Professeur, philosophe ou encore journaliste, Émile Chartier a inspiré de nombreux esprits comme: Raymond Aron (sociologue et philosophe), Georges Canguilhem (philosophe, médecin et historien) et Simone Weil (femme politique et académicienne française). Lui-même inspiré par Descartes et Auguste Comte, il prônait le cartésianisme et niait l’existence de l’inconscient de la philosophie freudienne. Athée, il était néanmoins respectueux du caractère universel de la religion. Alain, dont la vie coïncide presque avec la IIIe république, est un radical au sens de la fidélité aux idées ayant fondé la République. C’est grâce à elle, qu’issu du peuple, il a pu développer son génie et rejoindre l’élite intellectuelle.

 

  1. Biographie

Alain, de son vrai nom Émile-Auguste Chartier est un philosophe, journaliste et essayiste français.  Fils de vétérinaire, il suit des études à l’Ecole Normale Supérieure. Il passe ensuite une agrégation de philosophie. Il enseignera toute sa vie à Pontivy, Lorient, Rouen et pour finir, Paris.

A partir de 1903, il publie dans la dépêche de Rouen, ce qui deviendra les célèbres « Propos » (courts articles, inspirés par des événements de la vie de tous les jours, au style concis et aux formules séduisantes), qu’il intitule « Propos du dimanche », puis « Propos du lundi », avant de passer à la forme du Propos quotidien. Plus de 3000 de ces « Propos » paraîtront de février 1906 à septembre 1914.

C’est loin des filières techniques, qu’Alain débute sa vie professionnelle. En effet, en 1903, il embrasse tout d’abord une carrière de journaliste au sein de « La Dépêche de Rouen et de Normandie ». Il est à son aise dans ce métier qui lui permet de laisser libre cours à son imagination et de s’exprimer librement. C’est sous le pseudonyme d’Alain, qu’Émile Chartier signe ses articles. Seulement, l’influence que Jules Lagneau, son professeur de philosophie, exerce depuis quelques années sur le jeune homme, n’est pas moindre. Ainsi, il finit par se détourner, partiellement, du journalisme.

 

A l’approche de la guerre, il milite pour le pacifisme mais, en 1914, il s’engage comme deuxième classe et devient artilleur.

Il est démobilisé après avoir eu un pied broyé. Ayant vu de près les atrocités de la Grande Guerre, il publie en 1921 son célèbre pamphlet « Mars ou la guerre jugée ». Sur le plan politique, il s’engage aux côtés du mouvement radical en faveur d’une république libérale strictement contrôlée par le peuple.

A la fin des années 30, il rejoint le parti radical et s’engage dans la lutte contre la montée du fascisme. Craignant l’approche d’une nouvelle guerre, il anime avec le physicien Paul Langevin et l’anthropologue Paul Rivet, le « Comité de vigilance des intellectuels antifascistes.  En 1936, il fait une attaque cérébrale qui le laissera en fauteuil roulant.

Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise (division 94) à Paris.

 

2.   Son genre littéraire

Alain met au point à partir de 1906 le genre littéraire qui le caractérise, les « Propos ». Ce sont de courts articles, inspirés par des événements de la vie de tous les jours, au style concis et aux formules séduisantes, qui couvrent presque tous les domaines. Cette forme appréciée du grand public a cependant pu détourner certains critiques d’une étude approfondie de son œuvre philosophique. Ses maîtres à penser furent Platon, Descartes, Spinoza, Kant et Auguste Comte. Humaniste cartésien, il est un « éveilleur d’esprit », passionné de liberté, qui ne propose pas un système ou une école philosophique mais apprend à se méfier des idées toutes faites. Pour lui, la capacité de jugement que donne la perception doit être en prise directe avec la réalité du monde et non bâtie à partir d’un système théorique.

  1. Alain et la religion, la philosophie

Alain perd la foi au collège sans en ressentir de crise spirituelle. Bien qu’il ne croît pas en Dieu et soit anticlérical, il respecte l’esprit de la religion. Il est même attiré par les phénomènes religieux qu’il analyse avec beaucoup de pertinence. Dans « Propos sur la religion » et « Propos sur le bonheur » on sent transparaître, un peu comme chez Auguste Comte, une certaine fascination pour l’Evangile dans lequel il voit un beau poème et pour le catholicisme qu’il perçoit, en en reprenant l’étymologie, comme un « accord universel ».

La philosophie prônée par Alain désigne plutôt une méthode intellectuelle permettant de soumettre le réel et l’existence à l’ordre de la réflexion et de la pensée rationnelle sans préjugé.

 

  1. Principales œuvres
  • La théorie de la connaissance des Stoïciens (1891, publié en 1964)
  • Spinoza (1900)
  • Les Cent un Propos d’Alain (2ème série) (1910)
  • Propos d’un Normand (1912)
  • Eléments de philosophie (1916)
  • Quatre-vingt-un Chapitres sur l’esprit et les passions (1917)
  • Petit Traité d’Harmonie pour les aveugles (en braille, 1918)
  • Mars ou la guerre jugée (1921)
  • Propos sur l’esthétique (1923)
  • Propos sur les pouvoirs – Eléments d’une doctrine radicale (1925)
  • Sentiments, passions et signes (1926)
  • Le citoyen contre les pouvoirs (1926)
  • Les idées et les âges (1927)
  • Propos sur le bonheur (1928)
  • Propos sur l’éducation (1932)
  • Propos de littérature (1934)
  • Propos de politique (1934)
  • Propos d’économique (1935)
  • Souvenirs de guerre (1937)
  • Les Saisons de l’esprit (1937)
  • Propos sur la religion (1938)
  • Eléments de philosophie (1940)
  • Vigile de l’esprit (1942)
  • Préliminaires à la mythologie (1943).