Dans un premier article, nous avions passé en revue les avancées et les communiqués que l’OTAN avait énoncées lors du dernier Sommet de Varsovie au travers la volonté des chefs d’État et de gouvernement participant à cette réunion du Conseil de l’Atlantique Nord tenue les 8 et 9 juillet 2016. Si le premier article était orienté sur les orientations prises face à la crise avec la Russie et les pays de l’Est, ici nous nous intéresserons au pays du Proche-Orient, Moyen-Orient et Afrique mais également un point sur ses opérations.

  • Les crises et l’instabilité qui persistent dans toute la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, en particulier en Syrie, en Iraq et en Libye, ainsi que la menace que font peser le terrorisme et l’extrémisme violent dans la région et au-delà, démontrent que la sécurité de la région a des incidences directes sur la sécurité de l’OTAN.
  • Outre les conflits qui se propagent à partir d’États défaillants ou faillis, le terrorisme et l’extrémisme violent, l’organisation est confrontée à d’autres menaces et défis de sécurité transnationaux communs, notamment le trafic des armes légères et de petit calibre, la prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs, et les menaces pesant sur la sûreté maritime et les approvisionnements énergétiques.
  • Des réseaux de trafiquants profitent de cette situation, aux dépens des personnes déplacées. La paix et la stabilité dans cette région sont essentielles pour l’Alliance.
  • L’OTAN souhaite adapter sa posture de défense et de dissuasion de manière à répondre aux menaces et aux défis, y compris ceux qui émanent du sud. Dans le même temps, elle veut continuer de s’appuyer sur son réseau de sécurité coopérative pour renforcer le dialogue politique, pour favoriser des relations constructives dans la région et pour accroître notre soutien aux partenaires par la coopération pratique ainsi que par le renforcement des capacités de défense et la gestion de crise.
  • L’OTAN reste préoccupée et vigilante face à la crise actuelle en Syrie, qui a des incidences directes sur la stabilité régionale et sur la sécurité de la frontière sud-est de l’OTAN. La dynamique de ce conflit – y compris le terrorisme et l’extrémisme violent sous toutes leurs formes et dans toutes leurs manifestations, la tragédie humaine qu’il a provoquée et le flux massif de migrants – engendre des défis et des menaces pour la stabilité, la sécurité et la prospérité à l’échelle internationale. L’organisation réaffirme donc son engagement et sa détermination sans réserve à défendre son territoire et ses frontières contre toute menace et de faire face aux défis découlant du conflit en Syrie.
  • L’organisation condamne la violence qui frappe indistinctement, sous toutes ses formes, les populations et les infrastructures civiles mais aussi la campagne incessante de bombardements aveugles, y compris l’utilisation d’armes incendiaires, et la violence du régime de Bachar al-Assad et de ses partisans, qui prennent délibérément pour cible les populations et les infrastructures civiles.
  • Dans la même optique, l’OTAN condamne en outre la violence aveugle à l’encontre des civils, en particulier celle dont usent l’EIIL/Daech, le Front Al-Nosra et d’autres groupes qualifiés d’organisations terroristes par l’ONU.
  • Les chefs d’états appellent le régime syrien à se conformer pleinement aux dispositions de toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l’ONU et à prendre immédiatement des mesures en vue d’une véritable transition politique conformément à la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l’ONU et au Communiqué de Genève du 30 juin 2012.
  • L’organisation considère que la stabilité et la sécurité ne sauraient être rétablies en Syrie sans une véritable transition politique vers un nouveau pouvoir, qui soit représentatif, sur la base d’un processus politique inclusif et dirigé par les Syriens. À cet égard, elle soutient le processus politique conduit sous les auspices de l’ONU, ainsi que les efforts du Groupe international de soutien pour la Syrie à l’appui de ce processus.
  • Elle demande la mise en œuvre intégrale des dispositions de la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l’ONU relatives à l’aide humanitaire, ainsi que de l’accord sur la cessation des hostilités tout en condamnant fermement les violations de cet accord, en particulier celles commises par le régime et ses partisans. Ces violations entravent considérablement le processus politique.
  • Concernant l’Iraq, l’OTAN soutient les efforts que réalise ce pays pour mettre en place des institutions qui puissent rétablir la stabilité et la sécurité dans le pays et salue les résultats obtenus à ce jour par les forces de sécurité iraquiennes, qui ont réussi à repousser l’EIIL/Daech et à lui reprendre des territoires clés. La participation de tous les Iraquiens, au travers de la réconciliation nationale et d’une gouvernance inclusive, est d’une importance cruciale. Les autorités iraquiennes doivent continuer à mettre en œuvre des politiques permettant de dépasser les clivages ethniques, confessionnels et religieux et d’assurer la représentation de tous dans l’ensemble des institutions gouvernementales, ainsi qu’à développer les forces de sécurité du pays.
  • En Lybie, les développements politiques intervenus depuis décembre 2015, l’action de l’ONU et les efforts dirigés par les Libyens, qui ont conduit à l’accord politique libyen ont été remarqué et l’OTAN reconnait le gouvernement d’entente nationale comme le seul gouvernement légitime de la Libye.
  • L’OTAN encourage la pleine mise en œuvre de l’accord politique et exprime son soutien aux efforts du premier ministre et président du Conseil de la présidence en faveur d’un processus politique inclusif visant à promouvoir la réconciliation nationale, et à établir ainsi des structures étatiques qui fonctionnent. Ces efforts marquent une étape importante dans le renforcement de la transition démocratique du pays. L’unification de toutes les forces libyennes sous l’autorité du Conseil de la présidence sera déterminante s’agissant de la capacité de la Libye à lutter contre le terrorisme.
  • Les actes terroristes ainsi que le trafic d’armes et de stupéfiants et la traite des êtres humains dans toute la région du Sahel/Sahara continuent de menacer la sécurité régionale et sa propre sécurité. Ainsi l’organisation a salué l’action de l’ONU et de l’UE, et souligne l’importance d’un engagement ferme de la communauté internationale à faire face aux défis complexes que connaît la région sur le plan politique et sur le plan de la sécurité.
  • S’agissant du Mali, elle se félicite de l’entérinement de l’accord de paix, des mesures prises en vue de sa mise en œuvre, et du soutien de la communauté internationale en faveur de la stabilisation du pays. Elle salue également l’engagement militaire solide de pays de l’Alliance dans la région du Sahel/Sahara, à l’appui de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des pays de la région, et au service de la sécurité de l’Alliance.
  • L’OTAN encourage aussi l’action que mènent des partenaires africains pour approfondir la coopération régionale afin de faire face aux problèmes de sécurité dans le Sahel.

