Dans la plupart des concours, il n’est pas demandé de faire apparaître votre plan de manière apparente, dans le sens où les titres et sous-titres n’apparaitront pas. C’est pourquoi vous devez introduire chacune de vos parties par une phrase qui en rappelle l’enjeu et mettre en évidence cette phrase par un alinéa.
Ce que je vous conseille donc,est très clair : vous devez poser une idée que l’on nommera « directrice » en début de paragraphe (parfois aussi appelée « principale »), qui permettra au correcteur de percevoir le passage et la partie du plan dans lequel il va se trouver ». En conséquence, vous devrez absolument veiller à ce que vos paragraphes et leur articulation reflètent assez clairement votre annonce de plan décrite en introduction…
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Pourquoi soigner la rédaction des idées directrices ?
À défaut d’un plan apparent, les grandes idées directrices illustreront votre compréhension du dossier et seront les balises de votre devoir. Elles permettront au correcteur de suivre la progression du développement. Le correcteur doit pouvoir les repérer facilement pour évaluer la qualité de votre copie. Nous l’avons déjà dit, il arrive parfois que l’examinateur ne lise pas vos paragraphes dans leur intégralité ; ces phrases doivent donc ponctuer, rythmer et refléter clairement votre développement. Elles sont en conséquence particulièrement exposées.
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Comment rédiger ces grandes idées directrices ?
Passons maintenant à la partie concrète : leur construction. Pour englober toutes les idées développées dans votre partie, vous devez impérativement élargir le champ de ces idées sous peine de faire des phrases qui risquent d’exclure au mieux des éléments de convergence ou de divergence, au pire un ou plusieurs thèmes importants du paragraphe en question. Ces phrases-titres doivent donc rester génériques tout en développant les idées qui vont en découler.
Ne tombez pas dans le piège des résumés de chaque partie: vous devez toujours penser à « faire dialoguer » les parties de votre plan pour chercher au maximum la cohérence d’ensemble.
D’une façon générale, chaque partie de votre développement répondra au schéma suivant:
- idée directrice portant sur l’axe de développement de cette partie.
- « Pour X raison on peut penser que…, » ; « Y permet de dire que,., » ; « Surtout, Z prouve que cette thèse ou idée est recevable… ».
- Petite phrase de conclusion et/ou de transition.
Exemple concret : un des sujets du concours HEC il y a cinq ans était intitulé ainsi : À l’époque de la mondialisation, quel est l’avenir de l’idée de Nation ?
Voici les 3 principaux arguments qu’un candidat avait évoqués dans une seconde partie où il développait l’idée comment était devenu « le Monde en face des nations ».
Idée A. Au niveau des institutions politiques mondiales, la chute du Mur de Berlin et l’effondrement de l’empire soviétique ont fait passer le monde d’un système bipolaire, fondé sans doute sur l’« équilibre de la terreur », à un système unipolaire, fondé sur le caractère hégémonique de la puissance américaine, même si la montée de la Chine, de l’Inde et du Brésil amènent à penser qu’il ne s’agit peut-être que d’une situation transitoire. Toujours est-il qu’à l’Organisation des Nations Unies, ce sont bien des Nations qui délibèrent avec égalité de suffrage sous la réserve du statut privilégié des membres permanents du Conseil de sécurité.
Pour le domaine de la Défense, c’est l’OTAN, depuis la disparition du Pacte de Varsovie, qui reste l’organisation hégémonique. On sait le pouvoir des Etats-Unis et de leurs alliés les plus fidèles comme le Royaume-Uni, mais les États membres restent libres de leur intervention ; en effet, l’article 5 du Traité, s’il pose le principe d’assistance en cas d’attaque contre un pays membre, n’impose aucune automaticité puisqu’il laisse le choix des actions à mener. C’est dans ces conditions que la France a réintégré le commandement militaire intégré de l’OTAN sans renoncer à sa souveraineté nationale.
Idée B. Dans le domaine économique en revanche, la liberté d’action de chaque Nation est maintenant très encadrée. Si la création du GATT remonte à 1947, c’est à partir de 1980 sous l’ère Reagan et Thatcher qu’un libéralisme conquérant s’est développé, avec l’affirmation de la primauté du marché, de la confiance dans le seul libéralisme pour assurer le développement économique, et de l’exigence d’une concurrence libre et non faussée. Avec la transformation du GATT en OMC en 1994, la pensée unique économique est devenue maîtresse du monde, même si l’OMC a des ambitions dépassant le cadre économique.
