1. La mémoire : approche philosophique
Ce cours entreprend d’étudier la mémoire comme faculté individuelle, non dans sa dimension collective et historique. Nous verrons dans quelle mesure cette faculté contribue à fonder l’identité d’un individu, en tant qu’elle permet d’assurer la continuité de son existence psychique. Néanmoins, la mémoire doit inévitablement faire face à des défaillances, volontaires ou non, qui en menacent l’exercice. Ce constat ouvre un double champ de problématisation. D’une part, il faudra se demander si le but de la mémoire est d’être infaillible, et si l’oubli est bien le véritable ennemi qui la menace. Oublier conduit-il à aliéner l’individu, à le déposséder de son être ? Faudrait-il se souvenir de tout ? Cette question amènera à considérer l’option selon laquelle l’oubli fait partie, contre toute attente, de cette faculté. Oublier, n’est- ce pas aussi se libérer du ressassement du passé ? Et des souvenirs fantasmés, ou inexacts ne peuvent-il pas aussi avoir une valeur propre pour l’individu ? Il faudra ainsi mettre à jour la manière dont l’imagination contribue de manière active à former des souvenirs. La mémoire n’est pas un procédé mécanique d’enregistrement du réel : elle est principe de sélection des images qui obéit à une logique par laquelle l’individu forme son caractère et sa personnalité, quitte à ne pas toujours être absolument fidèle à ce que l’on nomme le « réel ».
La mémoire comme condition de l’identité
1.1. La mémoire comme acte de connaissance fondateur
1.2. La mémoire et l’identité personnelle
1.3. Mémoire et responsabilité
Les échecs de la mémoire, et sa nécessaire défaillance
2.1. La restauration du passé
2.2. L’autobiographie et ses failles
2.3. Le refoulement des souvenirs
La persistance du passé et la sélection des images
3.1. La mémoire du corps
3.2. La sélection des souvenirs
3.3. Mémoire humaine et mémoire informatique