Au niveau des opérations qu’elle mène, dans une déclaration distincte publiée, conjointement avec l’Afghanistan et des partenaires d’opération de la mission Resolute Support, elle a réaffirmé son engagement mutuel à garantir la sécurité et la stabilité à long terme en Afghanistan.

L’OTAN et ses partenaires d’opération se sont engagés à maintenir la mission Resolute Support au-delà de 2016 au travers d’un modèle régional souple, afin de :

  • Continuer d’offrir formation, conseil et assistance aux institutions et aux forces de sécurité afghanes,
  • À continuer de fournir des contributions nationales pour le soutien financier dans la durée des forces de défense et de sécurité nationales afghanes, et ce jusqu’à la fin 2020,
  • Et à renforcer et à améliorer le partenariat durable à long terme.

Son objectif, tout comme celui du reste de la communauté internationale, demeure un Afghanistan qui ne redevienne jamais un sanctuaire pour les terroristes, ni une menace pour sa sécurité, et un Afghanistan capable d’assumer sa sécurité, sa gouvernance, et son développement économique et social, tout en assurant, pour l’ensemble de ses citoyens, le respect des droits de l’homme, et notamment des droits des femmes et des enfants.

Des relations de bon voisinage, et une coopération et un soutien régionaux en faveur d’un Afghanistan sûr et stable, demeurent essentiels. La région et la communauté internationale dans son ensemble doivent respecter et soutenir un tel processus et son résultat.

Conformément à la résolution 1244 du Conseil de sécurité de l’ONU, la Force pour le Kosovo dirigée par l’OTAN (KFOR) continuera de contribuer à un environnement sûr et sécurisé et à la liberté de circulation au Kosovo, en coopération étroite avec les autorités du Kosovo et l’Union européenne. Alors que des progrès sont accomplis grâce au dialogue entre Belgrade et Pristina facilité par l’Union européenne, les conditions de sécurité au Kosovo restent relativement stables, même si des défis subsistent. Les changements apportés à la présence de nos troupes resteront soumis au respect de conditions et non d’un calendrier.

Par ailleurs, l’Alliance continuera d’appuyer le développement des organisations de sécurité au Kosovo, y compris par l’intermédiaire de l’équipe de conseillers de l’OTAN sur le terrain et en conformité avec les décisions des Alliés, et elle gardera à l’examen la question de la nature d’un soutien complémentaire.

La demande du Kosovo, qui voudrait renforcer ses relations avec l’OTAN, est entendue une réponse sur les possibilités de développer plus avant son soutien lui sera donnée en 2017.