On assiste ainsi à un abandon des prérogatives des États : l’OMC mettant en exergue le principe de la non-intervention de l’État dans l’économie, principe relayé au niveau de l’Union européenne, les États se trouvent devant une interdiction de fait de soutenir un secteur en difficulté ou de garder un secteur non concurrentiel. Beaucoup de Français s’inquiètent de la fin des « services publics à la française » qui connaissent des mutations de fond, ou dans le cadre de privatisations, ou dans celui de leur transfert aux collectivités territoriales. Enfin, la primauté de l’économique peut avoir pour conséquence une sorte de nivellement dans tous les domaines (modes de vie, alimentation, culture) ce qui conduirait, à terme, à l’effacement des particularismes nationaux ou régionaux.
Idée C. Quant à l’identification nationale, il convient d’accorder une mention particulière aux États issus de la décolonisation, notamment en Afrique. Leur caractère artificiel est bien connu, les frontières de la décolonisation étant celles de la colonisation, elles-mêmes souvent fruit du hasard. Or, il semble qu’une cinquantaine d’années d’histoire commune soit en train de donner à ces États le statut de Nations, comme le montre l’existence d’un réel patriotisme dans de nombreux États africains. Il en va tout autrement des pays de l’Est : on a vu avec la fin du bloc soviétique une fragmentation restaurant les anciennes nations avec leurs différences, voire leurs antagonismes séculaires. S’il y a sans doute à s’inquiéter de la montée de certains nationalismes sous des formes renvoyant aux pires excès du passé, il n’en reste pas moins que la Nation reste bien un critère d’identification fort en ce début de XXIe siècle.
Transition : En Europe occidentale, en revanche, c’est peut-être un nouveau modèle de supra-nation qui est en train d’apparaître…
Une fois ces 3 idées, que nous nommerons de « secondaires », développées, l’idée directrice doit synthétiser ces 3 idées en une seule tout en donnant un sens à l’idée directrice ainsi construite. C’est ici que la prise de hauteur est importante afin de ne pas retomber dans le niveau de détail des idées secondaires…
L’idée A évoque le fait que le monde s’est organisé en grandes organisations internationales dominées par les Etats-Unis mais qui n’ont pas pris le pas sur chaque nation les constituant.
L’idée B évoque le fait que dans le domaine politique, on est complètement dans la situation inverse. Puis l’idée C nous indique que finalement les particularités régionales influent sur l’idée d’une nation forte…
Voici donc la construction de notre idée directrice : synthèse de A + en considérant la synthèse de B + tout en prenant en compte la synthèse de C.
Idée directrice : Le monde actuel, dans un espace de plus en plus globalisé, fait pourtant face aux nations pour lesquelles l’hégémonie américaine au sein de grandes organisations internationales, n’interdit pas aux différentes nations une relative liberté d’action sur le plan politique, mais cette liberté d’action reste limitée sur le plan économique en raison d’un fort libéralisme et a pour conséquence de faire émerger des identifications nationales contrastées selon la géographie.
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Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire ?
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- Les oublier ou les formuler sous forme de phrases interrogatives.
- Autre écueil moins fréquent: l’idée directrice trop longue ou développée en plusieurs phrases. Croyant bien faire, le candidat développe l’idée à outrance et en oublie que les idées seront développées et qu’il faut aller à l’essentiel. Non seulement vous perdrez en efficacité, mais vous vous répéterez forcément.
- Faire une phrase trop succincte ou trop générique qui au final ne dit rien ! Imaginez votre idée directrice sans vos idées secondaires, elle doit être compréhensible à elle seule. Enfin, cette démarche lèse la qualité de votre devoir puisqu’elle souligne que vous êtes incapable de différencier l’essentiel du superflu.
- Enfin cette idée doit prendre en compte toutes les autres et ne pas délaisser certaines parties du paragraphe développé et croyez-moi, on le voit souvent…
Voilà vous savez désormais comment faire des idées directrices fortes et complètes, alors entrainez-vous avant le jour « J ».
A bientôt