L’été est toujours propice pour se doter d’une bibliographie utile à la préparation des concours d’entrée aux grandes écoles… En voici une liste possible…

Les concours d’entrée aux grandes écoles ou aux concours de type IEP/Sciences Po nécessitent une préparation rigoureuse et sérieuse dès le niveau de première et jusqu’aux épreuves du baccalauréat. En histoire, les épreuves ont l’avantage bien souvent de suivre le même programme que les classes de première et terminale : de la fin du XIXe siècle à nos jours. En culture générale, s’il n’y a pas souvent de thèmes demandés (sauf pour le concours d’entrée aux IEP) les notions restent souvent les mêmes et tournent autour des grands problèmes de société, de mondialisation ou encore de géopolitique…

Si au baccalauréat, il vous suffit de bien connaître votre cours et la méthode de l’épreuve pour obtenir une note correcte, cela ne sera plus le cas pour les concours que vous préparez. En effet, ces concours ne demandent pas de régurgiter un cours ou des notes mais bien de bâtir une véritable réflexion, la tenir et conduire un développement argumenté afin d’être meilleur que les autres candidats. Les correcteurs vont plutôt chercher dans vos dissertations et vos argumentaires la capacité de vous repérer dans le temps et l’espace, de faire des liens entre différents évènements et conjonctures, de décrire et analyser des problématiques en tant que futur étudiant de l’école visée.

Profitez donc alors du temps de l’été, propice à la lecture pour vous préparer à vos épreuves. Ici, le but est de vous repérer dans la foule de livre d’histoire, d’idées, de concepts de culture générales ou de quotidien qui sont essentiels à votre programme. Pendant les vacances, il est recommandé de commencer seul à consulter des ouvrages parmi ceux cités ci-dessous.

Ce ne sont pas les seuls livres possibles mais c’est une première base solide. D’autres références sont toujours possibles en fonction des thèmes et nous en développons d’autres tout le long de l’année dès certains thèmes connus.

Pourquoi ces lectures ? La réponse est simple. Elles vous permettront d’acquérir une familiarité avec les grands thèmes contemporains et cette aisance ne sera solide qu’en vous constituant un stock personnel de références. Au fil de ces lectures, vous serez en mesure de comprendre que l’histoire et la culture générale en histoire comme en relations internationales sont bien plus que le récit des évènements, le rôle des nations ou la succession de régimes politiques et de conflits. Vous serez en mesure de comprendre la richesse et la complexité du XXe siècle et du début du notre siècle.

  1. Types de références

 

  •  Les thèses :

ce sont des livres d’historien qui ont fait beaucoup de bruit à leur époque de parution. Vous devez les connaître, en connaître les idées, savoir pourquoi ils ont compté, pourquoi ils ont été critiqués. Cependant, vous ne pouvez pas réutiliser ces thèses dans une dissertation mais certains sujets même du concours sont des clins d’œil à ces ouvrages. Contentez-vous de les parcourir et surtout retenez bien les titres.

Georg Lachmann Mosse, , Hachette, 1999. La notion de brutalisation est extrêmement féconde. Vous devez absolument la connaître et l’utiliser habilement.

Francis Fukuyama, Champs Flammarion, 1993. En 1993, Fukuyama pensait que sans l’URSS, l’histoire était terminée. Lourde erreur mais l’introduction est très intéressante.

Samuel Huntington, , Odile Jacob, 2007. Un classique souvent cité dans les émissions débats. Une vision de l’histoire selon laquelle la violence provient des chocs entre les différentes civilisations. C’est un peu réducteur mais utile pour comprendre la vision du monde selon les néo-conservateurs américains.

Robert Paxton, 1940 – 1944, Seuil, réédition de 1999. Le premier historien à parler de Vichy n’était pas français. Grâce à lui commença un long travail d’introspective national.

Maurice Agulhon, Hachette Pluriel, 1990. Une grande référence à Sciences-Po qui réunit histoire et théorie politique. A connaître.

  • Les manuels :

Ce sont des outils car ils sont toujours très exhaustifs dans la description des évènements. Avec eux, vous possédez des sortes de fiches toute prêtes dont il faut plus ou moins tout retenir. Leur taille peut faire peur mais les informations sont beaucoup répétées pour en rendre l’apprentissage plus facile. S’ils sont essentiels, ils ne sont pas suffisants car tous les candidats aux concours les connaissent et donc ils ne vous rendent pas très originaux. Ces ouvrages ne possèdent souvent pas non plus de problématiques très développées : Il est recommandé de maîtriser par cœur au moins un manuel pour votre concours. Il a bien été dit N’espérez pas maîtriser un manuel d’ici à la rentrée ! Fixez-vous l’objectif d’en avoir extrait toutes les connaissances d’ici le mois de janvier de votre année de terminale pour ensuite garder le temps de la mémorisation.

