Dans le cadre d’un sujet sur la démocratie et ses inégalités, voici des pistes de réflexion pour être paré si le jour « J » le sujet aborde ces deux notions peut être… »paradoxales » .

Pourquoi parler  » d’idéal égalitaire  » ? Car il y a toujours un écart entre l’égalité de droit et les inégalités réelles, et que c’est cet écart que l’on tente de résorber, même si comme disait Tocqueville, plus on se rapproche de l’égalité des situations, plus les inégalités restantes deviennent insupportable (voir le Paradoxe de Tocqueville).

Vous avez sans doute l’habitude d’associer la démocratie à  la liberté, notamment la liberté de parole, d’opinion, et la liberté de vote. Mais pourquoi associons-nous systématiquement la démocratie à  l’égalité ?

  • D’abord parce que la démocratie est elle-même un principe d’égalité. En effet, la règle démocratique de base (un homme = une voix) est une règle égalitaire, qui dit que, dans le processus de la décision publique, chacun dispose du même pouvoir, du même poids. Les avis individuels se valent et c’est seulement quand une majorité de personnes partage la même opinion qu’ils peuvent la faire prévaloir.
  • Ensuite, parce que le principe égalitaire de la démocratie devient forcément une norme politique. Quel succès aurait dans une société démocratique une doctrine politique qui accepterait l’inégalité au profit d’une élite ? Comment rassembler une majorité sur un programme politique qui ne promettrait pas au plus grand nombre l’accès à  un certain bien-être ? Ainsi la démocratie est en quelque sorte  » obligée  » de produire de l’idéal égalitaire – même si la définition de celui-ci peut varier.
  • Or, le capitalisme repose aussi sur l’égalité des valeurs échangées. Une quantité de biens, de services ou de travail doit être échangée contre la valeur équivalente en monnaie. Marx écrivait que la devise du capitalisme pourrait être : « Liberté, égalité, propriété ». Si la capitalisme produit des inégalités, il repose tout de même sur une logique d’égalité, notamment dans les droits des contractants (offreur et demandeur). Même si cela ne signifie pas que le pouvoir des deux parties soit le même…A égalité donc, mais égalité de quoi ? Il est tout à fait nécessaire de poser la question. En effet, on va voir qu’il y a plusieurs façons de concevoir l’égalité, et que ces différentes conceptions ne sont pas toujours compatibles
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  • La première égalité est l’égalité des droits, c’est-à -dire l’égalité devant la loi. Elle consiste à garantir à chacun le même ensemble de droits, ce qui est légalement possible pour un doit l’être également pour tous les autres. Les sociétés démocratiques sont nées de l’aspiration à cette forme d’égalité : la Révolution Française a mis fin aux privilèges de la noblesse et à l’hérédité des positions. On passe d’une société d’ordres à une société démocratique dans laquelle tous les individus sont assurés de bénéficier des mêmes droits (même si, rappelons-le, les femmes françaises n’ont obtenu l’égalité des droits politiques qu’en 1946 !).
  • La deuxième forme d’égalité est l’égalité des chances. Non seulement on donne à chacun le droit d’accéder à n’importe quelle position sociale ou à n’importe quel bien, mais en plus on garantit à tous les mêmes chances d’accès au départ. C’est une conception de l’égalité bien plus exigeante. Ainsi, les femmes ont le droit de vote et sont éligibles depuis 1946, mais cela ne leur donne manifestement pas les mêmes chances d’être élues, puisqu’il n’y a encore aujourd’hui que 12.3 % de femmes parmi les députés.
  • La troisième forme d’égalité est l’égalité des positions, ou égalité réelle. Il s’agit cette fois d’assurer à chacun non pas les mêmes chances d’accès aux biens et aux positions, mais un même accès effectif. Par exemple, en matière de revenu, l’égalité réelle consiste non pas à ce que chacun ait les mêmes chances d’accéder par son mérite aux plus hauts revenus, mais que tous aient des revenus au moins approximativement égaux. La loi sur la parité en politique vise ainsi à ce que les femmes prennent effectivement leur place dans la vie politique en imposant non pas l’égalité des chances dans la compétition électorale, mais bien la parité comme résultat puisqu’elle oblige les listes de candidats à comporter 50 % de femmes.

Merci encore de votre fidélité et à bientôt.