Dans un devoir sur les « radicalités », vous pourriez aisément être amenés à parler des mouvements contestataires puisqu’il s’agit d’une forme de radicalisation principalement articulée autour de revendications liées à l’anticapitalisme et à la transformation d’un système politique perçu comme générateur d’inégalités sociales…Même si ces revendications ne trouvent pas leur aboutissement dans la violence, ces contestataires inclut leur action pour défendre une cause.

Du printemps à l’automne 2011, des mouvements sociaux de contestations se sont répandus comme des traînées de poudre, créant un phénomène inédit dans l’histoire des mouvements sociaux. Partout, des slogans, inscrits sur du carton ou sur de larges banderoles, sont déployés sur les façades des bâtiments : , , , … Ils seront rapidement des dizaines de milliers, réunis jour et nuit, dans une clameur indescriptible.

V Internet, les SMS, les réseaux sociaux, des mouvements naissent : qu’ils se nomment les « Indignés» »en France ou en Espagne ou encore « Occupy » aux Etats-Unis, ils revendiquent à Athènes, Londres, Tel-Aviv, Montréal, Tôkyô ou encore Johannesburg les mêmes slogans et font part de la même indignation face à une démocratie devenue l’arme des « puissants » et à un « pouvoir financier » omnipotent. Au-delà des rassemblements médiatisés, que savons-nous des Indignés ? Que veulent-ils ? Comment s’organisent-ils ?

Le mouvement des indignés (Occupy) s’est manifesté dans plusieurs villes du monde au cours de l’année 2011 au travers un processus de transnationalisation.

Ce que l’on entend par transnationalisation est ce que l’on dénomme improprement et confusément parfois par « mondialisation » ou « globalisation ». C’est en fait un mouvement qui traverse de part en part les États-nations, en les débordant, et qui tend par conséquent à les détruire radicalement.

En se dessinant dans plus de 80 pays et plus de 1000 villes à travers le monde, le mouvement des indignés a été présenté tant par les experts que par les critiques comme un et un seul mouvement de portée mondiale et d’envergure historique. Or ce sont en fait DES mouvements car il existe en réalité des courants d’idées, des pratiques et des demandes qui influent sur l’action revendicative entre les différents sites et permettent donc le partage d’une idée générale similaire.

 

Le mouvement des indignés prend ses racines en Europe et plus particulièrement en Espagne où le concept d’internationalisation apporte chez beaucoup de personnes une exaspération certaine.

En Espagne…

En décembre 2010, sous la pression de Bruxelles et des marchés financiers, le gouvernement socialiste espagnol de Luis Rodriguez Zapatero se voit contraint d’adopter une série de mesures d’austérité pour réduire le déficit public. Malgré la grève générale du 29 septembre 2010 et les contestations syndicales, l’année 2011 commence avec 4 millions de chômeurs en Espagne, dont 44% de moins de 25 ans. Le 15 mai 2011, l’exaspération face à la crise conduit les Espagnols sur la voie de l’indignation. Dispersés par la police le 16, ils reviennent le lendemain plus nombreux et s’installent. Ce qui touche au départ Madrid se propage très rapidement à plusieurs villes du pays tel que Barcelone, Carthagène, Valence. Le mouvement rassemble des individus de toutes classes, statuts et origines. Tous protestent contre les inégalités sociales et dénoncent les dérives du capitalisme. Assistant à la défaite du 22 mai du gouvernement socialiste, « los indignados » occuperont la place Puerta del Sol du 17 mai au 12 juin 2011 et continuera sous forme d’assemblées citoyennes et comité populaire dans les autres villes. Avec un large soutien de la population, la manifestation du 19 juin organisé par les indignés d’Espagne rassemble 200 000 personnes.

Puis en Grèce…

«Democracia real ya! Grecia también», depuis le 25 mai 2011, calqués sur le modèle espagnol, les indignés Grecs occupent la place Syndagma devant le parlement. il n’est pas étonnant après deux ans de récession de voir le mouvement émerger en Grèce, dont les facteurs communs (en plus austère) avec l’Espagne sont nombreux. La première manifestation du 26 mai rassemble 30 000 personnes, avec le même climat qu’en Espagne. Des gens de toutes strates sociales qui s’organisent avec là aussi une majorité de jeunes, et eux aussi réclament une « démocratie réelle, maintenant! ». Comme le mouvement espagnol, le mouvement est pacifique et apparaît de façon spontanée. Le mouvement se diffuse dans de nombreux pays d’Europe.