Serge Bernstein et Pierre Milza, en quatre tomes :

– Tome 1 : , « Initial », Hatier, 1996, 502 pages.

– Tome 2 : , « Initial », Hatier, 1996, 490 pages.

– Tome 3 : « Initial », Hatier, 2010, 286 pages.

– Tome 4 : , « Initial », Hatier, 350 pages.

Ces quatre tomes sont les quatre Évangiles de la préparation aux concours des grandes écoles et celui de Sciences Po ou IEP. Tous les candidats partent de là. Ils sont factuels, organisés en entrées thématiques courtes, complètes et illustrées d’exemples. Cependant, les exemples manquent d’originalité, les descriptions sont exemptes d’analyse, le manuel ne pose pas de question : ils ne suffisent pas à préparer une épreuve de dissertation.

Bernard Droz et Anthony Rowley, en quatre tomes :

– Tome 1 : , « Points Histoire », Seuil, 1986, 360 pages.

– Tome 2 : , « Points Histoire », Seuil, 1986, 285 pages.

– Tome 3 : , « Points Histoire », Seuil, 1987, 517 pages.

– Tome 4 : , « Points Histoire », Seuil, 1992, 525 pages.

Comme le Bernstein & Milza, le Droz & Rowley est exhaustif et précis. Son avant-propos est une réflexion intéressante sur le siècle qui vous inspirera certainement. De plus, Bernard Droz est une référence sur le thème de la décolonisation. Ces manuels pourront donc compléter les précédents avec d’autres exemples, peut-être une focal différente sur certains thèmes, un style différent aussi. Attention cependant avec les plans tiroirs proposés qui ne conviennent pas toujours pour une dissertation. Certains développements sont lents et compliqués. Lisez les tel un dictionnaire, par partie qui vous intéresse. Évitez notamment le tome 4, complètement dépassé quant à l’analyse du nouvel ordre international.

Jean-Baptiste Duroselle, André Kaspi, en deux tomes :

– Tome 1 : , douzième édition, Armand Colin, 2001, 450 pages.

– Tome 2 : , quinzième édition, Armand Colin, 2009, 720 pages.

C’est un grand classique et le découpage est pratique : les sous-chapitres ne font jamais plus de deux pages. Il est recommandé pour les questions de diplomatie et pour les éclairages ponctuels sur des traités, sur des batailles etc… Attention car il ne traite que de relations internationales, ce qui n’est pas forcément tout le programme de votre concours.

Arnaud Pautet, Ellipses, 2012, 330 pages.

C’est un excellent manuel qui propose des conseils de méthodologie, des cartes, des frises, des repères bibliographiques, des problématiques, des sujets-types, etc. Il est vraiment très pratique. Il est en revanche totalement insuffisant mais sera rassurant pour les élèves de premières et de terminales qui veulent soigner l’épreuve d’histoire. Il est déjà sous forme de fiches…

  • Les références :

Ce sont des ouvrages d’historiens connus et reconnus. Il est bon de vous familiariser avec le style et le questionnement des historiens. Il ne faut pas lire ces ouvrages de la première à la dernière page : introduction, conclusion, table des matières, puis quelques chapitres qui ont l’air centraux et desquels vous tirerez les idées et les exemples, cela suffit amplement. Reprendre la thèse et l’exemple d’un historien connu dans une dissertation pour illustrer une idée montre que votre niveau de travail et d’érudition : c’est une excellente chose.

 René Rémond, , Presses de Sciences-Po, 2007, 130 pages. Une référence et un potentiel livre de chevet pour les préparant Sciences-Po.

Bernard Bruneteau, Armand Colin, 1999, 240 pages. Un ouvrage déconcertant qui ne concerne que les plus motivés. La troisième partie décrit chaque totalitarisme. Bernard Bruneteau est la référence actuelle sur le sujet.

J. Hobsbawn, , A. Versailles, 2008, 800 pages. Les chapitres sont courts et indépendants les uns des autres donc vous pouvez sauter ce qui vous intéresse moins. Les exemples sont bien exploités, longs, détaillés. Chaque chapitre commence par des citations réutilisables.

Tony Judt, édition Héloïse d’Ormesson, 2008, 620 pages. Un livre assez accessible, les Américains sont doués en « vulgarisation » … Entre histoire et culture générale, chaque chapitre relie une période à une pensée : Arendt et le totalitarisme, Camus et la culture en France, Jean-Paul II et l’ère post-soviétique. Cela offre une profondeur philosophique aux analyses. C’est une bonne histoire des courants de pensée du siècle.

Pierre Grosser, Complexes, 1999. C’est un livre d’historiographie : comment l’histoire a-t-elle appréhendé la Seconde Guerre mondiale, quels concepts a-t-elle mise au point. C’est un ouvrage pour aller plus loin.

