Des années déjà que Émile Zola trône en roi dans les sujets de dissertation au bac. Mais est-ce vraiment une idée lumineuse ? Nous décortiquons ici l’idée de la présence de Zola au cœur des épreuves littéraires.
L’introduction des œuvres d’Émile Zola dans les sujets de dissertation du bac
Émile Zola, figure incontournable de la littérature française, voit ses œuvres régulièrement incluses dans les sujets de dissertation du bac. Ce choix est justifié par l’immense richesse de son œuvre et l’influence qu’elle a exercée. Ses romans, notamment ceux de la série des Rougon-Macquart, offrent une palette d’analyses diverses, de la critique sociale à l’étude stylistique. Le naturalisme, mouvement littéraire que Zola a contribué à définir, permet aux élèves d’explorer la dimension scientifique et sociologique de la littérature. Mais au-delà de ça, Zola au bac, c’est aussi un vrai défi pour les lycéens d’aujourd’hui.
Les défis et les controverses : est-ce un choix pertinent ?
Choisir Zola relève du bon sens académique, mais ce choix ne fait pas que des heureux. Les œuvres de Zola, denses et parfois ardues, posent des défis considérables aux élèves, souvent peu familiers avec le contexte historique et social de l’époque. Certains soutiennent que la complexité de son écriture et la diversité de thèmes traités demandent une maturité intellectuelle difficilement atteignable à un si jeune âge.
Plusieurs études ont montré que seulement 20% des élèves se disaient à l’aise avec les textes de Zola. De plus, la profusion de thèmes abordés, allant de l’alcoolisme dans “L’Assommoir” à la grève dans “Germinal”, oblige les professeurs à consacrer un temps précieux à des explications de contexte, au détriment d’autres auteurs ou mouvements littéraires.
Dyslexie sociale et survoltage étudiant : les paradoxes de la modernité littéraire
Introduire Zola au bac crée des disparités flagrantes. La fameuse “dyslexie sociale” découle de l’inadéquation entre les attentes académiques et les réalités linguistiques des élèves. Les jeunes issus de milieux défavorisés peinent à saisir les subtilités des œuvres zolesques, amplifiant ainsi les inégalités scolaires. En résulte un survoltage étudiant généralisé, alimenté par un stress accumulé face à la complexité des textes imposés.
Pour remédier à ce déséquilibre, il serait judicieux d’alléger le programme ou d’introduire un panel plus vaste d’auteurs et de thématiques, permettant ainsi aux élèves de trouver des sujets plus en phase avec leur époque et leurs préoccupations. Inclure des auteurs contemporains, plus proches des réalités actuelles, ne diminuerait en rien la qualité intellectuelle de l’épreuve, mais pourrait au contraire enrichir l’expérience des candidats. Nous recommandons d’ailleurs fortement cette approche.
Pour conclure, tout en reconnaissant l’importance capitale des œuvres de Zola, il est essentiel de réfléchir à leur pertinence et à leur impact sur des élèves en pleine construction intellectuelle. Le débat reste ouvert, mais l’objectif doit rester le même : former des esprits critiques capables d’analyser la littérature tout en comprenant son contexte et ses implications.