Nous approfondissons encore ce sujet après un article du 6 juillet 2016 dédié aux spécificités de ce conflit et une vidéo du 8 octobre 2016 expliquant la genèse de ce conflit.
Alors que la situation en Syrie est souvent présentée comme si chaotique qu’on ne saurait même plus l’expliquer, plusieurs livres permettent d’en saisir les enjeux. Le recueil d’articles précis, détaillés de Yassin Al-Haj Saleh en est un bon exemple. L’auteur a passé seize ans dans les prisons syriennes sous Hafez Al-Assad pour appartenance au Parti Communiste, et vit aujourd’hui en Turquie, après avoir gagné la clandestinité pendant le soulèvement. Il pose sur le processus en cours le regard d’un militant. Le premier texte (2011), « La révolution des gens ordinaires », célèbre . Plus tard, il va décrire avec des accents bien plus sombres l’origine et le rôle des (miliciens), qui représentent selon lui et dont la grossièreté serait un moyen de briser symboliquement la dignité dont les manifestants se sont réclamés au premier jour.
À côté de ces ouvrages militants, les travaux des chercheurs ne sont pas en reste. Un premier livre collectif paru en 2013 avait abordé les raisons démographiques et économiques de la colère, entre exode rural et désengagement de l’État social (Samir Aïta), tandis que Nicolas Dot-Pouillard, lui, sondait l’impact de la crise sur les gauches dans le monde arabe. Plus récente, une enquête de terrain commencée avec le soulèvement et nourrie par de nombreux entretiens permet d’analyser des thématiques inédites : la création de nouveaux marchés régionaux, la naissance d’institutions et la mise en place de systèmes de taxes par les rebelles, ou encore les usages du Dans cette publication, ce sont les engrenages en cours qui sont traités plus que les raisons initiales du soulèvement.
Ces essais rappellent avec clarté que le conflit n’est pas sous-tendu uniquement par le fait religieux tout en éclairant la dynamique confessionnelle.