La définition du terme #numérique, tout comme celui de #secret que nous avons traité il y a quelques jours, sera primordial pour préparer ce thème lors du concours commun de sciences Po 2019… Le numérique est un mot qui est passé rapidement dans notre vocabulaire. Mais que désigne-t-il à proprement parler ? Comment comprendre et définir ce terme, ce phénomène qui semble destiné à transformer notre quotidien ? voici donc une ébauche de définitions ou de concepts liés au terme du « NUMÉRIQUE »…

Les dictionnaires restent un peu perplexes devant le numérique. Leurs définitions ne renvoient souvent qu’à l’aspect étymologique et technique : un secteur associé au calcul, au nombre et surtout aux dispositifs opposés à l’analogique. Dans le sens que nous devons lui donner pour le thème QC IEP, le numérique désigne bien autre chose. C’est pourquoi la question de sa définition mérite d’être posée, car elle soulève une difficulté particulière. Une difficulté à la fois épistémologique, institutionnelle et sociale, voire économique et politique, mais qui permet précisément de cerner la complexité du numérique dans son déploiement actuel.

Selon

Numérique est relatif au nombre ou qui est évalué en nombre. En informatique, il désigne la représentation d’informations ou de grandeurs physiques par des nombres (digital) mais il désigne aussi le dispositif qui utilise ce mode de représentation (digital).

Selon Wikipédia

On dit numérique une information qui se présente sous forme de nombres associés à une indication de la grandeur à laquelle ils s’appliquent, permettant les calculs, les statistiques, la vérification des modèles mathématiques. Le calcul numérique se fait sur ces nombres, par opposition au calcul algébrique, qui se fait sur des variables désignées par un symbole.

L’adjectif « numérique » vient du latin «  » (« nombre », « multitude ») et signifie « représentation par nombres ». On oppose ainsi le calcul numérique (l’arithmétique) au calcul littéral (par lettres, ou algèbre) et au calcul analogique. Devenu substantif, « numérique » désigne maintenant les technologies de l’information et de la communication, et « numérisation », le basculement des spécialités vers ces technologies. Cet usage est spécifique au français, la presque totalité des autres langues utilisent le mot « digital ».

Étymologie : «qui a rapport aux nombres, qui appartient aux nombres»

Synonymes : discret, numéral

 

Quelques expressions
  • Art numérique

On désigne par « art numérique » tout art réalisé à l’aide de dispositifs numériques, ordinateurs, interfaces et réseaux. Cette définition reste technique et générique. Elle englobe les multiples appellations désignant des genres particuliers de l’art numérique, comme l’art virtuel, l’art en réseau, le cyberart, etc. Historiquement, elle succède, sans les rendre obsolètes, aux appellations précédentes d’« art à l’ordinateur » et d’« art informatique », toutes deux confondues dans les expressions ou encore « art électronique ». Alors que la première appellation insistait sur la machine « ordinateur », la seconde faisait plutôt référence à la science en plein développement sous-tendant cette technologie : l’informatique (). Cette dernière met l’accent sur l’extension de la technologie numérique à la quasi-totalité des activités techniques humaines. Il n’y a toutefois pas de contradiction entre ces trois termes. Entre les œuvres à l’ordinateur des années 1960 et les œuvres numériques du début du XXI siècle, on ne relève pas de différence radicale, mais l’évolution de la technologie a contribué à la naissance de nouveaux types d’œuvres et de nouveaux modes de réception artistique.

  • Culture numérique

Le mot « numérique » est « en train de devenir un mot passe-partout qui sert à définir un ensemble de pratiques qui caractérisent notre quotidien et dont nous avons peut-être encore du mal à saisir la spécificité ». Gérard Berry, constatant que le mot « numérique » a supplanté le mot « informatique » dans le discours politique et dans les médias, estime que pourtant « on ne peut comprendre le monde numérique dans sa totalité sans comprendre suffisamment ce qu’est son cœur informatique ».

 

1. L’humanisme numérique

Les humanités numériques sont un domaine de recherche des sciences humaines et sociales tirant profit des outils et services numériques (quantitatifs et informatiques).

La définition du numérique pourrait se rapprocher d’abords de la notion d’humanisme numérique, en partie à cause de sa fluidité et de son ancrage historique (son inscription dans la longue durée) car sa définition doit être capable de nous permettre de mieux apprécier la transformation culturelle induite par le numérique.