En France mais dans une moindre mesure…

En France, le mouvement peine à éclore, pourtant installés depuis le 19 mai place de la bastille en soutient aux peuples espagnols et Grecs, il reprend un nouveau souffle le 29 mai avec une manifestation de 3000 personnes. Même redynamiser avec l’occupation de la Défense (place des affaires) le mouvement aura une plus petite portée en France que dans les autres pays. On remarque que les revendications et les fonctionnements sont similaires.

Puis le monde est touché…

Entre le 15 mai et le 15 octobre la diffusion du mouvement des Indignés va se faire de façon fulgurante. Touchant notamment l’Angleterre, l’Italie, la Belgique, le Portugal, mais aussi le Japon et Israël. Le mouvement va s’offrir une portée mondiale en plantant sa tente au Zuccotti Park à deux blocs de Wall Street le 17 septembre aux États-Unis. Des manifestations aussi au Canada à Toronto, Montréal, Ottawa, Vancouver, Edmonton, Calgary, Regina, Winnipeg et Moncton se joignant au mouvement en occupant symboliquement les places financières des villes.

Le 15 octobre 2011 a d’ailleurs été la journée mondiale des indignés.

 

Les Indignés forment une galaxie composite de jeunes, de retraités, de chômeurs, de salariés… Aux États-Unis, ils se réunissent sous le label « Occupy », en référence à l’occupation aux pieds de Wall Street, symbole de la haute finance internationale.

En Espagne, ils sont rassemblés sous la bannière « Democracia real ya », slogan qui a abondamment circulé à la Puerta del Sol.

En France, un mouvement de plus faible ampleur s’est formé dans le sillage des espagnols.

Si la diversité fait loi parmi les Indignés, la majorité d’entre eux est plutôt jeune : les tranches d’âge les plus représentées sont les 20-40 ans pour le mouvement Paris Démocratie réelle maintenant, selon Sébastien, indigné parisien, et les 20-30 ans à Occupy Wall Street.

Beaucoup sont diplômés du supérieur, fréquemment engagés dans des mouvements associatifs altermondialistes tel Attac. Le nom du mouvement américain, « Occupy », a ainsi été inspiré par le réseau anticonsumériste canadien de « casseurs de pub » Adbusters.

Le mouvement américain dit s’inspirer des mouvements de résistance tunisien et égyptien. Sur la forme, la comparaison avec ces révolutions peut être fondée : occupation de places publiques, usage des réseaux sociaux, etc. Cependant, les différences sont importantes sur le plan du sens, puisque les révolutions « Printemps arabe » ont eu comme fin le renversement de pouvoirs autoritaires. Il reste que les mouvements comme Occupy ou Démocratie réelle expriment une protestation nouvelle : l’indignation.

 

Des sentiments de malaises sociaux

Le sentiment d’injustice sociale, l’inégale répartition des richesses sont au cœur des revendications… Certaines motivations sont partagées, mais il est malaisé de les décrypter en totalité car elles varient selon les contextes nationaux. Tout juste peut-on noter que c’est dans un contexte de crise morale et politique liée aux effets de la crise financière mondiale qu’ont émergé ces mouvements, partis de la jeunesse et demandant un changement de société.

La revendication d’injustice est un phénomène constant. Toutes ces contestations qui se réclament d’une même mouvance présentent des similitudes et les connexions qui existent entre tous ces mouvements sont indéniables, c’est d’ailleurs l’union de tous ces mouvements qui font sa force. On retrouve cette unanimité dans le 99% de leurs slogans, relayés par les médias.

Cette corrélation entre tous ces mouvements d’Indignés-Occupy tend vers la désignation d’un ou plusieurs ennemi(s) commun(s) (la finance mondiale, les banques.

Le mouvement des indignés débuté en Europe et le mouvement Occupy qui s’impose en Amérique du Nord présentent des similitudes car ces mouvements présentent une même logique d’action collective :

  • Les tactiques utilisées (l’occupation, l’utilisation de l’art comme outils critique),
  • La période et le contexte d’émergence (crise économique et inégalités en hausse depuis 2008),
  • Les événements organisés au niveau mondial (les manifestations du 15 octobre dans 951 villes) et leurs cibles communes.

Mais un malaise de la démocratie également

Une part de l’indignation tient également de la déception à l’égard du système représentatif, pointée par les Indignés espagnols ou français via le slogan « Démocratie réelle ». En Espagne, l’exigence de réforme de la loi électorale pour favoriser les petits partis fut l’un des points de convergence des Indignados. Aux États-Unis, Occupy Wall Street en appelle à la « direct democracy » et le but d’Occupy est de réintroduire une culture de la participation publique. Cette revendication d’une  véritable  démocratie s’accompagne d’une dénonciation par Occupy d’une « collusion » des milieux politiques et financiers et de l’exigence d’une plus grande  justice sociale.