L’OTAN a apporté une contribution importante à l’action internationale de lutte contre la piraterie au large des côtes de la Somalie, au travers de l’opération Ocean Shield, qui a atteint ses objectifs militaires stratégiques. Le dernier acte de piraterie réussi dans l’océan Indien remonte à mai 2012. Bien qu’elle a décidé de mettre un terme à l’opération fin 2016, l’OTAN restera engagée dans la lutte contre la piraterie, en maintenant sa connaissance de la situation maritime et en continuant d’entretenir des liens étroits avec d’autres acteurs de la lutte internationale contre la piraterie.

L’organisation a transformé Active Endeavour, l’opération maritime menée en Méditerranée au titre de l’article 5 et qui a contribué à la lutte contre le terrorisme, en une opération de sûreté maritime ne relevant pas de l’article 5, par l’opération Sea Guardian, qui reste à même d’accomplir l’ensemble des tâches propres aux opérations maritimes, selon les besoins.

À la suite des décisions adoptées en février 2016 par les ministres de la Défense, les pays de l’Alliance ont rapidement contribué, par la mise à disposition de moyens maritimes, aux efforts déployés à l’échelon international pour endiguer les flux migratoires irréguliers en mer Égée, dans le contexte de la crise des réfugiés et des migrants. L’action de l’OTAN apporte une valeur ajoutée en ce qu’elle permet de fournir à la Turquie, à la Grèce ainsi qu’à Frontex, l’Agence européenne pour la gestion des frontières, des informations en temps réel sur les flux migratoires irréguliers. Cette activité est menée en coopération avec les autorités nationales concernées et par l’établissement de liens directs entre le Commandement maritime allié et Frontex au niveau opératif.

L’OTAN a donné son accord de principe à un éventuel rôle pour elle en Méditerranée centrale afin de venir compléter et/ou, sur demande de l’Union européenne, soutenir, comme il conviendra, l’opération Sophia de l’Union européenne par la mise à disposition d’un ensemble de capacités, y compris de renseignement, de surveillance et de reconnaissance, et par la fourniture d’un soutien logistique ; par une contribution au développement des capacités des garde-côtes et de la marine de la Libye, si les autorités libyennes légitimes et/ou l’UE en font la demande.

Avec l’Irak, elle réaffirme son attachement à un partenariat à long terme ainsi que sa volonté d’aider le pays au travers de l’initiative de renforcement des capacités de défense et des capacités de sécurité s’y rapportant (DCB). L’OTAN reste déterminée à renforcer les forces et les institutions de défense irakiennes au travers des mesures d’assistance en matière de renforcement des capacités de défense agréées en août 2015, à la demande de l’Irak.

Dans le cadre des activités DCB actuellement mises en œuvre en Jordanie, lesquelles comprennent la lutte contre les engins explosifs improvisés, la neutralisation des explosifs et munitions et le déminage, ainsi que la planification civilo-militaire et les conseils concernant la réforme du secteur de la sécurité en Irak, l’OTAN dispense des formations aux Irakiens dans certains domaines.

Ainsi elle a décidé de répondre favorablement à la demande adressée le 5 mai 2016 par le premier ministre irakien, et reste d’accord pour dispenser sur place, dans les domaines agréés, des formations OTAN aux forces militaires et de sécurité irakienne, et notamment pour continuer, dans le cadre du programme DCB, de soutenir le renforcement des capacités institutionnelles, afin de contribuer à des structures et des politiques efficaces et efficientes, permettant d’assurer, sur le moyen et le long terme, le développement de la capacité de formation de l’Irak. Cette activité de l’OTAN en Irak continuera d’être menée de telle manière que soient garanties complémentarité et valeur ajoutée, appropriation au niveau local, soutenabilité et priorisation, cohérence globale et coopération sur mesure.

Conscients de la menace que l’EIIL/Daech fait peser sur les pays et les populations, l‘alliance a donné son accord de principe pour renforcer la contribution de l’Alliance à l’action de la coalition mondiale contre l’EIIL par un soutien direct des AWACS de l’OTAN, afin que la coalition ait une meilleure connaissance de la situation.

Enfin lors de ce sommet l’OTAN est disposée à fournir des conseils à la Libye dans le domaine de la mise en place d’institutions de défense et de sécurité, à la demande du gouvernement d’entente nationale, et à instaurer un partenariat de longue durée, qui pourrait donner lieu à une participation de ce pays au Dialogue méditerranéen, lequel constituerait un cadre naturel pour une coopération.

Toute aide de l’OTAN à la Libye serait fournie en totale complémentarité et en étroite coordination avec d’autres actions internationales, dont celles de l’ONU et de l’UE.

A bientôt

Source : Communiqué officiel du Sommet de Varsovie publié par les chefs d’État et de gouvernement de l’OTAN.