Sa définition reflète le fait que le numérique, par sa nature même, opère des ruptures dans une continuité apparente, portant sur des valeurs, des objets et des pratiques culturelles, nous offrant ce qui semble de simples reprises ou de modestes modifications ou transpositions de formes ou de formats (le cas du livre imprimé est ici exemplaire de cette propriété du numérique à doubler, au moins dans un premier temps, tout ce qu’il convertit). Cette conversion continue et, en raison de la socialisation des pratiques numériques, émane en grande partie du statut complexe du code informatique dans l’état actuel de notre civilisation.

Le code, agent et vecteur de cette nouvelle civilisation, constitue une rupture avec certaines de nos pratiques lettrées ; il fragilise radicalement nos traditions juridiques, nos modèles économiques et notre rapport avec l’écriture et tout ce qu’elle a autorisé et rendu possible.

L’humanisme numérique est, dans ce contexte, un effort pour penser la transformation culturelle du calcul et de l’informatique en général en ce que l’on a choisi de désigner en français par le nom de « numérique ». C’est dire qu’il se démarque nettement des ambitions d’une « science » du net, comme la Web Science ou d’une science de la culture (comme celle formulée jadis par les néo-kantiens et leurs héritiers et aujourd’hui par certains tenants d’une sémantique généralisée et largement confortée par le formalisme inhérent à l’informatique actuelle) dont le projet consisterait à formaliser et à saisir, par le calcul informatique et ses abstractions, les gestes et les vécus culturels de nos sociétés. Car l’informatique a cette propriété d’encourager (pour ne pas dire de forcer) le passage et l’expression de toute activité en ses propres termes. Une tendance qui accompagne et éclaircit son histoire. C’est l’une des raisons pour lesquelles il faut revisiter et relire les textes fondateurs de l’informatique afin d’en dégager les spécificités et surtout de montrer leurs valorisations culturelles au-delà des usages qui en ont été faits par les sciences dites dures.

 

2. Informatique et numérique

Un autre aspect de sa définition consisterait à reprendre la distinction entre informatique et numérique. Pourquoi ? Parce qu’elle nous invite à évaluer à la fois l’évolution de nos rapports avec cet invisible du numérique qu’est souvent le code, et en même temps à localiser les confrontations valorisantes entre les conventions socio-politiques et les contraintes introduites par l’informatique dans l’ordre social. Ensuite, parce qu’elle saisit une spécificité parfois oubliée de l’informatique. Si l’informatique a commencé comme une branche des mathématiques, elle a rapidement trouvé son autonomie et son statut de nouvelle science à part entière. Puis, chose relativement rare dans l’histoire des sciences, elle s’est transformée en industrie (il n’y a, historiquement, que la chimie qui ait réussi une telle mutation et, de nos jours, la biologie et les sciences du vivant, mais la dimension industrielle des sciences du vivant est de plus en plus indissociable de l’informatique).

Fait unique, elle est également devenue, depuis au moins une vingtaine d’années, une culture. Et c’est bien cette spécificité culturelle, cette orientation sociale qui caractérise et en fin de compte définit en quelque sorte le numérique. Mais, bien plus qu’une simple association avec une notion vague de la culture, le numérique nous montre quelque chose d’essentiel et qui a été occulté : la culture est avant tout partage. Sans partage il ne peut y avoir de culture, peu importe la définition qu’on en donne. Partage du patrimoine et de l’histoire, partage du savoir et du savoir-vivre, et finalement, partage des moyens de production et transmission de ces expériences et de ces savoirs.

 

3. Numérique et société

Le numérique, nous invite à nous interroger sur ces questions touchant à la fois aux individus et au collectif, mais également sur d’autres aspects globaux car il est devenu indissociable de presque toutes les activités humaines, du moins dans les sociétés occidentales. Ainsi, on retrouve les questions éthiques, les problèmes écologiques (les matériaux utilisés dans la fabrication des outils et gadgets, les Data Centers et leurs effets sur l’environnement, etc.). Mais on est également confronté à des difficultés juridiques (par exemple, notre gestion de la propriété intellectuelle), économiques (pour tout ce qui concerne la notion même de propriété, fragilisée dans sa version traditionnelle et consacrée par la nature même du code et de l’objet numérique), à de nouvelles réalités politiques (Wikileaks entre autres et l’activisme hacker, le vote électronique et les difficultés qu’il soulève, le rôle des réseaux sociaux dans les campagnes électorales, etc.), historiques (dans nos rapports avec le patrimoine, l’héritage en voie de numérisation et sa différence avec le numérique lui-même) et sociales (l’émergence des villes intelligentes, pour s’en tenir à un seul exemple impliquant l’aménagement du territoire et les compétences spatiales des citoyens.