Le mouvement Indignés-Occupy propose une vision progressiste de la démocratie, ce qui s’oppose avec la vision conservatrice de la démocratie. La première met de l’avant une responsabilité sociale, tandis que l’autre favorise la responsabilité individuelle. C’est d’ailleurs par cette critique du système et du marché que le mouvement a pu être comparée par certains médias aux États-Unis au Tea party de la gauche.

 

4.  Des mouvements sociaux.

Le mouvement des indignés Occupy nous a été projeté par la presse et par les observateurs, comme un mouvement né de façon spontanée. La diffusion d’un mouvement social au-delà de l’échelle nationale est à la fois opportunités pour les protestataires et une menace pour les pouvoirs publics. Nous pouvons notamment citer en exemple le Printemps des peuples entre 1848 et 1850, et les nombreuses révoltes de 1968.

Parkset et Burgess (1969) soutiennent dans Introduction to the science of sociology qu’un comportement collectif novateur se fait en trois phases : agitation sociale, mouvement de masse, et transformations des institutions.

L’injustice peut être considérée comme naturelle dès lors qu’elle est fondée sur des inégalités naturelles, mais lorsque ces inégalités sont le symptôme d’un modèle économique prédateur, l’injustice peut devenir insupportable au point de mener à l’indignation puis à des actions pour la combattre. C’est très exactement ce que l’on voit dans le cas des Indignés-Occupy. La précarisation de l’emploi est en hausse dans les pays développés, conséquences d’une concurrence internationale toujours plus féroce, la précarité touche de plus en plus une frange importante de la classe moyenne. C’est d’ailleurs par la communication et l’interaction entre les individus, rendus possibles par les évolutions de technologie de la communication et la mondialisation de l’information que les individus, ensemble, vont pouvoir donné du sens à leurs actions. Il va émerger une conscience de groupe (en l’occurrence les 99%), permettant, la sélection de valeurs dominantes, une identité, mais aussi un ennemi commun.

Dans le cas du mouvement des Indignés-Occupy, l’ennemi est la spéculation financière , perçu comme à l’origine des dérives économique et fer-de-lance du capitalisme prédateur (l’accumulation capitaliste non plus en termes de production de richesses, mais plutôt en termes de pouvoir de prédation du capitaliste sur la collectivité).

 

5.  La propagation du mouvement des indignés

En moins d’un an et à travers plusieurs villes du monde, des places publiques sont prises d’assaut par la population. Symbole de solidarité transnationale, le mouvement après avoir gagné Wall Street, se répand en moins d’une semaine dans plus de 1000 sites aux états unis, cette diffusion rapide au niveau international, est fulgurante à l’échelle nationale, pas seulement aux Etats-Unis et en Europe. Chaque campagne organisée localement possède des demandes différentes ainsi que certaines particularités, mais toutes adoptent l’appellation « occupy », toutes s’organisent en comités de travail comme à Wall Street ou à la Puerta del sol.

La diffusion des idées de ce mouvement a emprunté des canaux indirects. En revanche d’autres idées ont été diffusées le long de canaux de transmission déjà établie dans des réseaux organisationnels.

6.  Le rôle des réseaux sociaux

Les réseaux sociaux sont depuis 2010 un puissant lieu de mobilisation collective aboutissant aux contestations populaires. On l’a observé en Egypte et en Tunisie au début de cette décennie dans les mouvements nommés de « printemps arabes ».

On l’observe de plus en plus également. En Ukraine comme au Venezuela, les manifestants ou les leaders qui mènent le mouvement se servent des réseaux sociaux, soit pour communiquer, soit pour inciter les gens aux manifestations ou encore pour se mobiliser.

Les réseaux sociaux (Facebook, Twitter…) sont devenus de réels catalyseurs et accélérateurs de contestations populaires. Et qu’ainsi, nous sommes rentrés dans de nouvelles formes de  contestations.

L’utilisation des réseaux sociaux par les jeunes et les adolescents répond à une exigence, celle de se mettre ensemble et de faire entendre leurs voix. En effet, les jeunes se disent qu’ils ne sont pas assez écoutés comme ils devraient l’être ou alors ils sont embastillés.

