de répondre aux crises au-delà de ses frontières, et à renforcer la sécurité internationale en travaillant avec ses partenaires et avec d’autres organisations internationales.
Les réflexions et les orientations face à la crise russe
- Depuis plus de vingt ans, l’OTAN s’emploie à bâtir un partenariat avec la Russie, notamment au travers du mécanisme du conseil OTAN-Russie. Les activités et les politiques récentes de la Russie ont diminué la stabilité et la sécurité et modifié l’environnement de sécurité. Alors que l’OTAN respecte ses engagements internationaux, celle-ci estime que la Russie a violé les valeurs, les principes et les engagements sur lesquels repose la relation OTAN-Russie (document de base du Conseil de partenariat euro-atlantique de 1997, dans l’Acte fondateur OTAN-Russie de 1997, et dans la Déclaration de Rome de 2002).
- Parmi les actions et politiques de la Russie qui nuisent à la stabilité figurent : l’annexion de la Crimée, que l’OTAN ne reconnait pas et sur laquelle elle appelle la Russie à revenir ; La violation, par la force, des frontières d’États souverains telle que l’action délibérée de déstabilisation de l’est de l’Ukraine ; la tenue d’exercices impromptus de grande envergure, sont estimés contraires à l’esprit du Document de Vienne, et les activités militaires provocatrices à proximité des frontières de l’OTAN, notamment dans les régions de la mer Baltique et de la mer Noire ou encore en Méditerranée orientale sont autant d’éléments fragilisant la sécurité de ces membres.
- En outre, en Syrie, l’intervention militaire de la Russie, sa présence militaire importante, son soutien au régime, et l’utilisation qu’elle fait de sa présence militaire en mer Noire à des fins de projection de puissance en Méditerranée orientale sont source de risques et défis supplémentaires pour la sécurité des Alliés et d’autres pays.
- L’OTAN a répondu à ce nouvel environnement de sécurité en renforçant sa posture de dissuasion et de défense, y compris par une présence avancée dans la partie orientale de l’Alliance, et en suspendant toute coopération civile et militaire pratique entre l’OTAN et la Russie, tout en demeurant ouverte au dialogue avec ce pays.
- La transparence et la réduction des risques dans le domaine militaire pourraient améliorer la stabilité et la sécurité dans la zone euro-atlantique. Dans ce contexte, l’OTAN appelle la Russie à prendre part de façon constructive aux discussions en cours à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) afin de moderniser le Document de Vienne, de manière à aider à combler les failles qui réduisent la transparence militaire.
- L’organisation reste déterminée dans son soutien à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues, ainsi qu’à son droit de décider librement, sans ingérence extérieure, de son avenir et de l’orientation de sa politique étrangère, principes inscrits dans l’Acte final d’Helsinki.
Dans un prochain article, nous évoquerons les communiqués du sommet de Varsovie liés à la région baltique et aux pays du pourtour russe puis ceux dédiés au conflit syrien.
Source : communiqué de l’OTAN sur le sommet de Varsovie