Les ouvrages qui suivent sont des références fiables. Les titres en disent assez long et ont été classés chronologiquement selon leur thème.

 André Kaspi, , 1607 – 1945, « Points Histoire », Seuil, 1986.

Pierre Verley, Armand Colin, 2008.

Dominique Kalifa, La Découverte, 2001.

Fabrice Abbad, « Cursus », Armand Colin, 1992.

Elika M’Bokolo, , Seuil, 1985.

Enzo Traverso, , La Découverte, 2011.

Stéphane Audouin-Rouzeau, Annette Becker, Gallimard, 2000.

Arnold Joseph Toynbee, Payot et Rivages, 2004.

Saul Friedländer, 2 tomes, Seuil, 2008.

 Nicolas Werth, « Tempus », PUF, 2008.

George-Henri Soutou, , Hachette Pluriel, 2011.

François Fejtö, , « Points Histoire », Seuil, 1979.

Bernard Droz, , Découvertes Gallimard, 2009.

Marie-Thérèse Bitsch, Histoire de la construction européenne de 1945 à nos jours
Bruxelles, Complexe, 2008.

Pierre Rosanvallon, Gallimard, 2010.

Nous ne vous demandons pas de tout connaître pour la rentrée. Plus le concours approche, plus le temps s’accélère : plus vous en lirez, plus vous gagnerez du temps pour la suite. N’oubliez pas de garder une trace écrite de vos lectures, sous forme de fiche. Lire sans prendre de notes peut être agréable mais c’est une perte de temps. Une fiche doit être limpide et agréable, sinon vous n’aurez pas envie de l’apprendre. N’hésitez pas à avoir recours à un code de couleurs.

2.  Culture générale

En Culture Générale ne faites pas l’impasse sur l’actualité. Les IEP ont la réputation par exemple de laisser la part belle à la culture générale dans l’épreuve de Questions Contemporaines

Que ce soit en épreuve de Questions Contemporaines, en épreuve de Composition sur un thème d’actualité ou toute autre épreuve de culture générale, mieux vaut être au fait des derniers temps forts du monde !

Politique, religion, économie, santé, société, art, sport… Soyez sûrs que vous serez confrontés à plusieurs de ces sujets pendant vos concours !

La meilleure solution pour vous constituer une bonne culture générale reste la lecture de la presse quotidienne ET mensuelle, qui vous proposeront des angles différents sur l’actualité.

Voici quelques idées de QUOTIDIENS de Presse Nationale : Le Monde, Le Figaro, Les Echos, Libération, La Tribune.

Voici quelques MENSUELS d’actualité : Courrier International, Nouvel Obs, Marianne, Le Point, L’Express.

 En Économie : Alternatives Economiques, Challenges

Philosophie/Société : Philosophie Magazine, Sciences Humaines, Respect, Cité, Le Débat

Arts/Culture : Technikart, Campus Culture, Beaux-arts Magazine, Transfuge, l’Eléphant


Vous pouvez aussi compléter leurs lectures par des ouvrages dédiés à la culture générale :

, Emile ou de l’éducation, Coll. G.F., Éditions Flammarion, 1966

Critique de la faculté de juger, Du goût comme une sorte de consensus communis, § 40, Librairie philosophique Jean Vrin, 1968 ; Opuscules sur l’histoire, Conjectures sur les débuts de l’histoire humaine, Coll. G.F., Éditions Flammarion, 1990

, Textes pédagogiques, Discours du gymnase, Éditions Vrin, 1978

, La distinction, 1979, Éditions de Minuit

, La défaite de la pensée, Éditions Gallimard, 1989

Et de nombreux autres disponibles en téléchargement libre, sur notre BLOG, dans notre rubrique : BOUTIQUE

N’oubliez pas aussi que l’histoire tout comme la culture générale n’existe pas que dans les livres. Pour vous mettre dans l’ambiance, vous pouvez aussi écouter les podcasts des émissions d’histoire et de culture de France Inter et France Culture, regarder sur Youtube les émissions « le dessous des cartes » qui offrent des rétrospectives géopolitiques intéressantes ou encore regarder des films d’époque ( de Chaplin, d’Abel Ganz ou de Kubrick pour en citer quelques-uns) ou lire des auteurs des XIXe et XXe siècles (Turgenev, Zola, Zweig, Céline, Fitzgerald, Woolf, Camus, Duras…)

  

3.  La règle à respecter

Commencez par choisir les ouvrages selon vos goûts : un livre dont le thème vous intéresse ou bien au contraire, un livre qui évoque un thème sur lequel vous ne connaissez rien. Pour vous aider, il a été sélectionné des titres de « valeurs sûres » pour que vous ne perdiez pas votre temps avec des ouvrages peu appréciés dans ces types de concours.

Cet été, nous vous souhaitons donc de prendre du plaisir à augmenter de la sorte votre culture générale en histoire.

Bon courage et bonne lecture…