 

7.  Quelles idées sont diffusées ?

Les différents éléments qui se sont diffusé dans le mouvement Occupy sont les suivants :

  • Idée- image-slogan

Ces mouvements sont d’abords porteurs de croyance et d’idéologies. Dans un mouvement aussi large que celui des Indignés-Occupy, les idées sont non seulement portées par les médias mais surtout relayées par des personnalités, et des grands militants de mouvement.

Les images données sont fortes et simples. Dans le slogan 1% vs 99%, cette vision, 1% de privilégiés s’opposent au 99% restant de la société est un slogan très marquant. Ainsi tous ces mouvements s’identifient comme les 99% du peuple menacé par les 1%. Cette minorité sont les plus riches de notre planète, corrompue, ils favorisent l’injustice économique et sociale ce qui à pour effet de créer un désenchantement politique. Son efficacité réside dans l’unanimisme qu’il renvoie. Ce slogan a été repris partout dans le monde. En faisant un parallèle avec les méthodes d’analyse du discours politique, nous pouvons rappeler que l’une des règles est que le vocabulaire choisi doit être simple pour faciliter la compréhension. En ce sens, le chiffre peut être vu comme une forme de langage universel. Quand un message atteint une personne, il y a de fortes chances que cette personne soit déjà persuadée du bien-fondé de ce message…

Un autre slogan des indignados en Espagne abonde dans le même sens d’un tout contre une partie « No somos antisistema, el sistema es anti-nosotros ». Leurs visions induisent un rapport de domination à l’échelle mondiale, dont le maître est le monde de la finance. De ce constat, les occupyers, sans appartenance politique ni syndicale, propose un changement majeur par une révolution globale et sans violence. Changement possible que par une participation massive de la population, une mobilisation démocratique.

  • Que demandent-ils ?

La morale occupe une place centrale dans la logique de ces mouvements. Voici les grands thèmes principaux revendiqués.

Abolition des lois injustes (loi Scinde, le plan Bologne, lois électorales, loi contre les étrangers), abroger l’arrêt «  citizen united » rendu par la cours suprême (par un amendement à la constitution), prendre la parole et agir pour dénoncer les injustices , mesures contre la corruption politique, le plein emploi.

Développer le lien qui m’unit aux autres et chercher la valeur dans les relations humaines plutôt que dans les marchandises, séparation de l’église et de l’État, déplacer le taureau de Wall Street (symbole de force et pouvoir de Wall Street).

Respecter les êtres vivants, leurs habitats et consommer de façon responsable ; IIIe république pour en finir avec la monarchie annulation de la dette individuelle quel qu’en soit la forme et pour tous, arrêt de toutes les centrales nucléaires au profit d’énergie durable, le rétablissement du Glass Steagall act (réforme du système bancaire promulguée en 1933 et partiellement abrogée en 1980).

M’éduquer et encourager l’échange des connaissances.

Réformes fiscales, favoriser les bas revenus, davantage d’impôts pour les riches, instaurer la taxe Tobin (la taxation des petites transactions financière), interdire la spéculation, nationaliser les banques qui ont bénéficié d’aides publiques, le financement par répartition des interventions militaires (pour que les guerres ne puissent pas se faire sans que le congrès n’accepte d’en financer directement chaque étape).

Cultiver l’esprit de conciliation dans mes relations et communications avec les autres, développer un réseau de transports publics, gratuité des transports pour les chômeurs.

M’ouvrir à la diversité des êtres et respecter les différences ;

Démocratie participative et directe: assemblées populaires par quartier, village, avec l’aide d’Internet. Consultations régulières du peuple par référendum. salaire ou revenu garanti (également décrit comme l’impôt négatif)

Être intègre et ne pas accepter les mensonges et la corruption ;
Abolition de la précarité. Instauration d’un salaire minimal à 1200 euros. Des centres de soins universels

Prendre soin de soi,

Reconnaître les sentiments des autres et en tenir compte, réduire le budget militaire, aucune intervention dans aucune guerre. Un congé maladie payé pour tous les américains.

Reconnaître que je peux être dans l’erreur, récupération de la mémoire historique, condamnation du franquisme, plus grande transparence politique en général.

Défendre des valeurs avec dignité sans tomber dans le piège de l’oppression.

Les tactiques et stratégies

Une apparence de foisonnement de mobilisations en tout genre caractérise ce mouvement sans  : campements pacifiques, discussions collectives en assemblées générales, listes de propositions citoyennes, comités de quartiers en Espagne, marches contre les expulsions des logements ou encore flash-mobilisations anticonsuméristes aux États-Unis…Les Indignés empruntent aux formes d’action collective héritées des nouveaux mouvements sociaux : fonctionnement horizontal, décentralisé, formes de protestation originales (occupation de lieux publics, « manifestations de papier » )…

Les mouvements Indignés-Occupy ont été présentés comme similaires en raison notamment des tactiques et stratégies utilisées par les participants. À Wall Street, Montréal, Londres et Madrid ont peut voir naître l’occupation d’une place symbolique. L’occupation est certainement l’action qui a été la plus médiatisée durant ces protestations. Ceci a pu également participer à la diffusion du mouvement à l’échelle internationale.

Parallèlement, des « groupes de travail » auto constitués ont contribué à organiser les mouvements locaux d’Indignés. Aux États-Unis par exemple, Occupy Wall Street comprend de plus de 70 de ces groupes thématiques formés de volontaires : « finances » (levées de fonds), « justice » (assistance juridique aux Indignés interpellés près de Wall Street), « communication » (site Web, agenda de manifestations, relations presse)…

En effet, on peut voir que l’espace est une véritable ressource, à partir de laquelle va pouvoir émerger un microcosme. Car la particularité du mouvement des Indignés-Occupy c’est sa capacité à transformer un espace public en une arène discursive citoyenne participative. Pourtant, l’occupation n’est pas une nouvelle pratique. Pendant les années 1970, de façon comparable, dans des dizaines d’autres villes d’Amérique latine, des milliers de familles iraniennes pauvres s’installent sur des terres, en exigeant ensuite de l’État des garanties de possession, l’accès aux services de base et que leurs habitations soient améliorées…

De ce modèle d’action vont se décliner d’autres pratiques et stratégies. On remarque par exemple une stratégie similaire dans les modes de fonctionnement du mouvement. On peut voir que le campement s’organise de façon horizontale, il n’y à pas de hiérarchie. Dans chacun des camps se mettent en place des assemblées générales durant lesquelles chacun peut s’exprimer. La division au sein du mouvement en différent groupe de travail est également observable dans les différents endroits. On peut également noter que le consensus est central dans ce mode de fonctionnement. À Montréal comme à Wall Street, le consensus était préférable au vote.

Une autre pratique renforce l’idée d’une similarité entre ces mouvements, cette pratique a su profiter des technologies pour se diffuser rapidement et ainsi unifier d’avantages un mouvement géographiquement fragmenté. Il s’agit du langage des signes propres aux assemblées générales des campements. On observe par conséquent que des pratiques se diffusent rapidement grâce aux nouvelles technologies de communication, cela contribue à renforcer la singularité du mouvement. Pourtant si les pratiques sont similaires, ce n’est pas pour autant que ce mouvement ne soit pas en faites plusieurs mouvements.

8.  Conclusion : Quels impacts ?

De par sa durée (plus de deux mois), de par sa forme (les occupations de lieux publics, la désobéissance civique) et de par ses cibles (les grandes entreprises de la finance ou de l’industrie), ce mouvement revêt d’ores et déjà un caractère exceptionnel.
L’impact de ces mouvements est multiple. Ces mouvements d’indignation sont novateurs et sont nécessaires dans l’évolution de la société car dans une société où le politique est de plus en plus éloignés du citoyen, ces mouvements sont des outils d’expressivités. Ces mouvements participent à la redéfinition de certains concepts, celui de redéfinir le concept de démocratie, là est l’enjeu et telle est l’objet de la critique. La démocratie est de plus en plus répandue dans le monde, mais « n’est pas réelle », scandent les activistes. Ce que nous avons, « c’est une illusion » nous disent les indignés, c’est donc avec le peuple dans l’espace public et avec des actions communes que ces mouvements tentent de trouver le meilleur fonctionnement démocratique.

Ces mouvements ont une même idée générale en arrière-plan, qui est de redonner la démocratie au peuple et mettre fin aux inégalités économiques causées par le capitalisme.

Si ces mouvements ont réussi, c’est également en raison d’un contexte macro-structurel commun. Ainsi, la notion de crise prend tout son sens. D’autant plus qu’il n’y a pas une crise, mais plusieurs crises. Sans forcément aller jusqu’à parler de l’émergence d’une société civile mondiale, cette convergence montre le potentiel des populations à pouvoir s’organiser et s’unir pour une cause commune.

Mais les oscillations entre revendications précises et exigence de changement social, son fonctionnement sans posent la question de la pérennité de ce mouvement d’indignation. Pour l’heure, les Indignés mettent en avant le pouvoir du Web et des solidarités transnationales pour entretenir l’élan collectif au-delà de l’occupation physique de lieux emblématiques comme Wall Street.